Heinrich Schörling est né le 25 septembre 1872 à Brême. Fils d’un fabricant de cigarettes, il entame des études de mécanique. Une fois ses études terminées, Heinrich Schörling est engagé, en 1897, comme ingénieur aux Tramways de Hanovre (à l'époque "Straßenbahnen Hannover AG", aujourd'hui "Üstra"). Il porte une attention minutieuse à la propreté des rails, dont il va chercher à "automatiser" le nettoyage. La mise au point de sa nettoyeuse de rails est fastidieuse : sa toute première machine fonctionnelle ne voit le jour qu’en 1907. Le brevet est déposé le 25 mars. Elle ne comporte qu'une cuve, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous.
Dans l'Europe du début du siècle passé, les nouvelles circulent quasi aussi vite qu'aujourd'hui. Grâce aux services des postes et télégraphes, mais aussi des nombreux congrès, concours, foires et expositions qui sont organisés aux quatre coins du monde. Heinrich Schörling participe notamment aux congrès internationaux organisés par l’Union internationale des Tramways et des Chemins de fer d’intérêt local. Ces congrès, organisés sous la présidence du baron (et administrateur général des Tramways Bruxellois) Léon Janssen, réunissaient plusieurs centaines de participants, avec, parmi eux, de nombreux administrateurs de sociétés de tramways.
Heinrich Schörling y présente d’ailleurs, lors du congrès se tenant à Bruxelles du 6 au 11 septembre 1910, un exposé intitulé "l'utilité pour les exploitations de tramways électriques, de procéder à un nettoyage des rails à gorge, et les différentes méthodes de nettoyage aujourd'hui en usage".
Les sociétés de tramways de Cologne, d'Amsterdam et de Bruxelles sont les premières à demander à Heinrich Schörling de leur mettre au point une nettoyeuse de rails pour leur réseau. Ces véhicules sont commercialisés par la firme VIA (Vereinigte Isolatorenwerke Berlin AG), par ailleurs spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de diverses pièces techniques, comme par exemple des isolateurs de natures diverses (céramique, amiante, plastique, ...).
La nettoyeuse n° 25 des Tramways Bruxelles, livrée en 1910, devait probablement avoir un mécanisme intérieur à une seule cuve semblable à celui de sa grande sœur du réseau de Hanovre.
Visiblement, ces véhicules devaient donner satisfaction, parce que les commandes sont nombreuses. Heinrich Schörling continue à améliorer sa nettoyeuse de rails et, à partir de 1911, celle-ci va avoir un mécanisme intérieur modifié, comportant deux cuves au lieu d'une. Il faudra attendre 1914 pour qu'il se décide à rédiger une brochure qui présente le fonctionnement de sa nettoyeuse de rails.
Le conseil d’administration des Tramways Bruxellois donne son accord sur l’acquisition d’une seconde nettoyeuse de rails équipée du système "Schörling" le 8 janvier 1914. La commande est passée en juin de la même année, en même temps que des pièces destinées à "améliorer" la nettoyeuse n° 25. Cette commande ne sera jamais honorée, suite à l’invasion de la Belgique par les troupes allemandes le 4 août 1914.
Heinrich Schörling passe les 4 années de guerre aux Tramways de Hanovre. Il faut dire qu’à 42 ans, il est un peu âgé que pour être mobilisé et que sa présence, en tant qu’ingénieur en chef est plus que nécessaire.
Internationalement reconnu pour la qualité de son travail, Heinrich Schörling quitte les Tramways de Hanovre en 1920 afin de créer à Nordhafen sa propre société, la "Schörling Waggonbau GmbH", qui fabrique une gamme très variée de véhicules d'entretien pour les communes, les tramways et les chemins de fer (balayeuses, nettoyeuses, meuleuses de rails, véhicules destinés à l'entretien des lignes aériennes...). Il se spécialise également dans les réparations et rénovations de matériel de service, peu importe le fabricant d'origine. Il déménage son site de production vers Linden en 1926.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, son entreprise est, comme toutes les autres, victime des restrictions en matière première et en main d’œuvre. Son usine est touchée par les bombardements. Sa priorité est de maintenir l’activité ferroviaire sur les réseaux de tramways urbains. C’est pourquoi il recentre ses activités sur les véhicules destinés à l’entretien des lignes aériennes et sur les réparations au matériel roulant existant.
Après la guerre, il reprend ses activités de constructeur de véhicules spéciaux: nettoyeuses de rails électriques et pneumatiques, locomotives électriques, meuleuses de rail, arroseuses, grues ferroviaires, wagons et voitures de chemin de fer, …
Cette gamme de véhicules ne se limite pas au monde ferroviaire. Heinrich Schörling construit et commercialise également des camions poubelles, des balayeuses de rue, des chasse-neige, des camions-échelle, des dégivreurs pour avion et des camions de pompiers.
Il décède le 12 avril 1958. La route qui mène à son usine de Linden est alors rebaptisée "Schörlingstrasse".
La nettoyeuse de rails n° 25, renumérotée « 300 » en 1915, est démolie le 22 décembre 1960, dans les installations de la rue De Bonne.
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