mardi 14 juillet 2020

"Correspondances et billets d'ordre", 14 juillet 1874 ^^

L'ancienne presse belge numérisée regorge de détails parfois oubliés des historiens traminots, vu que ces "petites histoires" ne sont pas relatées dans les rapports annuels des sociétés de transport concernées. Aujourd'hui, je vous cet extrait de "L'Echo du Parlement" du 14 juillet 1874, qui nous fait part de ses interrogations quant à l'absence de tickets de correspondance entre les différentes compagnies de tramways américains et à l'absence de distributions de "billets d'ordre" lors de l'attente des tramways aux arrêts les plus fréquentés.

Bonne lecture!
 

Hier a été inauguré le tramway d'Ixelles Etterbeek, par la chaussée de Vleurgat, jusqu'au Bois de la Cambre.

A propos de ce fait, nous croyons utile d'émettre ici quelques réflexions, dont nous espérons que les intéressés feront leur profit au grand avantage du public.
Le tramway qui se dirige vers le Bois par Ixelles a son point de départ à l'angle du boulevard et de la rue du Trône, en face des écuries du Roi. A quelques mètres de cet endroit, passe la ligne de la compagnie Morris, qui fait le trajet du Bois jusqu'à la rue Teniers, par l'avenue Louise, le boulevard de Waterloo, la place des Palais et la rue Royale.

A quelques mètres encore, à l'intersection du boulevard et de la rue Royale, on trouve la station d'une troisième ligne d'omnibus américains qui fait le tour de la ville et se croise à l'angle de la rue de la Loi avec une voie qui se dirige vers le champs des Manoeuvres, où l'on retrouve le service d'Etterbeek - Ixelles, regagnant lui-même par la chaussée d'Auderghem et la chaussée de Wavre l'ancienne porte de Namur.

Il y a là 5 ou 6 services distincts faits par trois compagnies: la compagnie Morris, la compagnie Brésilienne et la compagnie Becquet frères. Ces diverses exploitations fonctionnent d'une façon convenable et probablement lucrative. Mais il y a quelque chose d'excentrique et d'incommode dans ce fait de la concentration de trois lignes sur un seul point, sans aucune communication entre elles.

Le voyageur venant du Bois par Ixelles et se rendant à la station du Nord doit quitter un premier omnibus à la rue du Trône et en prendre un second à la rue Belliard, ou bien prendre celui de la compagnie Morris à la place du Trône et en reprendre un troisième à la porte de Schaerbeek. Ces transbordements sont une cause d'embarras et de dépenses qu'à notre avis on pourrait éviter.
Plan du réseau de transports en commun bruxellois - été 1874







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Pourquoi la ligne de la rue du Trône n'est pas pas reliée à celle de la place du Trône et à celle de la rue Belliard? Pourquoi les deux lignes qui aboutissent au champs des Manoeuvres ne sont elles pas reliées également?La réponse est facile à prévoir: il y a 3 compagnies qui exploitent, et chaque compagnie a sa voie spéciale. Mais c'est précisément dans ladite réponse que gît la singularité du fait. Nous ne demandons pas que les compagnies fusionnent, ce qui arrivera tôt ou tard par la force des choses, mais que les compagnies s'entendent entre elles pour relier leurs lignes et émettre en commun des billets de correspondance qui permettent la circulation sur tout le parcours du tramway. En d'autres termes, on pourrait prendre ses coupons au Bois jusqu'à la gare du Nord et vice-versa. Il n'y a là qu'une comptabilité à organiser, sur le modèle de celle des chemins de fer.

L'utilité d'une semblable combinaison saute aux yeux, mais il est une mesure aussi indispensable et que nous sommes tous les jours plus surpris de ne pas voir introduire. Tous ceux qui vont au Bois, ou plutôt ceux qui en reviennent, sont témoins des scènes de désordre qui se passent au départ des omnibus. Ceux-ci sont littéralement pris d'assaut, et on y laisse s'entasser deux fois plus de monde qu'ils ne peuvent en contenir. Puis les voitures sont chargées jusqu'à l'excès et se suivent parfois de si près, que lorsque la première s'arrête, les chevaux de la seconde vont se heurter à la plate-forme, au risque d'amener les plus graves accidents.

N'y a t'il pas des règlements, ou s'il y en a, pourquoi ne sont-ils pas exécutés?
En tout cas on devrait, comme à Paris, délivrer tout au moins à cet endroit des numéros d'ordre aux voyageurs. De la sorte, chacun aurait sa place dans l'omnibus à son tour, au lieu de la devoir à la force de ses poignets et de ses coudes, et l'on ne verrait plus se reproduire les bagarres dont la sortie du Bois est le théâtre.

Les chemins de fer américains ont pris rapidement à Bruxelles un développement considérable et les compagnies devraient se rappeler que "
succès oblige".

Nous leur soumettons en toute confiance les observations qui précèdent et qui mériteraient aussi d'attirer l'attention de l'édilité.

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