mardi 6 octobre 2015

Le boulevard du Jardin Botanique, Bruxelles ^^

Bruxelles, printemps 1873 : les tramways hippomobiles de la Compagnie Becquet, tractés par quatre chevaux attelés en flèche, remontent la rampe du Jardin botanique. Ils la parcourront jusqu’en mars 1894, lorsque la ligne des boulevards circulaires du haut de la Ville aura été électrifiée.
 
Billet de tramway ayant voyagé sur la ligne des boulevards circulaires du haut de la Ville, en 1894


La ligne des boulevards circulaires, longue d’un peu plus de 8000 mètres, suit en grande partie le tracé des remparts qui furent élevés par la Ville, après la guerre de Flandre, de 1357 à 1383. Par un décret du 19 mai 1810, Napoléon ordonna la démolition de ces vieux murs et leur remplacement par un boulevard circulaire. On démolit presque immédiatement la Porte du Canal et les remparts près de la Porte de Laeken, mais les événements de 1814-1815 arrêtèrent les travaux. Le boulevard de Schaerbeek fut, avec le boulevard d’Anvers, l’un des premiers à être terminé, vers 1819-1820. Le « boulevard de Schaerbeek », qui reliait la place Charles Rogier à la Porte de Schaerbeek en longeant le Jardin Botanique, fut rebaptisé « boulevard Botanique », et finalement « boulevard du Jardin botanique » en 1841.

La Porte de Schaerbeek se trouvait, à l’origine, quelques mètres plus bas que l’emplacement de l’actuel carrefour dit « Botanique », et s’appelait « Porte de Cologne ». Cette porte fut édifiée à l’époque de la construction de la deuxième enceinte de la Ville, dont question plus avant. Elle fut démolie, en même temps que les autres portes de la Ville, vers 1785. Sous le régime hollandais, en 1827, on construisit, sur la rue Royale, au niveau du carrefour avec le boulevard du Jardin botanique, une nouvelle porte, composée d’une grille et de deux aubettes carrées qui servirent, jusqu’en 1860, à la perception de l’octroi. L’ « octroi » était une taxe indirecte perçue par les villes sur la valeur des marchandises qui entraient sur leur territoire ou en sortaient. Cette taxe servait à financer les travaux d’entretien des fortifications et les travaux d’utilité publique.

En même temps, en 1827 toujours donc, on prolongea la rue Royale au-delà de la Porte de Schaerbeek, et on donna comme décor de fond à cette rue la belle église de Sainte Marie, dont la construction dura de 1845 à 1853.

Avant - après: la Porte de Schaerbeek


Du haut de la Porte de Schaerbeek, on jouissait d’un superbe coup d’œil sur le Jardin botanique et la vallée de la Seine.

Avant - après: le Panorama du Jardin botanique


Le Jardin fut créé en 1826 par la Société Royale d’Horticulture en contre-bas du boulevard, dans les terrains qui longeaient l’ancien fossé de la ville et où se trouvaient jadis les maisonnettes des pestiférés. L’inauguration eut lieu en 1829. Le Jardin faisait alors 6,37 hectares. Il suit le dénivelé du terrain et se compose d’une série d’étages garnis de pelouses et de parterres fleuris, aménagés en un jardin français (en haut), un jardin italien (au milieu) et, en bas, un jardin anglais avec un étang, reste d’un ancien fossé de l’enceinte. Sur le côté se trouvent les grandes serres dont la partie centrale s’élève en forme de dôme et dont les pavillons latéraux servent d’orangeries. Les plans de ces bâtiments sont de Gineste (1769-1850). Le Jardin est séparé du boulevard par une lourde balustrade en pierre bleue établie en 1863.

Extrait d’un plan indicateur de Bruxelles, issu du « Vade-Mecum » ou « Description de Bruxelles et ses environs », Bruxelles, 1830


Les débuts sont difficiles et les problèmes financiers s’accumulent. La Société d’Horticulture est contrainte de vendre une partie de son terrain en 1837, afin d’éponger ses dettes. L’Etat finit par racheter le site en 1870, pour la somme d’un million de francs.

Gravure illustrant Panorama du Jardin botanique, et publié dans l’hebdomadaire « L’Illustration Européenne » en 1871.


Revenons sur le boulevard du Jardin botanique, où circule donc, depuis le printemps 1873, la ligne de tramway dite « des boulevards circulaires ». Cette « Promenade circulaire » a été scindée en deux lignes distinctes : celle du haut de la Ville (par la Porte de Namur, future ligne « 15 ») et celle du bas de la Ville (par la Porte de Flandre, future « 17 »). Ces deux lignes sont réunies le 1er février 1922, sous le numéro de ligne « 15 », qui circulera jusqu’au 28 novembre 1967.


La Porte de Schaerbeek et le Boulevard du Jardin Botanique, carte postale des années 1920. Auteur inconnu.


Les années 1950 et la création de la jonction ferroviaire « Nord-Midi » vont métamorphoser la Porte de Schaerbeek, qui est rebaptisée « Botanique » au passage. La première pierre de la future Cité Administrative est posée en 1958, tandis que le Jardin est « amputé » à trois reprises (d’abord lors des travaux d’aménagement de la petite ceinture avec la construction de l’avenue Victoria Regina en 1958, ensuite par la création du boulevard Saint Lazare qui coupe le jardin en deux et finalement avec l’élargissement de la rue Gineste). Les collections du Jardin, les serres et une partie des statues sont transférées à Meise, dans le domaine de Bouchout, tandis que le Jardin, réaménagé par René Pechère et qui ne compte plus que 5,15 hectares, est classé le 15 avril 1964.


On notera qu’à partir du 28 novembre 1967, la ligne des boulevards circulaires (la ligne « 15 ») est remplacée quasiment à l'identique par la ligne « 101 », dans le cadre d'une restructuration du réseau introduisant un nouveau concept : les lignes "à transit généralisé" 101, 102 et 103 (ce qui signifie que la correspondance de et vers ces dessertes sont gratuites). Finalement, le tronçon compris entre la gare du Midi et la place Sainctelette sera intégré dans la ligne « 2 » du métro bruxellois, inaugurée le 2 octobre 1988.

2 commentaires:

  1. C'est devenu bien moche comparé a autrefois :-( si on avait conservé les remparts, Bruxelles serait aussi célèbre que Carcassonne ou Almeria

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  2. c'est triste à dire,mais en comparant cescartes,on se dit que c'était bien plus joli autrefois.il manque une harmonie dans cet imbroglio d'immeubles et toujours cette impression qu'on manque d'espace pour respirer.

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