mardi 18 juillet 2017

La production et la distribution de l'électricité aux Tramways Bruxellois, vers 1930 ^^

J'ai trouvé ce petit texte dans un ancien journal belge de 1930. Comme je l'ai trouvé "très actuel", je l'ai retranscrit ci-dessous.
 
"En y pensant, "le siècle de l'électricité" est également celui de la Paresse, puisqu'il nous dispense d'une multitude d'efforts physiques auxquels étaient astreints nos aïeux, et que nous remplaçons par les sports. Depuis l'humble bouton de sonnette qui appelle à notre table de travail des serviteurs attentifs, jusqu'à la T.S.F., toutes les applications de l'électricité nous convient à une semi-immobilité. On ne rend plus visite à ses amis, on leur téléphone. Les courriers ne sillonnent plus les routes, on télégraphie. On ne se donne plus la peine de remplir une lampe à huile ou à pétrole, on tourne un bouton. On ne va plus au concert: on l'écoute confortablement assis dans son fauteuil en écoutant un poste de T.S.F. Les ménagères voient s'ouvrir une ère paradisiaque: cuisine, nettoyage, lessive, repassage, tout se fait à l'électricité. Des machines géantes ont remplacé le travail manuel dans les industries. L'électricité nous éclaire, nous véhicule, nous chauffe et nous distrait."


Ce petit texte est l'occasion de présenter un aperçu rapide de la production et de la distribution de l'électricité aux Tramways Bruxellois. La première usine électrique est créée en 1894 rue Brogniez à Anderlecht. Les Tramways Bruxellois récupèrent ensuite les usines électriques des dépôts d'Ixelles et de Woluwe en 1899, après la reprise du réseau du chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael. Très vite, les Tramways Bruxellois décident d'électrifier toutes leurs lignes. Les usines existantes ne suffisent plus à alimenter le réseau. La décision est donc prise de construire une nouvelle usine, le long du canal, sur le quai Demets à Anderlecht.

Cette photo, digne du Far-West, a été prise lors du début des travaux de terrassement préalables à la construction de l'usine centrale.



L'usine est inaugurée le 27 juin 1903. Il s'agit d'une centrale à vapeur, la plus grande jamais construite sur le territoire bruxellois. L'usine est super moderne pour l'époque. Son approvisionnement en eau et en charbon est assuré par la proximité du canal. La grue géante que l'on voit sur la photo ci-dessous assurait le déchargement du charbon. Celui-ci était placé sur un tapis roulant qui l'emmenait dans les silos.



Le charbon était transporté par un système de tapis roulant et de godets jusqu'à la salle de chauffe, où les "chauffeurs" remplissent, jour et nuit, les foyers des 10 chaudières. Celles-ci produisent la vapeur nécessaire au bon fonctionnement des 5 moteurs qui, couplés à une immense turbo-dynamo, produisent l'électricité et envoient celle-ci vers les sous-stations de la rue Brogniez (n°1), du dépôt d'Ixelles (n°2) et de la rue Verte (n°3). 

Contrairement aux usines de la rue Brogniez et d'Ixelles, l'usine de Woluwe n'est pas reconvertie en sous-station après sa fermeture.

En 1913, une nouvelle sous-station, numérotée "4" est mise en service au 15 de la rue Demot à Etterbeek (près du parc du Cinquantenaire).

La sous-station de la rue Demot en 1922


La sous-station reçoit le courant alternatif à haute tension (6600 volts) produit par l'usine centrale. Sa fonction est de transformer ce courant alternatif en courant continu et de d'abaisser la tension à 600 volts. Pour cela, la station était équipée d'une machine tournante...

la machine tournante vers 1930


... qui est remplacée vers 1929/1930 par des redresseurs à vapeurs de mercure. Il s'agit de composants électriques utilisés pour redresser une tension ou un courant alternatif en courant continu.

les redresseurs à vapeur de mercure, vers 1930


La conversion des machines tournantes  en redresseurs à vapeur de mercure, opérée en 1929-1930, ne s'est pas faite en un jour. Les sous-stations ont du garder une partie des machines tournantes, le temps que les redresseurs à vapeur de mercure fassent leurs preuves et leurs maladies de jeunesse.

Avant la guerre il y avait 10 sous-stations et chaque sous-station avait son territoire d'alimentation et son personnel bien rodé. La mobilisation du personnel et les ponts détruits par les Alliées en 1940 sont les causes de la création du dispatching électrique dans la sous-station de la rue Demot. Au départ ce fut essentiellement un dispatching téléphonique avant de recevoir des synoptiques et des télécommandes. Ce premier Centre de Commande du Service Électrique (dispatching électrique) a été transféré en 1970 à la station Parc.

La sous-station de la rue Demot a été désaffectée au début des années 70 suite à la mise en service du pré-métro. Une partie a été reprise par Interbrabant pour y installer un poste de transformation 36.000V./11.000V. pour la STIB. L'autre partie est devenue le bureau de dessin du service électrique jusqu'à son transfert vers l'Atrium en 2009.

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