Je vous avais déjà parlé des "locomotives de tramway", ces véhicules à vapeur spécialement construits pour remorquer des voitures de tramways, dans mon article consacré aux Ateliers métallurgiques de Tubize.
Etant du genre têtue, j'ai continué mes investigations et voici ce que j'ai découvert ^^
1. Il n'y avait pas qu'une seule ligne de tramways à vapeur à Bruxelles, mais plusieurs:
* la ligne "Place Surlet de Chokier - cimetière de Bruxelles" (1883 - 1889, reprise par la Société nationale des chemins de fers vicinaux en tant que la ligne "Bruxelles - Sterrebeek")
* les lignes "Porte de Namur - Place Ste Croix - rond point de la Petite Suisse - Café du Lac" (1884 - 1889 aussi) exploitées par la Société anonyme du "Chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles - Boendael".
Des essais de traction par la vapeur furent également réalisés sur la ligne Schaerbeek - Bois de la Cambre exploitée par les Tramways Bruxellois (1878-1889).
2. Les premiers essais de traction à vapeur avaient commencé dès décembre 1873. On peut ainsi lire, dans le journal "La Meuse" du 19 décembre 1873:
Dans la nuit de lundi à mardi, la compagnie des omnibus américains a fait, sur le boulevard Central, à Bruxelles, un nouvel essai d'une machine à vapeur destinée à remplacer les chevaux. Plusieurs membres de l'administration communale assistaient à cette expérience. La machine consiste en une locomobile dont la roue de devant est garnie de gutta-percha (= une gomme issue du latex) pour éviter le choc du pavé.
L'expérience n'a point paru concluante. En tous cas, nous engageons vivement nos édiles à ne pas autoriser à la légère la compagnie à opérer la substitution qu'elle recherche dans un but d'économie. Nous les engageons surtout à ne pas se décider d'après les expériences faites la nuit, alors que les voies sont absolument désertes. En effet, la solution du problème n'est pas dans la découverte d'une machine propre à trainer les omnibus, mais elle consiste surtout à éviter les dangers que semblable locomotion offrirait dans les rues de Bruxelles, où la circulation toujours croissante devient chaque jour plus difficile et plus dangereuse.
Les compagnies d'omnibus américains jouissent déjà de suffisamment de privilèges et d'avantages pour qu'on ait le droit de se montrer scrupuleux à leur égard, lorsqu'il s'agit de la sécurité de tous.
3. Évoluant en milieu urbain, les locomotives de tramways devaient produire le moins de bruit et de fumée possible. Leurs chaudières étaient donc alimentées en coke et non en charbon (de manière à rendre leur fumée incolore). Pour les mêmes raisons, ces véhicules étaient équipées d'un condensateur qui renvoyait l'eau vers la chaudière de manière à produire le moins de vapeur possible. Leur vitesse ne dépassait pas les 16km/h et était volontairement limitée pour des raisons de sécurité.
Dans la nuit de lundi à mardi, la compagnie des omnibus américains a fait, sur le boulevard Central, à Bruxelles, un nouvel essai d'une machine à vapeur destinée à remplacer les chevaux. Plusieurs membres de l'administration communale assistaient à cette expérience. La machine consiste en une locomobile dont la roue de devant est garnie de gutta-percha (= une gomme issue du latex) pour éviter le choc du pavé.
L'expérience n'a point paru concluante. En tous cas, nous engageons vivement nos édiles à ne pas autoriser à la légère la compagnie à opérer la substitution qu'elle recherche dans un but d'économie. Nous les engageons surtout à ne pas se décider d'après les expériences faites la nuit, alors que les voies sont absolument désertes. En effet, la solution du problème n'est pas dans la découverte d'une machine propre à trainer les omnibus, mais elle consiste surtout à éviter les dangers que semblable locomotion offrirait dans les rues de Bruxelles, où la circulation toujours croissante devient chaque jour plus difficile et plus dangereuse.
Les compagnies d'omnibus américains jouissent déjà de suffisamment de privilèges et d'avantages pour qu'on ait le droit de se montrer scrupuleux à leur égard, lorsqu'il s'agit de la sécurité de tous.
3. Évoluant en milieu urbain, les locomotives de tramways devaient produire le moins de bruit et de fumée possible. Leurs chaudières étaient donc alimentées en coke et non en charbon (de manière à rendre leur fumée incolore). Pour les mêmes raisons, ces véhicules étaient équipées d'un condensateur qui renvoyait l'eau vers la chaudière de manière à produire le moins de vapeur possible. Leur vitesse ne dépassait pas les 16km/h et était volontairement limitée pour des raisons de sécurité.
4. Voici la locomotive de tramway fabriquée à Tubize:
Elle fut testée par les "Tramways Bruxellois" en 1875-1876. Ce type de locomotive pesait
+/- 6 tonnes et permettait un parcours de 6 à 7 km. Jugée fort bruyante
et effrayant les attelages, le projet fut abandonné... mais pas bien longtemps.
Un nouveau modèle de locomotive de tramway (à trois essieux, voir photo ci-dessous), fait son apparition et est mis en service sur la ligne qui relie la place Stéphanie à Uccle, en 1879:
Un nouveau modèle de locomotive de tramway (à trois essieux, voir photo ci-dessous), fait son apparition et est mis en service sur la ligne qui relie la place Stéphanie à Uccle, en 1879:
Cette machine faisait 8.7 tonnes "en charge" (eau et coke compris) et remorquait sans aucun problème une remorque de 16 places assises. Il fallait deux hommes pour conduire le convoi: un chauffeur et un mécanicien. Pensée pour remplacer la traction chevaline, il est vite apparu que la traction à vapeur était, tout compte fait, tout aussi onéreuse.
5. Encore quelques photos...
5.1. Ici un modèle de locomotive de tramway ayant servi quelques semaines sur la ligne des boulevards du haut de la Ville, en 1877. Ce remorqueur avait une chaudière qui avait une capacité extrêmement réduite et il devait donc faire des arrêts fréquents afin de se ravitailler en eau, ce qui compromettait la régularité du service.
5.2. Le dépôt d'Evere (lignes de la société "Bruxelles-Ixelles-Boendael"), et ses locomotives de tramways:
5.3. Ci-dessous, les plans d'une locomotive de tramway dite "Tubize 1894" destinée au tramway parisien:
5.4. Une très belle carte postale représentant une locomotive de tramway à trois essieux:
5.5. Une ancienne carte postale parisienne où l'on peut apercevoir un tram à vapeur => cliquer ici
6. Une petite recherche sur internet m'a vite permis de me rendre compte que ces locomotives de tramway avaient été bien plus répandues que ce que l'on pourrait croire. Il y a d'ailleurs un tas de ces véhicules qui ont survécu à l'usure et au temps (ah, les anciennes technologies ^^ Elles étaient faites pour durer ^^). Vous pouvez accéder à une liste des chemins de fer à vapeur et des locomotives "qui existent encore de nos jour" => il faut juste cliquer là.
Leur site est en anglais mais très bien fait, avec plein de photos (il suffit de cliquer dessus pour les agrandir).
Cette dernière a été rénovée et présentée au public lors du Festival de la Vapeur de l'ASVI, le 15 août 2018.
Locomotive de tramway HL303, construite aux Ateliers Métallurgiques de Tubize en 1888. |
Bonne soirée,
Callisto
Bonjour, où se situait le dépôt d'Evere sur la photo ? Merci d'avance pour votre réponse
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerCe dépôt se trouvait sur une parcelle de terrain donnant sur la chaussée de Louvain, à l'angle avec l'avenue du Cimetière.
Bonne soirée ^^