Bruxelles, printemps 1873 :
les tramways hippomobiles de la Compagnie Becquet, tractés par quatre chevaux
attelés en flèche, remontent la rampe du Jardin botanique. Ils la parcourront
jusqu’en mars 1894, lorsque la ligne des boulevards circulaires du haut de la
Ville aura été électrifiée.
Billet de tramway ayant voyagé sur la ligne des boulevards circulaires du haut de la Ville, en 1894 |
La ligne des boulevards
circulaires, longue d’un peu plus de 8000 mètres, suit en grande partie le
tracé des remparts qui furent élevés par la Ville, après la guerre de Flandre,
de 1357 à 1383. Par un décret du 19 mai 1810, Napoléon ordonna la démolition de
ces vieux murs et leur remplacement par un boulevard circulaire. On démolit presque immédiatement
la Porte du Canal et les remparts près de la Porte de Laeken, mais les
événements de 1814-1815 arrêtèrent les travaux. Le boulevard de Schaerbeek fut,
avec le boulevard d’Anvers, l’un des premiers à être terminé, vers 1819-1820.
Le « boulevard de Schaerbeek »,
qui reliait la place Charles Rogier à la Porte de Schaerbeek en longeant le
Jardin Botanique, fut rebaptisé « boulevard
Botanique », et finalement « boulevard
du Jardin botanique » en 1841.
La Porte de Schaerbeek se
trouvait, à l’origine, quelques mètres plus bas que l’emplacement de l’actuel
carrefour dit « Botanique »,
et s’appelait « Porte de Cologne ».
Cette porte fut édifiée à l’époque de la construction de la deuxième enceinte
de la Ville, dont question plus avant. Elle fut démolie, en même temps que les
autres portes de la Ville, vers 1785. Sous le régime hollandais, en 1827, on
construisit, sur la rue Royale, au niveau du carrefour avec le boulevard du
Jardin botanique, une nouvelle porte, composée d’une grille et de deux aubettes
carrées qui servirent, jusqu’en 1860, à la perception de l’octroi. L’ « octroi » était une taxe indirecte
perçue par les villes sur la valeur des marchandises qui entraient sur leur territoire
ou en sortaient. Cette taxe servait à financer les travaux d’entretien des
fortifications et les travaux d’utilité publique.
En même temps, en 1827 toujours
donc, on prolongea la rue Royale au-delà de la Porte de Schaerbeek, et on donna
comme décor de fond à cette rue la belle église de Sainte Marie, dont la
construction dura de 1845 à 1853.
Avant - après: la Porte de Schaerbeek |
Du haut de la Porte de
Schaerbeek, on jouissait d’un superbe coup d’œil sur le Jardin botanique et la
vallée de la Seine.
Avant - après: le Panorama du Jardin botanique |
Le Jardin fut créé en 1826 par la
Société Royale d’Horticulture en contre-bas du boulevard, dans les terrains qui
longeaient l’ancien fossé de la ville et où se trouvaient jadis les maisonnettes
des pestiférés. L’inauguration eut lieu en 1829. Le Jardin faisait alors 6,37
hectares. Il suit le dénivelé du terrain et se compose d’une série d’étages
garnis de pelouses et de parterres fleuris, aménagés en un jardin français (en
haut), un jardin italien (au milieu) et, en bas, un jardin anglais avec un étang,
reste d’un ancien fossé de l’enceinte. Sur le côté se trouvent les grandes
serres dont la partie centrale s’élève en forme de dôme et dont les pavillons
latéraux servent d’orangeries. Les plans de ces bâtiments sont de Gineste
(1769-1850). Le Jardin est séparé du boulevard par une lourde balustrade en
pierre bleue établie en 1863.
Extrait d’un plan indicateur de Bruxelles, issu du « Vade-Mecum » ou « Description de Bruxelles et ses environs », Bruxelles, 1830 |
Les débuts sont difficiles et les
problèmes financiers s’accumulent. La Société d’Horticulture est contrainte de
vendre une partie de son terrain en 1837, afin d’éponger ses dettes. L’Etat
finit par racheter le site en 1870, pour la somme d’un million de francs.
Gravure illustrant Panorama du Jardin botanique, et publié dans l’hebdomadaire « L’Illustration Européenne » en 1871. |
Revenons sur le boulevard du
Jardin botanique, où circule donc, depuis le printemps 1873, la ligne de
tramway dite « des boulevards
circulaires ». Cette « Promenade
circulaire » a été scindée en deux lignes distinctes : celle du
haut de la Ville (par la Porte de Namur, future ligne « 15 ») et celle du bas de la Ville (par
la Porte de Flandre, future « 17 »).
Ces deux lignes sont réunies le 1er février 1922, sous le numéro de
ligne « 15 », qui circulera
jusqu’au 28 novembre 1967.
La Porte de Schaerbeek et le Boulevard du Jardin Botanique, carte postale des années 1920. Auteur inconnu. |
Les années 1950 et la création de
la jonction ferroviaire « Nord-Midi »
vont métamorphoser la Porte de Schaerbeek, qui est rebaptisée « Botanique » au passage. La première
pierre de la future Cité Administrative est posée en 1958, tandis que le Jardin
est « amputé » à trois reprises (d’abord lors des travaux d’aménagement
de la petite ceinture avec la construction de l’avenue Victoria Regina en 1958,
ensuite par la création du boulevard Saint Lazare qui coupe le jardin en deux
et finalement avec l’élargissement de la rue Gineste). Les collections du
Jardin, les serres et une partie des statues sont transférées à Meise, dans le
domaine de Bouchout, tandis que le Jardin, réaménagé par René Pechère et qui ne
compte plus que 5,15 hectares, est classé le 15 avril 1964.
On notera qu’à partir du 28
novembre 1967, la ligne des boulevards circulaires (la ligne « 15 ») est remplacée quasiment à
l'identique par la ligne « 101 »,
dans le cadre d'une restructuration du réseau introduisant un nouveau
concept : les lignes "à transit généralisé" 101, 102 et 103 (ce
qui signifie que la correspondance de et vers ces dessertes sont gratuites). Finalement,
le tronçon compris entre la gare du Midi et la place Sainctelette sera intégré
dans la ligne « 2 » du
métro bruxellois, inaugurée le 2 octobre 1988.
C'est devenu bien moche comparé a autrefois :-( si on avait conservé les remparts, Bruxelles serait aussi célèbre que Carcassonne ou Almeria
RépondreSupprimerc'est triste à dire,mais en comparant cescartes,on se dit que c'était bien plus joli autrefois.il manque une harmonie dans cet imbroglio d'immeubles et toujours cette impression qu'on manque d'espace pour respirer.
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