Le métropolitain bruxellois - Un projet de chemin de fer électrique souterrain.
Le texte ci-dessous est la retranscription d'un article paru dans le journal "La Réforme" du 4 octobre 1893
Le texte ci-dessous est la retranscription d'un article paru dans le journal "La Réforme" du 4 octobre 1893
La
topographie très accidentée de Bruxelles, l'insuffisance des moyens de
communication entre le bas et le haut de la ville qui en résulte, ainsi
que l'embarras sans cesse croissant de la circulation dans les artères
principales, ont suggéré à Monsieur Alphonse Müllender un projet de
chemin de fer souterrain destiné à desservir les principaux quartiers à
l'instar du métropolitain de Londres.
Cette conception, essentiellement moderne, a fait l'objet d'une intéressante conférence donnée lundi soir à l'Union Syndicale.
L'itinéraire des deux circuits.
Le
premier circuit souterrain, la ligne mère de cette exploitation, que
Monsieur Müllender propose, mesure 6.140 mètres de longueur et
desservirait 11 stations creusées aux endroits suivants: gare du Nord,
place de Brouckère, Point Central, galeries Saint-Hubert, place Royale,
porte de Namur, gare du Luxembourg, rue de la Loi, place
Saint-Josse-ten-Noode, place Surlet de Chokier et porte de Schaerbeek.
Ce
circuit devrait être établi dans la couche d'argile ypresienne qui y
forme un lit de terre glaise presque plat à une profondeur de 30 mètres
en moyenne.
Un embranchement de 3.400 mètres de longueur est
prévu, reliant la station de la porte de Namur à la gare du Midi et
s'amorçant d'autre part avec le tronçon du circuit principal, établi
sous les rues Neuve, des Fripiers et du Midi.
Le double tunnel métallique.
Ce double circuit serait formé de deux tunnels distincts: l'un réservé à la voie montante, l'autre à la voie descendante.
Cette
disposition qui garantirait la sécurité des voyageurs serait destinée,
au surplus, à assurer la ventilation des tunnels dans lesquels les
trains lancés dans le même sens feraient l'office de piston renouvelant
constamment l'air.
La traction des convois étant effectuée à l'électricité, l'inconvénient des fumées serait écartée.
Creusés
à 20 ou 30 mètres du sol, les tunnels ne compromettraient nullement la
solidité des égouts et des diverses canalisations publiques.
Ils
seraient formés d'un tube métallique de trois mètres cinquante de
diamètre, immense canon constitué d'anneaux ajoutés bout à bout, au fur
et à mesure de l'avancement des travaux.
Trois de ces anneaux, en grandeur d'exécution, seront prochainement exposés à Bruxelles.
Un
rail spécial placé à l'intérieur de la voie transmettrait à la machine
le courant électrique emprunté à l'usine établie rue du Remorqueur.
Le service des trains - Gigantesques travaux.
Les gares, les trains et le tunnel seraient éclairés à l'électricité.
Toutes
les deux minutes et demie, il y aurait, dans toutes les stations du
réseau, un train en partance dans les deux directions.
La vitesse
de ces convois électriques, qui transporteraient les voyageurs en
quelques minutes d'un bout à l'autre du circuit, ne dépasserait pas 40
kilomètres à l'heure. La durée du service prévue par le projet est
de 18 heures par jours. Le prix unique pour tous les trajets est de 20
centimes en deuxième classe et de 30 centimes en première classe.
Ce travail
colossal, qui pourra être exécuté sans bouleverser la voie publique et
sans ouvrir de tranchées, serait poursuivit nuit et jour. Deux brigades d'ouvriers seraient attachés aux travaux. La
construction du double tunnel pourrait être entamée à la fois par tous
les puits creusés à l'emplacement des gares. Enfin, on calcule qu'il
faudrait moins de deux ans pour terminer cette vaste entreprise.
Chaque station sera pourvue d'ascenseurs et de deux escaliers, mis à la disposition des personnes peureuses.
L'entreprise et les pronostics.
Tel
est le projet de railway souterrain proposé par Monsieur Müllender. La
population de Bruxelles est suffisamment dense que pour nécessiter la
création de ce métropolitain.
On prétend que le nombre de passants
qui sillonnent la place de Brouckère en un jour est d'un million en
moyenne. Ne croit-on pas que 10 ou 20 millions de personnes au moins par
année emprunteraient le railway souterrain pour se faire transporter
presque instantanément d'un bout à l'autre de la ville?
A l'abri
des intempéries, de la poussière et de la boue, les trains électriques,
très confortables, éclairés, glissant dans les tunnels en métal comme
l'obus dans l'âme d'un canon, réalisent l'idéal des moyens de transport à
l'intérieur des grandes villes.
Le cout du métropolitain bruxellois.
La
création de la double circulation, mesurant ensemble 9.540 mètres de
longueur et de tout l'appareil nécessaire au fonctionnement de cet
important service public, couterait 25 ou 30 millions de francs.
Nous complétons cette retranscription par un extrait du journal "La Réforme" du 13 octobre 1893, qui nous apprend que: "Nous
avons décrit dernièrement le projet de chemin de fer souterrain conçu
par Monsieur Müllender. Quelques anneaux du double tunnel métallique que
l'on propose d'établir sous la capitale sont exposés en ce moment dans
un terrain voisin du Parc Léopold. Ce court tronçon de tunnel est un échantillon du tube construit sous Londres par la City and South London Railway."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.