jeudi 1 septembre 2016

Partons à la découverte de machines à coudre produites à Bruxelles! ^^

Le blog fait, en ce premier septembre, lui aussi sa rentrée. Je vous invite à partir à la découverte d'anciennes machines à coudre fabriquées ici à Bruxelles, il y a plus d'un siècle, et de leurs fabricants. Car oui, après trois ans de recherches, j'ai enfin vu (sur photo) une machine produite dans la ville où j'habite!

Rétroactes: le 28 octobre 2015, je visitais le musée bruxellois "La Fonderie" et faisais connaissance avec la fabrique de machine à coudre bruxelloise de H. J. Petit (voir tout en bas de cet article). 



Je vous résume les informations que j'avais trouvées à l'époque, lors de mes recherches:

* L'usine se situait rue des Croisades, à Saint-Josse (l'une des 19 communes de l'agglomération bruxelloise), tout près de l'ancienne gare du Nord et donc de l'actuelle place Rogier.
 
* Cette usine a été fondée en 1862 et produisait, en 1874, près de 2.000 machines par mois. Sur ces 2.000 machines, seules 500 étaient destinées à la Belgique. Les 1.500 autres étaient exportées. Les prix allaient de 157 à 195 francs belge par machine, avec une garantie de 2 ans.

* De 1899 à 1901, l'usine est exploitée par Martin Rumpf, qui y fabrique des pièces automobiles. Après que celui-ci ait fait faillite, l'usine fabrique des chapeaux, avant d'être démolie en 1970.


Ca, c'est ce qu'on sait déjà. Maintenant, il y a du nouveau. 

1. En 1880, l'usine est exploitée par la société anonyme Janus, qui a son siège social au 14 rue des Croisades et qui fabrique des machines à tricoter, à broder et à coudre, ainsi que des appareils téléphoniques et de l'outillage et des outils de précision. Son directeur est F. Bastin, et ses machines ont remporté des médailles aux Expositions de Paris en 1867 et en 1878, à Vienne en 1873 et à Philadelphie en 1876. Elles sont aussi exposées dans la galerie des machines de la section belge à l'exposition Universelle d'Anvers en 1885.

On peut lire dans les comptes-rendus de l'Exposition Universelles de Paris de 1878 que : "c'est grâce aux perfectionnements continus qui ont été apportés dans l'outillage, que les produits de la société anonyme Janus jouissent d'une faveur qui s'accroît de jour en jour et que, par le chiffre de sa production, elle tend à prendre place parmi les plus importantes fabriques similaires du continent. Son succès est dû à la bonne exécution des diverses pièces de la machine et aussi à certaines améliorations. Par exemple, dans la machine polytype pour cordonniers, les constructeurs bruxellois communiquent directement le mouvement de l'arbre moteur à l'aiguille et à la griffe d'entraînement ; ils suppriment ainsi les longs bras de leviers dont les vibrations produisent une couture peu régulière et sont cause que, parfois, l'aiguille saute des points. Ils ont aussi perfectionné considérablement le travail des machines à tricoter."


2. La firme Janus semble être mêlée de près ou de loin avec la firme H.J. Petit. Voyez par vous-même, avec les photos de cette machine à coudre de type "Cornely" qui a été produite à Bruxelles, que m'a très aimablement envoyé Herman, un collectionneur hollandais:
(c) H. Sodenkamp


 
(c) H. Sodenkamp


(c) H. Sodenkamp


3. Grâce à Herman, je me suis également intéressée de plus près à Martin Rumpf. Les informations dont nous disposons sont qu'il aurait été installé à Paris, où il produisait, à partir de 1889 la machine à coudre "L'Incomparable", après avoir racheté le brevet déposé le 22 janvier 1886 à Leipzig par Wilhelm von Pitteler.

Ce Martin Rumpf parisien est le même que notre Martin Rumpf de la rue des Croisade. Il quitte la France et s'installe en Belgique en 1891, où il fonde la société "Le Progrès Industriel", où il produit, comme ces prédécesseurs, des machines à coudre, notamment "La Merveilleuse" 

(c) U. Niggemann

Il tentera de commercialiser en 1899 trois modèles de voitures (une petite à 5cv, un modèle intermédiaire à 7cv et un gros modèle à 14cv), mais ce sera un échec, ses voitures étant fort difficiles à conduire. La production s'arrête d'ailleurs dès 1901.

Vous pouvez voir à qui ressemblait l'une de ses voitures via ce lien => http://www.antiqbrocdelatour.com/Les-collections/voitures-anciennes/1-images/Rumpf.jpg


Après cet échec, il se spécialise dans les machines-outils et dans les tours en particulier. Il déménage aussi son usine vers Lot, au sud de Bruxelles, vers 1910.

Martin, qui est aussi un inventeur, acquiert la nationalité belge vers 1923-1924. A cette époque, il était domicilié à Uccle. Il est fait Grand Officier de l'Ordre de Léopold II en 1948.


4. Herman a également attiré mon attention sur le fait que des machines à coudre de type Cornély sont fabriquées à Bruxelles depuis 1897, par la firme Titan.

Par curiosité, je suis allée faire une photo de l'entrée de leur atelier:

 


5. Nous avons également appris au passage que Ercole Cornély, qui est au départ un revendeur français de machines à coudre Willcox & Gibbs (depuis 1875) s'est lui aussi établi en Belgique, vu que nous avons retrouvé une source selon laquelle il aurait ouvert, avec ses fils,  un magasin à Bruxelles en 1905.


Voilà donc les nouvelles. Et promis, si je trouve autre chose, je vous tiens au courant!

Je tiens à remercier du fond du coeur Ursel et Herman pour l'aide et le soutien qu'ils m'ont apportés lors de mes recherches et lors de la rédaction de cet article. Un tout grand merci à vous deux ^^

Bonne fin de journée,

Callisto

1 commentaire:

  1. Mon Grand-Père était chapelier rue des Guildes à Saint-Josse.
    Mon Oncle était Maître Tailleur rue Royale.
    C'est dire que ce sujet m'a fort intéressé et que cet article, précis et bien documenté, m'a appris des détails historiques que j'ignorais...

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