samedi 1 novembre 2025

Aux Ateliers de Tubize, du 1er octobre 1895 - 15 juin 1899 (épisode 2/8) ^^

Omer continue de nous raconter ses aventures et son 1er emploi, aux ateliers métallurgiques de Tubize:

Mon petit voyage à la menuiserie m'avait donné la franchise me promener dans l'atelier. J'entrais bravement à 1h. avec les ouvriers. Je faisais, chaque jour, mon petit tour tantôt au montage tantôt à l'ajustage; à la salle des machines, je connaissais le brave ELOI, le voisin de ma rue. A la fin de la première année, je connaissais tous les coins et les recoins de l'usine. Parfois je passais des semaines au même endroit Au montage, je suivais la construction de la même locomotive depuis la pose des longerons jusqu'à la peinture. Une autre fois, je m'arrêtais devant le père MENU qui rabotait les boites à graisse ou devant un tourneur qui finissait une manivelle que j'avais vue forger à la forge. Ainsi à la longue, je suivais la fabrication de beaucoup de pièces détachées depuis la forge jusqu'à l'ajustage final.

A 1 heure et demi, j'étais au bureau. C'est au cours de ces visites réitérées que m'est venu l'esprit technique. Un jour que j'étais à la salle des machines Eloi TASSIGNON me dit: pourquoi n'allez-vous pas à l'Ecole Industrielle de Braine-le-Comte ? Je lui dis, j'ignore l'existence de cette école. Mon neveu César, y va me dit-il. Quand il viendra chez moi, je vous l'enverrai C'est ainsi que, dès octobre 1896, je fréquentais cette école Je me décidai, je ne sais trop pourquoi, pour les études commerciales. Elles comportaient 4 années d'études, soit 4 h.de cours le dimanche matin de 8 h. à midi d'octobre à fin avril J'avais cependant un penchant pour les cours industriels. Je l’avais d'autant plus qu'une demi-douzaine de jeunes étaient occupés au bureau de dessin juste à côté de la comptabilité. Il y avait là Firmin BASCOUR, Oscar DETOURNAY, Léon DUMOULIN, Moïse FERIER, Fernand LAGNEAU, Maurice STIEVENART, etc. J'avais une folle envie de travailler dans ce bureau, la jeunesse m'attirait; mais à l'école moyenne je n'avais jamais eu le goût du dessin et je savais à peine tenir un tire-ligne. J'avais la bosse des mathématiques, c'était tout. Je me disais, je vais d'abord me préparer. 

C'est ainsi qu'à Braine-le- Comte, je suivis les cours de dessin industriels pendant la première heure du matin au lieu du cours élémentaire de calculs partir de ce moment, j'ouvrais de temps en temps, au bureau, les plans qui passaient par mes mains au moment de l'expédition. Au début je n'y voyais que du feu, mais la persévérance porta ses fruits. C'était généralement des plans de pièces détachées. Le nom était marqué sur le plan. Je me renseignais où je pouvais voir la pièce à l'atelier. A force de regarder de scruter, de comparer, je finis par comprendre, donc autrement dit, par lire un plan. A ce moment, j'ai senti quelque chose de nouveau animer tout mon être encore novice dans la vie de bureau J'avais compris le sens de la fonction "employé" et celle de "dessinateur". Mais vers quelle voie pourrais-je me diriger ? J'en suis resté perplexe bien longtemps.

Les mois passaient, je m'enfonçais dans la seconde année. Mes premiers travaux étaient devenue chose courantes. Je connaissais par cœur l'adresse de tous les fournisseurs et clients, les tarifs postaux pour tout pays. J'écrivais à la main les adresses, les enveloppes vitrées n'existaient pas - tout au moins au bureau - et la machine à écrire n'avait pas fait son apparition. J'ai vu seulement la première au stand Remington à l'Exposition internationale de Bruxelles en 1897 cette machine à écrire, l'impression du Petit Bleu journal libéral quotidien, qui eut sa grande vogue lors de la guerre des Boers et de l'affaire Dreyfus, en 1899, ainsi que l’esclave africain - le seul  -devant le grand vitrail donnant sur la Porte de Tervueren, c'est tout ce qui m'est resté de cette exposition, c'est à dire peu de chose. Il est vrai que c’était il y a cinquante ans. 

La Direction venait de décider la construction d'un nouvel atelier de machines - outils. Cela donna une recrudescence de besogne au bureau. Tout le surplus retomba sur moi par décalage. C'est ainsi que je devais faire les relevés de magasins, les moyennes mensuelles des prix des matières premières, c'était la période des prix stables (des moyennes arithmétiques suffisaient souvent). Puis je fis les devis et prix de revient des pièces détachées. Petit à petit, le comptable me refila la correspondance relative au contrôle des factures, qui.se faisait sans doute par M. DEMARET, d'après les fiches du magasin pour les pièces et d'après les moyennes mensuelles pour les prix. Ainsi, ma besogne devenait chaque jour plus intéressante Si mon cœur et mes intentions me poussaient encore vers le bureau de mon devoir m'accrochait davantage au bureau ou j'étais en fait dessin, devenu l'enfant de la maison ou j'avais 3 pères, remplaçant le mien mort depuis sept ans.

samedi 25 octobre 2025

Titanic, l'exposition ^^

Voici quelques photos prises lors de ma visite à l'exposition consacrée au Titanic qui s'est tenue l'été passé sur le site de Tour et Taxis. Bonne vision ^^

 

 

  

 

 



Accoudoir de banc, remonté des profondeurs


plats à gratin, également remontés des profondeurs


Reconstitution d'une cabine de 2ème classe


Reconstitution d'une cabine de 1ère classe


Reconstitution d'un couloir de 1ère classe


Reconstitution de la porte donnant accès au grand escalier



samedi 18 octobre 2025

Aux Ateliers de Tubize, du 1er octobre 1895 - 15 juin 1899 (épisode 1/8) ^^

Omer nous raconte:

Le 1.10.1895, j'entrais au bureau de la comptabilité des Ateliers Métallurgiques de Tubize, ma commune natale, que j'habitais. J'avais 18 ans.

Le bureau de comptabilité avait été créé vers 1850 en même temps que l'usine pour la construction des locomotives. Par la suite, la Société construisit les Ateliers de Nivelles pour les voitures et ceux de la Sambre pour les wagons. A partir de ce moment, une comptabilité centrale fut établie à Bruxelles et celle de Tubize y fut transférée. Le bureau le Tubize devint un secrétariat technique avec un comptable comme chef, vestige du passé. Le bureau comprenait trois anciens employés totalisant 150 ans d'âge environ. Chose à noter en passant: trois enragés fumeurs tirant la pipe, fumant le cigare, chiquant de temps en temps, le bureau devenant, chaque jour, une véritable tabagie. Je ne fumais pas à mon entrée, encore moins à mon départ, le parfum me suffisait. Le comptable. M. Léon VANHAM puisque la comptabilité existait toujours, payait, mensuellement les appointements du personnel employé et tous les 15 jours les salaires des 600 ouvriers; les fournisseurs locaux; d'autres paiements aux facteurs en tournée. Tous les autres paiements étaient effectués par Bruxelles. 

Le correspondant, M. Joseph DUMOULIN passait toutes les commandes et suivait la correspondance avec les clients et les fournisseurs Le 3ème employé. M. Florent DEMARET établissait les devis demandés par les clients et le prix de revient du matériel terminé. Il tenait à jour les livres et les documents nécessaires à l'établissement des travaux précédents. De plus, il copiait et expédiait le courrier. Il s'occupait aussi du classement, Je ne sais plus qui vérifiait les factures, mais les erreurs étaient signalées aux fournisseurs par M. VANHAM. 

Voilà le premier jour de ma vie de bureau. J'avais un chef et une sonnette. Sous ces rapports, j'ai été dressé. J'étais entré sans salaire, comme c'était d'usage à cette époque. Il fallait d'abord faire son apprentissage. La Direction de Bruxelles, m'a dit mon chef, n'avait pas autorisé la Direction de l'usine à engager un employé. La vraie raison c'était de ne pas payer quelqu'un. J'étais donc là, temporairement mais ce provisoire a duré 3 ans et 8 mois. Les heures de bureau étaient de 8 h. à midi et de 1 heure et demi à 6h du soir. Les ouvriers travaillaient de 7h. à 6h. du soir avec une heure de liberté à midi. Nous sommes bien loin de la journée de 8 heures. Elle ne fut d'ailleurs établie que 25 ans plus tard et en conséquence de la guerre mondiale.

J'habitais à dix minutes à peine du bureau. J'arrivais avant l'heure et j'étais toujours le premier. DEMARET suivait, puis VANHAM, que le Directeur attendait, dès 8 h. dans son bureau, et vers 8h20 DUMOULIN. Cette habitude d'arriver avant l'heure, je l'ai conservée pendant toute ma carrière 44 ans durant. On me confia d'abord le classement, puis la copie du courrier, la mise sous pli, l'affranchissement et l'expédition. Je ne devais pas porter le courrier à la poste qui restait ouverte jusqu'à 7h. Cette besogne était confiée de tout temps à un ouvrier du magasin. 

Mais j'avais une chose bien plus importante à faire: soigner le poêle. Bien entendu, le poêle était allumé à mon arrivée et le charbon à pied d'œuvre. Au début, il m'est arrivé souvent de le laisser s’éteindre. J'entendais le gémissement des 3 collègues. Je n'avais pas de bois pour le rallumer Je devais courir en chercher à la menuiserie au fond de l'atelier. Il fallait, en allant vite, dix minutes aller et retour Mais je trainais, tout était nouveau pour moi. Je ne me rendais pas compte de l'heure et je rentrai les premières fois après trente ou quarante minutes d'absence. Ce n'était pas rigolo à mon retour. Je ne tardais pas à m'organiser pour que la besogne devienne automatique et régulière. Pendant les 4 hivers, le thermomètre fut toujours à la hausse ce qui faisait la joie de mes trois vieux et estimés collègues. Au début, le classement du courrier me passionnait. Je lisais avidement la correspondance quotidienne et même l'ancienne quand j'avais le temps. Tout m'intéressait, la lime de l'ajusteur, comme le tour du tourneur.

samedi 11 octobre 2025

SNCV - réseau de Charleroi - péages et statistiques (1885 à 1894)

1. Tarif des péages de la ligne de Charleroi à Mont-sur-Marchienne (1888)

 


2. Nombre de voyageurs transportés par la SNCV du 3 au 30 juin 1887 sur le réseau de Charleroi



3. Recettes de la SNCV pour les années 1893 et 1894 (réseau de Charleroi)



4. Tarif des péages de la ligne de Charleroi à Lodelinsart (Saint-Antoine) (1885)


5. Tarif des péages de la ligne de Charleroi à Lodelinsart (Saint-Antoine) (1887)




samedi 4 octobre 2025

SNCV - réseau de Charleroi - arrêté royal accordant la concession (via fusion) et cahier spécial des charges de la ligne Charleroi - Jumet (Heigne) - Lodelinsart - 14 novembre 1910

MINISTERE DES CHEMINS DE FER, POSTES ET TELEGRAPHES ET MINISTERE DES FINANCES

ADMINISTRATION DES CHEMINS DE FER DE L'ETAT

Chemins de fer vicinaux - Concession de Charleroi à Jumet (Heigne)
Prolongement jusqu'à Lodelinsart (Saint Antoine)
Concession et fusion des capitaux avec ceux de la ligne vicinale de Charleroi à Lodelinsart


ALBERT, Roi des Belges,

A tous présents et à venir, SALUT.

Vu la loi du 24 juin 1885 sur les chemins de fer vicinaux,
Vu les arrêtés royaux du 12 décembre 1904 et du 24 mai 1905 déclarant la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux concessionnaire du chemin de fer vicinal de Charleroi à Jumet (Heigne),
Vu la demande en concession présentée par ladite société au sujet du prolongement jusqu'à Lodelinsart (Saint Antoine) de la ligne précitée,
Vu les plans approuvés par notre Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes,
Vu les pièces constatant qu'il a été procédé à une enquête sur l'utilité de l'entreprise, le tracé de la voie et le taux des péages, et que les conseils communaux intéressés et la députation permanente du Conseil provincial du Hainaut ont été entendues,
Vu les avis favorables émis par ces derniers;
Vu les pièces justifiant le consentement de tous les actionnaires intéressés à la fusion du capital nominal afférent à la prédite ligne vicinale de Charleroi à Jumet (Heigne) et son prolongement jusque Lodelinsart, avec celui de la ligne vicinale de Charleroi à Lodelinsart (Saint Antoine), concédée par l'arrêté royal du 17 janvier 1887 et dont le capital a été porté à 1.080.000 francs par arrêté royal du 28 octobre 1903.

Sur la proposition de nos Ministres des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, et de notre Ministre des Finances,

Nous avons arrêté et arrêtons:

Article 1: la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux est déclarée concessionnaire du prolongement jusque Lodelinsart du chemin de fer vicinal de Charleroi à Jumet (Heigne), lequel sera établi, entretenu et exploité suivant les indications des plans approuvés par notre Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes, aux clauses et conditions du cahier général régissant les concessions à octroyer à la susdite société et complété, en ce qui concerne les bases des prix des transports, par le cahier des charges spécial au présent prolongement.

Article 2: Sont approuvées les délibérations des conseils communaux susvisés.

Article 3: L'Etat interviendra pour 375.000 francs dans la formation du capital nominal afférent au prédit chemin de fer vicinal, et se libérera au moyen de 90 annuités de 13.687,50 francs chacune.

Article 4: le délai d'exécution est fixé à deux ans, à compter de la date du présent arrêté.

Article 5: Si, à raison de l'exploitation du prédit prolongement, il est reconnu nécessaire d'élargir, en certains endroits, soit la chaussée, soit même l'assiette des voies publiques empruntées, la Société Nationale devra exécuter, à ses frais, les travaux qui lui seront prescrits par notre Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes.

Article 6: Il n'y aura qu'une seule et même série d'actions pour la ligne vicinale de Charleroi à Jumet (Heigne) et son prolongement jusque Lodelinsart (Saint Antoine) et celle de Charleroi à Lodelinsart. Les lignes ainsi fusionnées seront dénommées: "Charleroi-Jumet (Heigne)-Lodelinsart".

Notre Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes et notre Ministre des Finances sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l'exécution du présent arrêté.

Donné à Laeken, le 14 novembre 1910

ALBERT

Par le Roi:
Le Ministre des Chemins de fer, Postes et Télégraphes
de BROQUEVILLE
Le Ministre des Finances
J. LIEBAERT

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CAHIER DES CHARGES SPECIAL AU PROLONGEMENT DE JUMET (Heigne) A LODELINSART DU CHEMIN DE FER VICINAL DE CHARLEROI A JUMET (Heigne)

1. Voyageurs en général

Les prix pour le transport des voyageurs sont établis d'après les bases suivantes:
- 2ème classe: 5 centime par kilomètre, avec un minimum de 10 centimes
- 1ère classe: 5 centimes de plus qu'en seconde, avec un minimum de 15 centimes.

Voyages scolaires
La réduction de 50% sur les prix simples du tarif des voyageurs est accordée aux élèves d'établissements d'instruction publique, ainsi qu'aux professeurs qui les accompagnent dans leurs voyages scolaires.

Abonnements scolaires

A. Abonnements valables pour 1 à 7 déplacements par semaine:
Prix exigé par le chemin de fer de l'Etat belge pour les abonnements de l'espèce en 2ème et 3ème classe, augmentés respectivement de 16.5% pour la 1ère classe vicinale et de 25% pour la 2ème classe.

B. Abonnements valables pour 12 ou 14 déplacements par semaine:
prix des abonnements valables pour les 6 ou 7 déplacements, augmentés de 40%

Abonnements hebdomadaires pour ouvriers

Les prix des abonnements pour ouvriers sont calculés comme suit:
Prix normaux fixés pour 6 déplacements (aller et retour) mais réduits de quotités pourcentuelles égales à celles que l'Etat belge faisait subir aux prix normaux des billets d'aller et de retour en 3ème classe, avant le 1er mai 1897, pour déterminer le prix des abonnements d'ouvriers.
Il est également délivré des abonnements hebdomadaires pour ouvriers valables dans un sens, soit à l'aller, soit au retour, aux prix indiqués ci-dessus réduits de 50%.

Abonnements ordinaires

Pour les distances de 5 kilomètres et plus:
Prix exigé par le chemin de fer de l'Etat belge pour les abonnements de l'espèce en 2ème et 3ème classe, augmentés respectivement de 16.5% pour la 1ère classe vicinale et de 25% pour la 2ème classe.

Pour les distances de 2, 3 et 4 kilomètres:
Prix représentant respectivement 2/5ème, 3/5eme et 4/5eme de ceux prévus pour 5 kilomètres, toute fraction de 1 franc étant compté pour 1 franc.

Pour 1 kilomètre:
Prix fixé pour 2 kilomètres.


II - Bagages et marchandises

Pour 1 kilomètre:
- jusque 5 kilos = 0.15 francs
- de 6 à 15 kilos = 0.20 francs
- de 16 à 25 kilos = 0.25 francs
- de 26 à 50 kilos = 0.30 francs
avec augmentation de 5 centimes par kilomètre.

Le poids des petits colis dont le transport est réglé par ce tarif ne pourra, en aucun cas, dépasser 50 kilos.

Il est interdit de grouper les colis présentés par plusieurs expéditeurs et de faire, en cours de route, une réinscription qui aurait pour but ou pour effet d'éluder l'application régulière des tarifs.


Article 2: Le Gouvernement conserve le droit d'exiger le rehaussement des tarifs ou d'en interdire l'abaissement.

Approuvé, le 14 novembre 1910,

Le Ministre des Chemins de fer, postes et télégraphes,
de BROQUEVILLE