J'ai reçu, il y a quelques jours, cette petite publicité en cadeau:
N'ayant jamais entendu parler de cette firme, une recherche s'imposait. Voici ce que j'ai trouvé...
1. Charles Adolphe Strock fonde donc son usine de machines à coudre au numéro 153 du boulevard de la Villette, à Paris. Il y fabrique, assez probablement, des machines à coudre Howe, sous licence. Le nom de sa machine est "La Gauloise".
2. En 1878, il dissous sa société parisienne, selon cet extrait du journal hebdomadaire des Archives commerciales de la France, paru le 27/01/1878, et trouvé sur l'excellent site Gallica:
La dissolution qui nous occupe est en bas à droite - (c) www.gallica.fr |
3. On le retrouve à Amiens, où il a déménagé ses activités en 1880. Voyez cet extrait de l'hebdomadaire "Le Panthéon de l'Industrie" publié cette année là (et également trouvé sur www.gallica.fr).
On y apprend notamment que la spécialité de cette maison est sa surjetteuse et que, s'il a quitté Paris pour Amiens, c'est parce que la main d'oeuvre y est meilleur marché.
On y apprend notamment que la spécialité de cette maison est sa surjetteuse et que, s'il a quitté Paris pour Amiens, c'est parce que la main d'oeuvre y est meilleur marché.
(c) www.gallica.fr |
4. Toujours en 1880, il dépose un nouveau brevet le 21 août, pour un nouveau système d'entraînement automatique pour la machine à coudre, permettant de ourler des sacs.
(c) Bulletin des lois de la République française. 1881-07 / www.gallica.fr |
Ce n'est pas le seul brevet qu'il déposera. En feuilletant le Bulletin des lois de la République française, j'ai aussi retrouvé les traces d'un brevet pour un nouveau modèle de selle de vélocipède à réglage automatique et d'un brevet pour un nouveau système de clé à serrer les écrous les machines.
Monsieur Strock n'est pas qu'un fabricant de machines à coudre, c'est surtout un constructeur-mécanicien "tout terrain"!
5. On le retrouve aussi dans l'annuaire commercial Firmin Didot et Bottin réunis de 1884 (toujours sur www.gallica.fr). On y apprend ainsi qu'outre les machines à coudre, Charles Adolphe Strock fabrique également des surjetteuses, des machines à percer, des tours et des machines spéciales à surjetter et à ourler les bâches et les sacs.
(c) www.gallica.fr |
6. L'usine d'Amiens, dont vous pouvez voir une photo de la façade ici, aurait été déplacée sur le boulevard du Port après 1892. Grâce aux informations contenues sur le site de la Région Nord Pas-de-Calais Picardie, nous pouvons même avoir une idée d'à quoi ressemblait cette usine, grâce à la gravure qui se trouve sur le papier à lettres de celle-ci.
Cette gravure est d'autant plus intéressante qu'elle mentionne les différentes produits réalisés par la firme:
* mécanique de précision, cycles et automobiles
* surjetteuses à gants, ourleuses, surjetteuses à sac
* vélocipèdes, depuis 1884.
Vu que ce papier à en-tête mentionne l'adresse du boulevard du Port, c'est qu'il date d'après 1892, et même d'après 1900, vu la date inscrite sur le papier ("190...")
7. L'usine change de nom et statut en 1903. Elle devient la Société anonyme dite Société Française de Construction de Cycles, Automobiles, Sujetteuses et Ourleuses. Encore une fois, merci Gallica!
(c) www.gallica.fr |
Je retrouve encore leur trace en 1904, où la SA fabriquait des motocyclettes et des automobiles Renault, mais après... plus rien!
Enfin si: cette belle affiche commerciale, malheureusement non datée! => https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Affiche_Cycles_Strock,_Amiens.jpg
Enfin si: cette belle affiche commerciale, malheureusement non datée! => https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Affiche_Cycles_Strock,_Amiens.jpg
PS: durant la première guerre mondiale, Amiens est brièvement occupée par les troupes allemandes en 1914, avant de devenir une ville d'arrière-front, qui accueille les réfugiés, les blessés (civils et militaires) et les soldats, tant français qu'étrangers, en permission. De nombreux bâtiments sont transformés en hôpitaux temporaires, tandis que d'autres sont détruits dans les bombardements. La ville est même évacuée en mars 1918. L'usine a t'elle survécu à la guerre?
D'après Google Street View, l'adresse "20 boulevard du Port, Amiens" correspond à un parc d'immeubles d'une quinzaine d'étages chacun, de construction "moderne" (années 70 je dirais) et probablement affectés à du logement.
Si jamais vous avez la moindre information sur ce sujet ou si vous êtes en possession d'une machine à coudre Strock dont les photos pourraient être partagées en ligne, n'hésitez pas à nous contacter via le formulaire de contact, en haut à droite de cet écran. D'avance un immense merci!
Bonne soirée,
Callisto
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