Bruxelles, 1850. La révolution industrielle bat son
plein. La Belgique va connaître une croissance économique exceptionnelle et
fera partie des pays industrialisés les plus prospères de cette époque.
Paradoxalement, la Belgique sera également l’un des
pays industrialisés où les conditions de travail seront les plus dures, et où
la législation sur le travail sera la moins développée, n’ayant d’autre buts
que de mettre fin aux abus les plus criants.
Bien que conscients de la misère dans laquelle vit
la plupart des travailleurs, tant le
gouvernement de l’époque que les parlementaires (qui sont principalement des
représentants de la bourgeoisie et de l’aristocratie) refusent d’intervenir. Ils
sont, en effet, opposés à toute forme d'intervention de l'Etat dans la vie
économique et sociale, de par leurs convictions en la liberté d'entreprendre,
la liberté d'échange et la liberté de contrat entre les employeurs et les
employés.
Les conditions de travail sont des plus précaires :
on travaille, dans des lieux de travail le plus souvent insalubres, jusqu’à 16h
par jour, pour un salaire journalier moyen de 3 francs 50 pour les hommes, 1
francs 50 pour les femmes et 0.50 francs pour les enfants.
On notera, qu’à l’époque, le pain d’un kilo coute
40 centimes, un œuf, 10 centimes et un manteau pour dame, 30 francs. Les machines à coudre, selon le modèle et le fabricant, se vendent entre 90 et 225 francs au comptant ou peuvent également être achetée à crédit moyennant un remboursement de 2.5 à 3 francs par semaine.
On notera également que le travailleur pouvait
prendre un jour (ou deux demi-jours) de congé (« d’absence non-rémunérée »
serait plus exact) par semaine de 6 jours. Cela ne le dispensait pas de se
rendre sur son lieu de travail afin de vérifier que son remplacement était
effectivement là. En l’absence de ce dernier, le travailleur était tenu de
prester malgré tout sa journée.
La loi créant la Caisse de Retraite est votée en
1850. Toute personne ayant 10 années de service et ayant atteint l’âge de 60
ans peut être admise à la retraite (d'un montant de 365 francs par an, autrement dit 1 franc par jour). On notera que l’espérance de vie à la
naissance, à cette époque, ne dépasse pas les 50 ans, la mortalité infantile tourne autour des 180 pour mille (contre 4 pour 100 aujourd'hui) et que la mortalité des
femmes en couches atteint les 200 pour mille (contre 0.08 pour mille aujourd’hui).
Si le progrès économique est une réalité dès 1850,
il faudra attendre les années 1880 pour qu’il s’accompagne d’un quelconque
progrès social.
Les premières dispositions relatives à la durée du
travail sont prises après les grèves de 1886 : la durée quotidienne du
travail est limitée à 12h30 pour les adultes, 6h30 pour les enfants de 10 à 14
ans, et 10h30 pour les adolescents entre 14 et 18 ans. Le travail des enfants
de moins de 10 ans est interdit.
Il faudra encore attendre 1905 pour le législateur instaure
le repos dominical, 1911 pour que le travail de nuit des femmes et le travail
souterrain des jeunes de moins de 14 ans soit interdit, 1921 pour l’introduction
des 8 heures par jour et des 48 heures/semaine, 1936 pour la loi sur les congés
payés (6 jours par 12 mois de travail !) et 1955 pour la semaine des 5
jours.
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