jeudi 6 décembre 2018

Le remorqueur à gaz de M. Stevens, décembre 1886 ^^

L'ancienne presse belge numérisée regorge de détails parfois oubliés des historiens traminots, vu que ces "petites histoires" ne sont pas relatées dans les rapports annuels des sociétés de transport concernées. Aujourd'hui, partons à la découverte du remorqueur à gaz de M. Stevens.


Nous pouvons ainsi lire, dans le "Journal de Bruxelles" du lundi 6 décembre 1886:

Un nouveau système de traction.


Mercredi soir (autrement dit, le 1er décembre 1886), à 10:15, les membres de la presse, quelques ingénieurs et constructeurs de machines, convoqués par M. Stevens pour assister à des expériences de traction au moyen de son appareil breveté, attendaient impatiemment l'inventeur dans la cour du Grand Hôtel. A 11:35 nous partons. A minuit, nous sommes de retour. Le parcours s'est effectué sans encombre avec des vitesses différentes allant au retour jusqu'à une marche de 12 à 14 kilomètres à l'heure. Peu ou pas de secousses, en dépit d'un système d'attache rudimentaire à l'excès et qui sera d'ailleurs modifié.

Le remorqueur offre l'aspect extérieur d'une voiture de tramway de grandes dimensions. Aucun mouvement n'est visible.

Le remorqueur Stevens, dans le "Globe Illustré", décembre 1886.


Le conducteur placé sur la plateforme a devant lui les leviers de mise en train et de changement de marche et le frein d'arrêt. Un seul homme suffit à la conduite du remorqueur. Des portes s'ouvrant sur les plateformes permettent de visiter l'intérieur, où se trouve un moteur à gaz système Koerting qui, par l'intermédiaire d'une courroie, d'engrenages et d'une chaîne Gall, met en mouvement les essieux. La combinaison des organes permet de modifier instantanément et à tout moment la vitesse de marche. La vitesse peur varier de 5 à 14 kilomètres par heure.On peut également renverser la marche à volonté. Le démarrage, l'accélération et le ralentissement de vitesse se produisent sans secousses.
Le moteur est alimenté par un mélange détonnant composé d'air et de gaz de naphte. Celui-ci est continuellement produit dans un petit appareil où l'huile de naphte est portée à la température d'évaporation. Une petite flamme amène les explosions du mélange détonnant. Un compteur mû par un mouvement d'horlogerie fournit régulièrement la quantité de gaz nécessaire à cette flamme.
L'installation est complétée par un refroidisseur permettant d'utiliser toujours la même eau pour le service du moteur à gaz dont le cylindre doit être constamment rafraîchi.
Le remorqueur étant muni de la quantité d'huile de naphte nécessaire pour la journée ne doit pas entrer au dépôt et peu sans interruption marcher toute la journée, les arrêts aux têtes de ligne suffisant au graissage et à l'inspection de l'appareil.
Le remorqueur actuel construit pour circuler sur les voies de niveau est muni d'une machine de 6 chevaux de force. M. Stevens pense qu'en ajoutant deux chevaux de force, son remorqueur gravirait les pentes les plus rudes.
L'appareil qu'il nous a présenté n'est qu'un appareil d'expérience susceptible de nombreuses modifications. Quand le moteur sera horizontal au lieu d'être vertical comme il l'est actuellement, quand un grand diable de refroidisseur fort lourd et mesurant près de deux mètres de hauteur sera de dimensions plus réduites, la voiture remorqueur sera mieux équilibrée et roulera avec beaucoup plus de douceur encore. Le mouvement provoqué par la friction de deux cônes est déjà exceptionnellement moelleux.
L'inventeur estime qu'il y aura lieu de réduire énormément la place occupée par l'installation. Il espère supprimer le refroidisseur et le remplacer par un appareil qu'il fait breveter en ce moment. Dans ces conditions, avec une petite installation centrale et des compartiments de voyageurs aux deux extrémités, il obtiendra des voitures automotrices sur lesquelles il compte beaucoup.
Si les assertions de M. Stevens sont exactes, la traction serait obtenue par son appareil dans des conditions de bon marché étonnantes. Elle ne couterait que 15 centimes par cheval et par heure. Or, en marche, on n'utilise qu'un cheval de force. "Je vous conduirai à Paris et vous en ramènerai avec 4.50 francs de dépense", nous disait M. Stevens.
Quoi qu'il en soit, le système est ingénieux. Il sera certainement économique et, après les quelques modifications reconnues nécessaires par l'inventeur lui-même, nous ne doutons point de sa réussite.

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