mercredi 12 juin 2019

Les voitures de tramways de la Belgian Street Railway and Omnibus Company (1871-1874) ^^

L'ancienne presse belge numérisée regorge de détails parfois oubliés des historiens traminots, vu que ces "petites histoires" ne sont pas relatées dans les rapports annuels des sociétés de transport concernées. Aujourd'hui, je vous propose quelques extraits de presse, tous relatifs aux voitures de la "Belgian Street Railway and Omnibus Company", (BSROC, en abrégé) également appelée "Compagnie Vaucamps", du nom de son directeur. 


L'intérêt de ces articles de presse est qu'ils détaillent la mise en service des différents tronçons des lignes Laeken-gare du Midi et Laeken-Anderlecht. Le tout premier tronçon livré à l'exploitation est celui de la rue du Progrès. Voyons cela...


Extrait #1: "Le Bien Public" du 22 juin 1871

On vient de commencer les travaux d'un chemin de fer américain reliant Laeken à la place des Nations par la rue du Progrès et l'avenue de la Reine, et correspondant avec la lignes des omnibus de la rue du Brabant. L'inauguration de ce nouveau service public, créé par la compagnie anglaise des omnibus de Bruxelles, pourra, espère t'on, avoir lieu le 10 juillet.


Extrait #2: "Le Bien Public" du 6 août 1871

La Compagnie des Omnibus de Bruxelles a obtenu la concession d'un chemin de fer américain partant de la place des Nations pour aboutir à Laeken en face de la nouvelle église. Les travaux de construction de ce chemin, qui ont été dirigés par M. Joseph Willems, ingénieur à Bruxelles, sont sur le point d'être achevés. Dans une dizaine de jours, on exploitera la section de la rue du Progrès.

Les voitures qui feront le service de la nouvelle ligne sont d'un nouveau modèle. Elles ont été construites à New-York par la maison Stephenson. Elles sont très remarquables et font l'admiration de tous ceux qui les ont vues.

Une des voitures de la BSROC contruites par la maison Stephenson de New-York

On notera que selon d'autres sources, sur les 4 voitures commandées, 2 avaient été fournies par Stephenson et 2 soit par Geo Starbuck, soit par un "constructeur anglais". Selon encore d'autres sources, certaines voitures commercialisées par Geo Starbuck étaient en fait des voitures construites par Stephenson. 


Voici ce que nous en dit Albert Jacquet dans une note manuscrite: 
Monsieur Vaucamps fit venir d'Amérique et d'Angleterre, à titre d'essai, 4 grandes voitures à deux chevaux (devenues les voitures 311 à 314 des Tramways Bruxellois) chacune d'un modèle différent.

Les voitures 311 et 312 provenaient des ateliers Stephenson de New-York. La 311 possédait une impériale, la 312 en était dépourvue. Le nombre de places assises à  l'intérieur était de 20 pour chacune des deux voitures.
Lors de sa mise en service, la voiture 311 attirait l'attention par sa peinture, comportant au centre du panneau principal un grand motif héraldique avec écussons et des faisceaux de drapeaux de la Belgique et des Etats-Unis.


Les voitures 313 et 314, construites en Angleterre, avaient à peu près la même capacité que les voitures Stephenson mais étaient différentes au niveau de l'aspect extérieur. La voiture 313 était à impériale et ressemblait assez bien aux omnibus de pavé, tout en étant symétrique. La voiture 314 n'avait pas d'impériale et paraissait, comme la précédente, assez basse sur roues. 


Pour les 4 voitures, la couleur de fond était le vert moyen avec filets vermillon et blanc, avec un soubassement blanc, selon le style adopté la la compagnie Vaucamps pour tout son matériel.


On en retiendra surtout qu'au moins deux voitures viennent de New-York et surtout que ces voitures sont les 4 premières de la compagnie Vaucamps!



Extrait #3: "L'Indépendance belge" du 16 août 1871

On a inauguré dimanche le service de chemin de fer américain de la rue du Progrès. Il y avait une grande affluence des voyageurs.



Après ce premier tronçon de ligne, passons au second, qui relie Cureghem au village d'Anderlecht.

Extrait #4: "L'Indépendance belge" du 13 septembre 1871

Dimanche, ou lundi au plus tard, aura lieu l'inauguration du nouveau chemin de fer américain partant de Cureghem (près de la Tête de Mouton) pour aboutir au centre du village d'Anderlecht.


Extrait #5: "L'Indépendance belge" du 13 octobre 1871

Samedi dernier a eu lieu l'inauguration de la ligne d'omnibus américains de Bruxelles au village d'Anderlecht.

Les voitures, construites dans les ateliers mêmes de la Société des Omnibus de Bruxelles, (dont celles qui parcourent la rue du Progrès, en attendant qu'il plaise de leur permettre d'aller jusque Laeken, ont déjà donné un spécimen), sont d'un confortable en même temps que d'une légèreté remarquable.
Il y en a de deux dimensions, à un cheval ou à deux chevaux, selon l'affluence des voyageurs. Les unes et les autres accomplissent rapidement leur trajet.

Une innovation des plus heureuses a été appliquée à ces nouveaux omnibus, celle d'un système d'éclairage au gaz qui permet, le soir, de lire aussi facilement et aussi à l'aise qu'on le ferait dans un salon parfaitement éclairé.



Un petit mot s'impose, quant à la construction des voitures de la BSROC. En fonction des sources, les constructeurs de ces voitures sont:
* un constructeur anglais (parfois "sans plus de précisions", parfois étant Geo Starbuck);
* Henri Plas, sur base des plans anglais de la mystérieuse firme anglaise;
* et/ou Charles Evrard;
* et/ou, comme mentionné ci-avant, la Belgian Street Railway and Omnibus Company.

L'hypothèse que la BSROC ait construit elle-même ses voitures, sur base des 4 voitures déjà en leur possession tient la route. Henri Plas, en tant que constructeur de voitures de tramways, n'est mentionné dans les almanachs commerciaux qu'à partir de 1878, à l'adresse "rue de Liverpool 24". On ne peut donc pas exclure qu'il était employé par la BSROC et qu'il ait assemblé des voitures pour celle-ci, entre 1871 et 1874, soit dans son atelier, soit directement dans les ateliers de a BSROC, situés rue du Vautour, avant de se retrouver "au chômage" suite à la fusion de la BSROC avec la compagnie Morris. La nouvelle société des Tramways Bruxellois, propriété de l'homme d'affaire Simon Philippart, a en effet fait appel à la société Société métallurgique et charbonnière belge pour la construction de ses voitures, vu que cette dernière est également la propriété de Philippart.


Par ailleurs, il n'existe pas de source d'époque qui atteste du fait que ces voitures ont été construites par Henri Plas. La mention la plus ancienne qui en est faite se trouve sur un plan Jacquet des années 20, qui nous indique que les voitures 1 à 42 de la compagnie Vaucamps ont été construites vers 1872-1873 par Henri Plas, rue de Liverpool à Cureghem.



Albert Jacquet mentionne également, dans un document manuscrit, que: "
Ce matériel roulant fut construit en Angleterre, puis en Belgique par H. Plas, d'après les plans anglais."

Cependant, quelle "valeur" donner à ces informations, sachant que les 4 premières voitures de la Compagnie Vaucamps sont les voitures Stephenson et que les nouvelles voitures arrivent dès octobre 1871? On peut également se poser la question de savoir si les voitures "Stephenson" ont porté un numéro lors de leur service pour la BSROC.



Revenons-en à la mise en service de nos différents tronçons... Le 3ème tronçon a être mis en service est celui situé sur le territoire de la commune de Laeken, comme nous pouvons le lire dans cet extrait #6 de "L'Echo du Parlement" du 27 janvier 1872:

La ligne du chemin de fer américain de la rue du Progrès, qui se terminait à l'avenue de la Reine, vient d'être prolongée, l'autorisation nécessaire pour cela ayant été enfin obtenue, jusqu'au pont de Laeken.
Dimanche prochain aura lieu l'inauguration de cette nouvelle partie de la ligne.



Le 4ème tronçon de ligne mis en service est celui des boulevards du centre, dont les travaux sont fraîchement terminés. On peut ainsi lire dans cet extrait #7 de "L'Echo du Parlement" du 16 août 1872 que:

Le réseau du chemin de fer américain du nouveau boulevard central a été inauguré jeudi 15 août et a reçu beaucoup de voyageurs allant et revenant de Laeken. Quelques petits déraillements sans importance ont eu lieu.



Il faudra cependant encore attendre un peu pour que la totalité des lignes Laeken - Gare du Midi et Laeken - Anderlecht soient mises en service.

Extrait #8: "L'Echo du Parlement" du 9 novembre 1872

Le chemin de fer américain du nouveau boulevard conduit maintenant aux points extrêmes d'Anderlecht et de Laeken.



Ce dernier extrait #9, issu de "L'Echo du Parlement" du 20 mars 1873, ne relate pas l'inauguration d'un tronçon de ligne, mais la mise en service de nouvelles voitures, à 12 places.

La compagnie des omnibus américains a fait confectionner, pour la ligne d'Anderlecht-Laeken, douze voitures à 12 places au lieu de 16, ce qui allègera la charge du cheval obligé de traîner, sur un trajet considérable, une voiture fort lourde déjà par elle-même. Les anciennes voitures serviront sur des lignes sans courbes, du Midi au Nord et à la place Liedts. 

Les dimanches, lundis et jours fériés, les anciennes voitures de 16 places circuleront en raison de la grande affluence des voyageurs sur la ligne Anderlecht-Laeken.



Alors, 12 places, est-ce la vérité ou une coquille? La question se pose du fait que le fascicule "Les Premiers Tramways Bruxellois", publié aux éditions de l’Ecole spéciale des Chemins de Fer, parle de voitures à 14 places. Maintenant, on sait aussi que ce fascicule est rempli de coquilles... et qu'il affirme que les voitures étaient de construction anglaise (Geo Starbuck). Cependant, les recherches effectuées au sein des archives de la firme Starbuck n'ont pas pu établir que ce fabricant ait livré des voitures à la BSROC. 



J'aurais aimé trouver une photo d'une voiture Vaucamps "en service" pour illustrer cet article, mais mes recherches ont été infructueuses. A défaut, il faudra faire avec cette photo d'une ex-voiture Vaucamps repeinte aux couleurs des Tramways Bruxellois.
 








Finalisons cet article avec une note relative aux adresses mentionnés dans les almanachs commerciaux pour Henri Plas:

1873: aucune mention d'un carrossier du nom de "Plas".
1875: Plas Jacques, maréchal, rue du Vautour 53
1876 et 1877: les almanachs commerciaux sont manquants.
1878 à 1881: Plas Henri, voitures pour tramway, rue de Liverpool, 24 et  Jacques Plas, fabrique de camions, rue du Vautour 53.
1882: Henri Plas, voitures pour tramway, rue de Liverpool, 65. Jacques Plas n'est pas mentionné.
1883 à 1888: almanachs non consultés.
1889: Henri Plas, voitures pour tramway, rue de Liverpool, 65 et Jacques Plas rue Brogniez 41a
1890: Plas Jacques, rue Brogniez 41a. Henri disparait.

Qui est Jacques Plas? Je n'en sais rien. Les recherches effectuées dans les anciens journaux n'ont pas permis d'en apprendre plus.



Bonne soirée et à bientôt,

Callisto


lundi 10 juin 2019

A la recherche des voitures Starbuck encore conservées aujourd'hui ^^

Un bref petit résumé des voitures Starbuck qui existent encore aujourd'hui. J'ai fait de mon mieux pour les classer par ordre chronologique.

La plus ancienne voiture Starbuck conservée est la n°3 du Ryde Pier Tramway. Construite en 1867, elle est exposée au Streetlife Museum of Transport de Kingston-upon-Hull (UK).


Vient ensuite la chevaline 7 du Musée du Transport Urbain Bruxellois (Woluwe, Belgique), une voiture à impériale construite en 1869 et probablement la plus ancienne voiture de tramways à impériale conservée au monde. Cette voiture a souffert des affres du temps et nécessite des travaux de conservation, voire de rénovation. Son état est si préoccupant qu'il lui a été recommandé de ne pas bouger d'un centimètre, même au sein du Musée qui l'héberge. Son éventuelle rénovation devra donc se faire sur place.



Les deux voitures suivantes ont toutes les deux desservi la ville de Porto, au Portugal et ont été construites vers 1872/1873. La voiture chevaline 8 est exposée au Musée du tram de Porto...
 
La voiture hippomobile 8 du Musée du tram de Porto - (c) lesrails.com


... tandis que la voiture n°9 fait partie des collections du National Tramway Museum de Crich (UK).



On reste au National Tramway Museum de Crich (UK) avec une seconde voiture Starbuck, la n°15 des tramways de Sheffield. Cette voiture a été construite en 1874.




Retour en Belgique, avec la chevaline 11 des tramways Liégeois, construite par la Starbuck Car & Wagon Company vers 1875 et conservée au Musée des Transports en commun de Wallonie (Liège, Belgique).



Revenons en Angleterre avec le tram hippomobile n°7 de Birkenhead. Construit en 1876, ce véhicule, qui faisait office de remise dans un parc à charbon, a été totalement remis en état. Quatre années ont été nécessaires à sa rénovation complète.
 
Le tram 7 de Birkenhead en 1972, avant sa remise en état


Ce tram est actuellement exposé au Wirral Transport Museum and Heritage Tramway de Birkenhead.

 


L'Oxford Bus Museum (UK) possède également une voiture Starbuck. Celle-ci, construite vers 1880/1881, faisait initialement partie des collections du Gloucester Folk Museum et a été récemment rénovée


La voiture Starbuck exposée au Musée des Transports d'Ipswich a eu un destin assez similaire à la voiture n°7 du Musée de Wirral. Construite en 1880, elle a servi d'atelier pendant 86 ans avant d'être reconstruite, vu qu'il n'en restait alors pas grand chose, et que le peu qui restait était entièrement pourri. Tous les éléments en bois, ainsi que les roues et le toit ont du être entièrement refaits.

Un autre particularité de la voiture 7 du Musée des Transports d'Ipswich, qui porte aujourd'hui la livrée des Cambridge Street Tramways, est qu'elle a eu destin opposé à celui des chevalines de la compagnie Morris (
Voies Ferrées Belges): alors que les voitures bruxelloises se sont vues amputées de leur impériale dans les années 1880, la voiture exposée à Ipswich (qui était à l'origine une voiture sans impériale), s'en est vue ajouté une dans les années 1890. 


Le Milestones Museum de Basingstoke, possède aussi une voiture Starbuck dans ses collections. La particularité du véhicule exposé est qu'il a été  transformé en motrice électrique.  Ce véhicule est peint dans la livrée des Portsmouth Corporation Tramways.


On termine avec la baladeuse n°11 du Douglas Bay Horse Tramway (Île de Man), construite en 1886. Elle se trouve actuellement  au Jurby Transport Museum et, stockée à l'extérieur depuis 2010, le bois de la caisse est en grande partie pourri tandis que la structure métallique est attaquée par la rouille. 



Cette liste n'est pas exhaustive: il existe sans doute d'autres voitures Starbuck, disséminées de par le monde. N'hésitez donc pas à me contacter via le formulaire de contact si vous disposez d'informations complémentaires!

 
Bon lundi de Pentecôte,

Callisto

dimanche 9 juin 2019

Une voiture Stabuck en modèle réduit ^^

Le Wirral Transport Museum & Heritage Tramway vient d'obtenir en prêt cette petite voiture-jouet qui fait partie des collections du Williamson Art Gallery and Museum.




Ce modèle réduit a été réalisé vers 1880 par James Todd, dont l'atelier se trouvait à Birkenhead, sur Watson Street. Avant d'avoir son propre atelier, Monsieur Todd a travaillé aux ateliers Geo Starbuck, ce qui explique qu'il s'est inspiré des premiers modèles de tramways construits à Birkenhead dans les années 1860. On notera que l'aspect et la livrée du véhicules sont génériques, et ne correspondent pas à un modèle particulier. 

Bon dimanche!

samedi 8 juin 2019

"La Mode Illustrée", 8 juin 1884 ^^

Voici quelques scans issus du magazine français "La Mode Illustrée" paru en date du 8 juin 1884. Vous y trouverez des gravures de mode féminine (notamment des robes et un mantelet), ainsi que divers modèles de broderie.

Bonne lecture!







mercredi 5 juin 2019

La rénovation de la chevaline 7 (ex Tramways Bruxellois, ex Voies Ferrées Belges), entre 1927 et 1930 ^^

On lit souvent que la chevaline 7 est l'un des trois plus anciens tramways préservés dans son état d'origine, avec la n°1 de Berlin (1865) et la n°3 du Ryde Pier Tramway (1867). Pourtant, les portes ainsi que certaines boiseries ont été remplacées, de même que les vitres, les coussins de velours rouge, les courroies en cuir, les roues et 3 boites d'essieux sur 4. Peut-on encore parler "d'état d'origine", telle est la question...

De même, la livrée actuelle de la chevaline 7, qui date de sa dernière remise en état (1927 ou 1930, selon les sources) n'est pas la copie identique de la livrée d'origine, visible sur la photo ci-dessous, prise en 1874.

Une voiture de la compagnie Morris (autre nom des "Voies Ferrées Belges"),
immortalisée près du dépôt du Bois de la Cambre dans le courant de l'année 1874



Tout d'abord, voyons ce que nous en dit Albert Jacquet dans une note manuscrite: 
Petit à petit, les 26 voitures à impériale furent retirées du service et remplacées par des voitures du type "Nivelles". Les voitures 4, 12, 13, 17, 19 et 20 à 26 furent démolies. La 7 fut conservée. Cette voiture a figuré en 1885 dans le Cortège des Moyens de Transport, à l'occasion des fêtes du cinquantenaire des Chemins de fer. Elle a également été exposée à Tervueren lors de l'exposition internationale de Bruxelles de 1897, puis a été reléguée au fond d'un dépôt où elle s'est fortement délabrée. En 1927, la direction générale des Tramways Bruxellois s'est décidée à remettre la voiture Morris n°7 complètement en état, et à la préserver de la sorte d'une ruine irrémédiable.

On ne sait pas exactement quand elle a été "remise en état", mais elle l'est en tout cas avant le Grand Cortège Lumineux qui circule en août et septembre 1930. Cette rénovation est confirmée par la correspondance échangée entre les Tramways Bruxellois et les Musées Royaux d'Art et d'Histoire qui mentionne, en 1931, que la chevaline 7, remisée au dépôt de la rue Rossini, a été remise à neuf et qu'elle est "en parfait état".


Revenons maintenant à la livrée de notre chevaline 7. La livrée que nous connaissons aujourd'hui est celle qui lui a été attribuée lors de la rénovation intervenue entre 1927 et 1930.

La chevaline 7 au Musée du Tram de Woluwe, en 2017


Examinons les chapiteaux des colonnes qui forment les angles de la caisse du véhicule. Ces chapiteaux et ces colonnes comportaient des éléments de décoration importants, qui faisaient partie intégrante des finitions soignées apportées par la firme Starbuck aux véhicules qu'elle commercialisait.

Le photo-montage ci-dessous montre:

A gauche, un des 4 chapiteaux de colonne de notre chevaline 7 (photo de 2019). 
Au centre, nous avons un élément de décoration issu d'une autre voiture Starbuck: la voiture 7 du réseau de Birkenhead, construite en 1876. Lors de la rénovation de cette voiture, il est apparu que ces décorations, peintes sur de petits morceaux de bois, avaient été apposées sur les chapiteaux de colonne à l'aide de minuscules clous. 
Et à droite, nous avons un agrandissement de la photo de 1874, qui nous montre la colonne et son chapiteau. Et, jackpot, on y voit manifestement une décoration en relief, sans doute elle aussi fixée à la colonne à l'aide de petits clous.




Si l'on compare également les photos de gauche et de droite, on voit également que les filets de la livrée d'origine ne sont pas reproduits sur la livrée actuelle. 

Dans le cadre d'une éventuelle rénovation future et / ou remise en peinture de la chevaline 7, cela vaudrait en tout cas la peine de gratter les couches de peintures du chapiteau et du haut de la colonne afin d'essayer de retrouver la livrée et/ou le motif d'origine de la voiture.


Edit: des travaux de recherches ultérieurs ont permis d'établir que les actuels panneaux latéraux de la chevaline 7 ne sont pas les panneaux d'origine.
Je vous raconte tout cela dans un article à part.

 
Bonne soirée,

Callisto

samedi 1 juin 2019

"La Mode Illustrée", 1er juin 1884 ^^

Voici quelques scans issus du magazine français "La Mode Illustrée" paru en date du 1er juin 1884. Vous y trouverez des gravures de mode féminine (notamment des robes et des manteaux), ainsi que divers modèles pour enfants.

Bonne lecture!








mercredi 29 mai 2019

Bruxelles et ses machines à coudres, 1866-1875 ^^

Trouvé en cherchant autre chose (comme souvent):

Je cherchais un café-restaurant "Au Tivoli" qui était exploité en 1869. Pour mes recherches, j'ai consulté les anciens almanachs commerciaux scannés et disponibles en ligne sur le site des archives de la Ville de Bruxelles.

Je n'ai pas trouvé ce café-restaurant, mais, par contre, j'ai trouvé un tas d'anciennes publicités pour des machines à coudre "bruxelloises". Et moi qui ne désespérait de ne pas en trouver!

Je vous présente chacune des publicités en indiquant le lien vers la page web où elle peut être consultée (ne sachant pas si les images peuvent, ou non, être reproduites).

A. Almanach commercial de 1866.

A tout seigneur, tout honneur, nous commencerons cette rubrique en présentant les machines à coudre Howe assemblées et commercialisées (sous licence) par Firmin Mignot. Son adresse n'est pas encore
Rue Neuve 101-103 (comme sur les tickets chromo faisant sa publicité) mais rue de la Limite 12 (derrière l'Observatoire). La publicité reproduite dans l'almanach nous apprend qu'il est également spécialisé dans les machines à coudre à broder et à franger.

Nous partons rue du Lombard, au numéro 3, où se trouvait la manufacture de machines à coudre perfectionnées et construites par F. Corbet. La manufacture comportait un atelier dédié aux réparations. Chaque machine vendue était accompagnée d'une instruction qui permettait d'apprendre seul à la faire fonctionner. C'est amusant de lire que chaque revendeur avait ses arguments de vente ^^

Passons à J-D Charlier, rue d'Assaut, 19 bis, qui se présente comme étant agent général de la compagnie Singer. La publicité est légèrement mensongère (on est pas loin des fake-news): on y lit que les machines à coudre Singer sont en usage dans tous les couvents, asiles, institutions de charité et écoles. Bon évidemment, ce n'était probablement pas le cas (de un) et, (de deux), la compagnie Singer avait quasi offert les machines à coudre utilisées par ces institutions, en les vendant à bas prix à des fins de propagande.
Donc, d'abord, Singer leur offre d'importantes réductions sur les machines vendues et, après, Singer peut affirmer: "ils utilisent nos machines, c'est que ce sont les meilleures, n'est ce pas?"
Comme je le disais avant, chaque société avait ses arguments de vente. Et ceux-ci, c'étaient ceux d'Edward Clark, qui avait mis cette stratégie marketing en place.


B. Almanach commercial de 1870.

On y retrouve H.J. Petit et sa fabrique de machines à coudre du 14 de la rue des Croisades. On y apprend qu'il avait une succursale au 61 de la rue Neuve et qu'il a reçu trois médailles lors d'expositions universelles:
* Paris en 1867,
* Amsterdam en 1868,
* et Le Havre en 1869.


L'usine de machines à coudre de H.J. Petit, sise au 14 de la rue des Croisades



On retrouve également un dénomme Joseph Lierneux, mécanicien, qui revend des machines à coudre américaines des marques Elias Howe Junior et Wheeler & Wilson. Son magasin, sis chaussée de Ninove 104 à Molenbeek-lez-Bruxelles, vend aussi de l'huile, des aiguilles du fil et autres accessoires divers, ainsi que des flocons pour literie.

Une autre annonce, sur la même page, nous présente la fabrique de machines à coudre de P. Jacubowitz, sise rue des Boiteux 15 à Bruxelles. Sa gamme de produit est large est variée: machines américaines Elias Howe, Wheeler & Wilson, Singer et autres. Toute machine livrée par sa maison est garantie. Il offre également des facilités de paiement: 10 francs par mois.
Il commercialise également des journaux de mode pour homme et dame, ainsi que des modèles de vêtement en grandeur naturelle dans un magasin se trouvant de l'autre côté de la même rue, au numéro 26.

Au 82 de la rue du Midi se trouve l'agence générale pour les machines à coudre Loewe, tenue par R.B. Turner. Son modèle phare, une machine à main, s'appelle "La Princesse Louise". Il commercialise également des pièces détachées, des machines à tricoter et des machines à broder munies d'un appareil à soutacher.
 
C'en est fini pour mes trouvailles du jour!

Bonne soirée et à bientôt,

C.

samedi 25 mai 2019

L'Europe en anciennes cartes postales: le monastère et le pensionnat du Berlaymont, Bruxelles ^^

Notre tour d'Europe en anciennes cartes postales nous emmène à la découverte du monastère et du pensionnat du Berlaymont de la rue de la Loi à Bruxelles. 

Cet ensemble immobilier, qui comprenait un convent, une école pour jeunes filles (avec internat et externat) ainsi qu'un grand parc, occupait quasiment la totalité de l'îlot formé par les rue de la Loi, Stévin et Archimède et le boulevard Charlemagne. Il se trouvait donc à l'emplacement de l'actuel Berlaymont, qui est le siège de la Commission européenne.

Bonne vision! 

Vues de la rue de la Loi prises depuis le rond-point, vers le centre-ville. Le pensionnat se trouve sous la flèche jaune.


La façade arrière, vue depuis le parc

 
La grande salle


La salle d'étude


La salle de physique


Une galerie
 

La chapelle

 
La Vierge aux 4 colonnes


Le parc en avril


La grotte de Lourdes


mercredi 22 mai 2019

Arthur du Roy de Blicquy (1835-1907) ^^

Il n'est pas toujours facile de retrouver des informations sur les hommes d'affaires et ingénieurs qui ont fait de l'industrie des tramways ce qu'ils sont aujourd'hui. On l'a déjà vu avec William et John Morris, William Sheldon, Albert Vaucamps, Firmin Mignot, Albert Jacquet, Frédéric Nyst et bien d'autres.

L'un des noms qui revient sans cesse, dans mes travaux, est celui d'Arthur du Roy de Blicquy, ingénieur (et inventeur) pour la société Métallurgique et Charbonnière belge, qui devient "la Métallurgique" en 1880 et dont il sera le président.


Alors, cet Arthur, qui est-il?

Selon l'ouvrage "La Belgique héraldique" de M. Poplimont, Arthur est le 5ème fils d'Alexis du Roy de Blicquy, né à Ath, le 28 janvier 1798. Alexis, chevalier de l'Ordre de Léopold, fut, entre autres, membre de la Chambre des représentants, membre du conseil provincial du Hainaut et bourgmestre de Blicquy. Il décède en 1875.

Les frères d'Arthur auront aussi une carrière prestigieuse:
  • Harold du Roy de Blicquy (1831-1865) est capitaine d'état major et officier d'ordonnance de Son Altesse Royale le comte de Flandre;
  • Edmond (1833-1867) est ingénieur des Ponts et Chaussées; 
  • Fernand (1836-1913) est lieutenant général de cavalerie, aide de camp honoraire du Roi et Grand Officier de l'ordre de Léopold; 
  • Léopold (1839-1884) est capitaine-commandant de cavalerie;
  • tandis que Gustave (1842-1924) est conseiller honoraire à la Cour de Cassation.


Comme dit ci-avant, nous avons déjà pas mal parlé d'Arthur sur le blog. Petit rappel des articles dans lesquels nous l'avons déjà rencontré:
  • Lors des essais de traction vapeur réalisés sur la ligne du Bois de la Cambre par les Tramways Bruxellois en 1875/1876. Arthur présente au Roi la locomotive qu'il a inventée, pour le compte de la société Métallurgique et Charbonnière.
  • En 1877, il témoigne lors du procès Philippart, vu qu'il avait été chargé de réaliser une expertise du matériel roulant d'Albert Vaucamps.
  • Dès la création de la société Métallurgique, en 1880, il en est nommé administrateur.
  • Il est également administrateur de la société du chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael (BIB) dès la création de celle-ci (1884).
  • Il fait également partie du comité organisateur du cortège historique des moyens de transports organisé dans le cadre du cinquantenaire des chemins de fer en 1885.
  • Il est également nommé vice-président de la société belge des ingénieurs et des industriels en 1889.


En 1906, il est (notamment) président de la Métallurgique et administrateur des Ateliers de Construction du Nord de la France, de la société Nationale des chemins de fer vicinaux, des Tramways d'Astrakhan, des Tramways de Lille, de la compagnie belge des chemins de fer réunis, des tramways de Kischinew, de la société générale de tramway en Espagne, des hauts fourneaux de Châtelineau, de la compagnie des Nitrates, de la compagnie générale des chemins de fer et des tramways en Chine, des chemins de fer vicinaux en Andalousie et de la compagnie générale de Railways et d'Electricité.


Il décède en juin 1907, comme en témoigne cet extrait du "Petit Bleu du Matin" du 8 juin 1907:
"Hier ont été célébrées les funérailles de M. Arthur du Roy de Blicquy, ingénieur honoraire des ponts et chaussées, administrateur de nombreuses sociétés et des fondateurs de la Société nationale des chemins de fer vicinaux. Il avait 72 ans et était le frère du lieutenant général retraité du Roy de Blicquy, aide de camp honoraire du Roi."


lundi 20 mai 2019

L'autre voiture Starbuck ^^

Liège... cité belge traversée par la Meuse, célèbre pour sa tour des Finances de la rue Paradis...

La Meuse et la tour des Finances, vues depuis le pont Albert

... et sa gare Calatrava.

La gare de Liège-Guillemins

Si je me rends à Liège, c'est pour faire du tourisme tramviaire, bien entendu ^^ Je suis à la recherche d'une petite soeur de la chevaline 7. Hé oui, il existerait une seconde voiture Starbuck en Belgique. J'ai hâte de voir cela!

Pour ce faire, je me rends au Musée des Transports en commun de Wallonie. La visite s'annonce excellente, vu qu'elle débute avec une remorque ouverte à 5 bancs (à traction chevaline), un taxi hippomobile et la magnifique Berline de gala de François-Antoine de Méan (1756-1831), dernier prince-évêque de Liège.

Berline de gala de François-Antoine de Méan (1756-1831), dernier prince-évêque de Liège


Quelques mètres plus loin, je trouve la voiture Starbuck. Elle est présentée comme étant de construction anglaise, mais de constructeur inconnu. Elle daterait de 1875 environ.







Bien que "de constructeur anglais inconnu", une de ses boîtes d'essieux trahit sa provenance: "SC&WC LD". Autrement dit: "Starbuck Car & Wagon Company Limited". Voici donc bien une authentique voiture Starbuck construite à Birkenhead après le 6 novembre 1872 ;-)



Les explications fournies aux visiteurs présentent également ce véhicule à impériale, qui porte le numéro 7. Encore une autre voiture Starbuck? Les paris sont ouverts ^^



La visite au Musée des Transports en commun de Wallonie est également l'occasion pour moi de faire connaissance avec Frédéric Nyst, le tout premier adjudicataire de la ligne de tramway du Bois de la Cambre. D'après les informations fournies aux visiteurs, Frédéric Nyst (1836-1920) serait d'origine hollandaise. Il fut le fondateur du réseau de tramways Est-Ouest de Liège.

Portrait de Frédéric Nyst, réalisé en 1905 par Jozef Janssens


Frédéric Nyst pose avec son personnel: il est dans la voiture, au centre.


A quelques centaines de mètres du Musée des Transports en commun de Wallonie, se trouve la Maison de la Métallurgie et de l'Industrie. La visite m'a énormément plu, surtout l'ancienne forge des 17ème et 18ème siècle, dont vous trouverez deux photos ci-après. La première montre la roue à aube qui donnait la force motrice nécessaire au fonctionnement de la forge, tandis que l'on voit, sur la seconde, le plus ancien laminoir au monde. Il remonte à 1816 et permettait d'écraser les barres de fer pour les transformer en fines tôles.


Le laminoir de 1816


La salle de la vapeur, avec son immense roue, mérite également un détour.



Avant de regagner Bruxelles, petit détour par l'exposition "Génération 80", dont le prix d'entrée était compris dans le prix de mon billet de train. La cerise sur le gâteau revient certainement à leur impressionnante collection de robots Goldorak: il y a en a bien une vingtaine d'exposés!




C'est par cette visite que se termina une très belle journée, riche en découvertes ^^


Bonne soirée,

Callisto