Tramways de Charleroi, demande de concession vers Couillet, 6 novembre 1906

Tramways électriques du Pays de Charleroi et Extensions
Société anonyme

Bruxelles, le 6 novembre 1906,

Monsieur le Ministre,

Vous nous avez fait savoir que, par suite de l'opposition du département des Chemins de fer, le Gouvernement ne pouvait donner suite à notre projet de tramway de Charleroi à Châtelet déposé le 3 mars dernier.
En conséquence, nous avons modifié notre étude en vue de supprimer la partie du tracé parallèle au chemin de fer de l'Etat, arrêtant nos voies en face des établissements de la Société Métallurgique de Couillet, à Couillet.
Toutefois, comme ce projet modifié ne présentait plus une importance suffisante pour justifier l'octroi d'une concession indépendante, nous avons prévu une extension de notre ligne vers la Queue de Couillet par la route de Philippeville. L'important village de la Queue de Couillet n'est desservi par aucune ligne de chemin de fer.
Nous avons également ajouté au projet de cahier des charges un chapitre nouveau prévoyant une participation à concurrence de 120.000 francs dans les dépenses à faire éventuellement par l'Administration des Chemins de fer de l'Etat pour la suppression des passages à niveau des routes empruntées par le tramway.
Nous avons l'honneur de vous remettre ci-joint notre projet ainsi modifié. Nous espérons que vous voudrez bien examiner notre nouvelle étude avec bienveillance.

Signé: un administrateur, Empain.


Projet de cahier des charges relatif à la construction d'un tramway électrique de Charleroi à la Queue de Couillet avec embranchement vers le centre de Couillet.

Conditions générales: l'entreprise a pour objet la construction, l'entretien et l'exploitation d'une ligne de tramway électrique de Charleroi à la Queue de Couillet avec embranchement vers le centre de Couillet.
Cette ligne partira de la station de Charleroi-Sud, empruntera jusqu'au Pont de l'Ecluse à Charleroi les voies du tramway de Charleroi à Gilly et à Montigny-sur-Sambre, suivra la rue Habart, la chaussée de Philippeville jusqu'à la Queue de Couillet. Un embranchement suivra la rue de Châtelet à Couillet jusqu'aux établissements de la Société Métallurgique de Couillet.


Mémoire descriptif.

Depuis la station de Charleroi-Sud jusqu'au pont de l'Ecluse à Charleroi, la ligne nouvelle emprunte les voies existantes du tramway de Charleroi à Gilly et à Montigny-sur-Sambre.
Empruntant ensuite le viaduc à construire par l'Administration des chemins de fer de l'Etat au-dessus des voies de la ligne de Charleroi à Namur, la ligne se dirigera par la rue Habart, la route de Philippeville à Marcinelle et suivra la route de Philippeville jusqu'à la Queue de Couillet, à l'entrée du bois de Loverval. L'embranchement aura son origine à l'entrée de la rue de Châtelet et suivra cette route jusqu'aux établissements de la Société Métallurgique de Couillet.
La ligne projetée établira un moyen de communication facile et rapide entre Charleroi et le Bois de Loverval, qui est le lieu de promenade le plus rapproché de la Ville. En même temps, le village important de la Queue de Couillet actuellement dépourvu de tout moyen de transport en commun, sera relié à la Ville et, grâce l'embranchement, au centre de la commune dont il fait partie.
Le tramway mettra ainsi à la disposition des habitants du centre de Couillet un service de trains à intervalles très rapprochés, qu'il ne serait pas possible d'établir sur le chemin de fer sans risquer de gêner le trafic très important de cette ligne qui fait partie du réseau international.
L'importance des établissements industriels situés sur la rive droite de la Sambre rend nécessaire de mettre également à la disposition des ouvriers se rendant à leur travail un mode de transport rapide et économique.
La ligne sera construite à double voie partout où la chose sera possible sans entraver la circulation publique. Le tracé, d'une longueur totale de 4.900 mètres, comprend 4.400 mètres sur la grande voirie et 500 mètres sur la petite voirie.
Annexé à notre lettre de ce jour à Monsieur le Ministre de l'Agriculture, le 6 novembre 1906.
Signé: un administrateur, Empain.