Je vous avais déjà parlé d'une fabricant de voitures de tramways (J. G. Brill). En voici un second, et pas le moindre! Il s'agit des "Ateliers Métallurgiques".
1. Présentation.
Je commence cet article en présentant deux photos d'une motrice de tramway qui est sortie de ces "Ateliers": la 1305, qui est actuellement visible au Musée du Tram bruxellois.
Ces photos ont été prises lors de la sortie sous la neige du 27 décembre 2014.
1. Présentation.
Je commence cet article en présentant deux photos d'une motrice de tramway qui est sortie de ces "Ateliers": la 1305, qui est actuellement visible au Musée du Tram bruxellois.
Ces photos ont été prises lors de la sortie sous la neige du 27 décembre 2014.
Elle a été produite en 1910 et elle roule toujours très bien malgré son grand âge ;-)
2. Fondation des "Ateliers".
Tout commence en 1844, quand Joseph-Emmanuel Zaman rachète les différentes carrières de Quenast et les fusionne en une seule. Les carrières de Quenast sont connues mondialement pour l'extraction du porphyre, une roche dans laquelle sont taillés des pavés, qui, entre autre, recouvrent la Grand-Place de Bruxelles.
Peu importe le porphyre, en fait, car ce qui nous intéresse, c'est que J-E Zaman est autorisé, en 1848, à se construire une ligne de chemin de fer privée afin de faciliter l'acheminement des pavés depuis la carrière jusqu'au canal Bruxelles-Charleroi.
Il se crée dans la foulée un atelier pour la réparation du matériel roulant, situé à Tubize (à l'emplacement de l'actuel Centre Culturel).
L'atelier est cédé à la « Société Minière et Métallurgique de la Sambre » en 1853, qui déménage les infrastructures dans la rue de l'Industrie (1854) et se lance, forte de 60 ouvriers, dans la construction de matériel ferroviaire. La première machine sort de l'usine en 1861.
En 1870, l'entreprise compte 350 ouvriers et a déjà produit plus de 200 machines, qui ont été livrées en France, en Grèce et en Egypte. La renommée des "Ateliers" devient mondiale, surtout avec la mise au point d'une locomotive dite "de tramway" pour voie métrique, sur demande de la société nationale des chemins vicinaux. Les "Tramways Bruxellois" (future STIB) testent également cette "locomotive de tramway" sur la ligne qui relie Schaerbeek au Bois de la Cambre, en 1878. Ce type de locomotive pesait +/- 6 tonnes et permettait un parcours de 6 à 7 km. Jugée fort bruyante et effrayant les attelages, le projet fut abandonné.
L'usine est agrandie en 1895, et elle fête cette année là la production de sa 1.000ème locomotive.
En 1905, les ateliers de Tubize, de Nivelles et ceux de la Sambre fusionnent et deviennent la société anonyme "Les Ateliers Métallurgiques".
3. La SA "Les Ateliers Métallurgiques".
La 2.000ème locomotive sort d'usine en 1910. L'usine occupe alors près de 550 travailleurs et elle exporte ses véhicules au niveau mondial: Pays-Bas, Danemark, Chine, Chili, Afrique du Sud, Brésil... Les chemins de fer belges, la société nationale des chemins vicinaux et la compagnie internationale des wagons-lits font partie de ses clients.
La première guerre mondiale vient mettre un terme à cette période florissante: les machines-outils sont démontées et envoyés en Allemagne.
Après la guerre, l'atelier (qui n'emploie plus que 275 travailleurs) se concentre sur les réparations aux véhicules existants.
La crise des années 30 et l'électrification des chemins de fers imposent à l'entreprise de se tourner vers d'autres débouchés: pont roulants, grues, ponts, charpentes, matériel de manutention, chaudrons, ressorts, boulons,...
J'ai retrouvé quelques photos de l'usine à cette époque:
L'atelier de Tubize est détruit dans un bombardement allemand, en date du 10 mai 1940. Son activité en est extrêmement réduite. Elle est reconstruite (et modernisée au passage) et reprend ses activités en 1945, avec 850 ouvriers et une centaine d'employés. Mais les commandes ne suivent pas: la plupart des demandes concernent des réparations au matériel roulant existant.
Les "Ateliers" sont incorporés en 1956 dans la SA "Brugeoise et Nivelles" ("BN", en abrégé).
Le site de Tubize est fermé en 1958 et celui de Nivelles en 1989, après le rachat de la SA "Brugeoise et Nivelles" par la société Bombardier.
Au total, les "Ateliers" ont produit près de 2300 locomotives, donc 585 pour l'Etat Belge (SNCB). Je ne connais pas les statistiques de production pour les tramways.
4. Quelques liens:
* Un historique beaucoup plus détaillé que le mien, sur le site tubize2002
2. Fondation des "Ateliers".
Tout commence en 1844, quand Joseph-Emmanuel Zaman rachète les différentes carrières de Quenast et les fusionne en une seule. Les carrières de Quenast sont connues mondialement pour l'extraction du porphyre, une roche dans laquelle sont taillés des pavés, qui, entre autre, recouvrent la Grand-Place de Bruxelles.
Peu importe le porphyre, en fait, car ce qui nous intéresse, c'est que J-E Zaman est autorisé, en 1848, à se construire une ligne de chemin de fer privée afin de faciliter l'acheminement des pavés depuis la carrière jusqu'au canal Bruxelles-Charleroi.
Il se crée dans la foulée un atelier pour la réparation du matériel roulant, situé à Tubize (à l'emplacement de l'actuel Centre Culturel).
L'atelier est cédé à la « Société Minière et Métallurgique de la Sambre » en 1853, qui déménage les infrastructures dans la rue de l'Industrie (1854) et se lance, forte de 60 ouvriers, dans la construction de matériel ferroviaire. La première machine sort de l'usine en 1861.
Les "Ateliers", Tubize, en 1938 |
En 1870, l'entreprise compte 350 ouvriers et a déjà produit plus de 200 machines, qui ont été livrées en France, en Grèce et en Egypte. La renommée des "Ateliers" devient mondiale, surtout avec la mise au point d'une locomotive dite "de tramway" pour voie métrique, sur demande de la société nationale des chemins vicinaux. Les "Tramways Bruxellois" (future STIB) testent également cette "locomotive de tramway" sur la ligne qui relie Schaerbeek au Bois de la Cambre, en 1878. Ce type de locomotive pesait +/- 6 tonnes et permettait un parcours de 6 à 7 km. Jugée fort bruyante et effrayant les attelages, le projet fut abandonné.
L'usine est agrandie en 1895, et elle fête cette année là la production de sa 1.000ème locomotive.
En 1905, les ateliers de Tubize, de Nivelles et ceux de la Sambre fusionnent et deviennent la société anonyme "Les Ateliers Métallurgiques".
3. La SA "Les Ateliers Métallurgiques".
La 2.000ème locomotive sort d'usine en 1910. L'usine occupe alors près de 550 travailleurs et elle exporte ses véhicules au niveau mondial: Pays-Bas, Danemark, Chine, Chili, Afrique du Sud, Brésil... Les chemins de fer belges, la société nationale des chemins vicinaux et la compagnie internationale des wagons-lits font partie de ses clients.
Annonce publicitaire parue en juillet 1914 |
La première guerre mondiale vient mettre un terme à cette période florissante: les machines-outils sont démontées et envoyés en Allemagne.
Après la guerre, l'atelier (qui n'emploie plus que 275 travailleurs) se concentre sur les réparations aux véhicules existants.
Publicité "Les Ateliers Métallurgiques", datant de 1926 (c) André Peeters |
La crise des années 30 et l'électrification des chemins de fers imposent à l'entreprise de se tourner vers d'autres débouchés: pont roulants, grues, ponts, charpentes, matériel de manutention, chaudrons, ressorts, boulons,...
J'ai retrouvé quelques photos de l'usine à cette époque:
la fonderie |
le bureau d'étude |
un hall de montage |
un autre hall |
L'atelier de Tubize est détruit dans un bombardement allemand, en date du 10 mai 1940. Son activité en est extrêmement réduite. Elle est reconstruite (et modernisée au passage) et reprend ses activités en 1945, avec 850 ouvriers et une centaine d'employés. Mais les commandes ne suivent pas: la plupart des demandes concernent des réparations au matériel roulant existant.
Les "Ateliers" sont incorporés en 1956 dans la SA "Brugeoise et Nivelles" ("BN", en abrégé).
Le site de Tubize est fermé en 1958 et celui de Nivelles en 1989, après le rachat de la SA "Brugeoise et Nivelles" par la société Bombardier.
Le site de Nivelles en 1938 |
Au total, les "Ateliers" ont produit près de 2300 locomotives, donc 585 pour l'Etat Belge (SNCB). Je ne connais pas les statistiques de production pour les tramways.
4. Quelques liens:
* Un historique beaucoup plus détaillé que le mien, sur le site tubize2002
* Un ancien catalogue de 1938
* Quelques photos, sur le site du Musée de la Photographie de Charleroi (cliquer sur la photo sur la page pour l'agrandir)
- Vue aérienne de l'usine de Nivelles
- Façade de l'usine
- L'atelier de couture (avec une belle machine à coudre à pédalier, comme je les aime ^^)
- Et finalement, un alignement de trains et de voitures de tramways (comme je les aime aussi ^^)
* Un chouette fascicule, en pdf, produit par la STIB retraçant l'histoire du transport public à Bruxelles (je vous conseille la page 4 ("essais de traction à vapeur" ^^)
* Quelques photos, sur le site du Musée de la Photographie de Charleroi (cliquer sur la photo sur la page pour l'agrandir)
- Vue aérienne de l'usine de Nivelles
- Façade de l'usine
- L'atelier de couture (avec une belle machine à coudre à pédalier, comme je les aime ^^)
- Et finalement, un alignement de trains et de voitures de tramways (comme je les aime aussi ^^)
* Un chouette fascicule, en pdf, produit par la STIB retraçant l'histoire du transport public à Bruxelles (je vous conseille la page 4 ("essais de traction à vapeur" ^^)
Je suis heureuse d'avoir appris qu'à défaut d'usine de machines à coudre en Belgique, nous avions au moins eu des usines qui produisaient des tramways!
L'autre petit "bonus", c'est que j'ai grandi à Rebecq, et que du jardin de la maison de mes parents, j'ai "vue" sur ces fameuses carrières de Quenast!
Bonne soirée,
Callisto
L'autre petit "bonus", c'est que j'ai grandi à Rebecq, et que du jardin de la maison de mes parents, j'ai "vue" sur ces fameuses carrières de Quenast!
Bonne soirée,
Callisto
Un tout grand merci pour cet article très intéressant.
RépondreSupprimerCe qui est assez incroyable, c'est qu'en un demi-siècle à peine, toute cette riche activité industrielle a disparu, et qu'il n'en reste pratiquement plus aucune trace, si ce n'est quelques noms de rues. Beaucoup de Tubiziens ou d'habitants de la région ignorent que, de ces ateliers, de nombreuses locomotives à vapeur ont été vendues dans le monde entier.
En uruguay existe y esta en funcionamiento dos grúas contraídas por ellos . Se ubican en el puerto de colonia del sacramento
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