jeudi 11 mai 2017

"Le Patriote Illustré", Historique des moyens de transport, 6 janvier 1889 ^^

Un ami m'a offert un exemplaire du "Patriote Illustré" paru le 6 janvier 1889. Celui-ci contient une grande gravure centrale qui retrace l'historique des moyens de transport en Belgique, de la préhistoire jusqu'aux essais de traction électrique par accumulateur.

Je commence par vous présenter la partie de la gravure qui me semble la plus intéressante, car on y voit:
* le dépôt de la chaussée de Haecht (en haut à gauche), 
* un cocher (en haut à droite), 
* le boulevard Anspach (en bas à gauche, avec encore le temple des Augustins à l'arrière plan) 
* et, au centre-droit, la chevaline 7 de la compagnie Morris (aussi appelée "Voies Ferrées Belges") qui est aujourd'hui exposée au Musée du Transport urbain bruxellois.



Je vous retranscris ci-dessous le texte relatif à cette partie de la gravure centrale.

Ce n’est qu’en 1868 que les omnibus furent leur apparition à Bruxelles. Le public qui les avait réclamés s’amusa à les regarder, les compara et discuta beaucoup. Les cochers prétendirent qu’ils allaient bientôt être réduits à la mendicité par cette institution. Enfin, la nouveauté passée, on les utilisa si peu que la Compagnie, ne faisant pas ses affaires, céda la concession à une société qui exploita aussi les « chemins de fer américains », ainsi qu’on appelait alors les tramways. Les tramways jouirent de suite de la vogue. La première ligne fut inaugurée en 1870. C’est celle qui va de Schaerbeek au Bois de la Cambre. Elle employait des voitures jaunes, pareilles à celle représentée dans le dessin. Cette voiture a figuré dans le cortège du Cinquantenaire des Chemins de fer, il y a trois ans. C’est à cette circonstance qu’elle doit sa conservation. Toutes les autres ont été vendues à des compagnies de province ou à l’étranger à mesure du renouvellement du matériel (voir remarque 1).

Successivement furent créées les lignes qui partent de la place Liedts vers la gare du Nord et de la gare du Midi vers Saint Gilles et Forest. Entre ces deux gares, le service fut fait par des omnibus jusqu’au jour où les travaux du voûtement de la Senne étant terminés, on put poser la voie qui, passant par les boulevards du Centre, relie le Nord au Midi. Depuis peu, le tram électrique, mû par une mystérieuse force, s’avance en ronflant à travers la foule (voir remarque 2).

En 1875 apparurent les premières voitures ouvertes. Tout le matériel qui, autrefois, nous venait d’Amérique, d’Angleterre ou d’Allemagne, est actuellement fabriqué entièrement dans les ateliers de la compagnie.

Les tramways occupent beaucoup de monde. Les charrons, forgerons et peintres sont au nombre de 80. Il y a 125 receveurs, 125 cochers, des contrôleurs et des inspecteurs ; 50 palefreniers et gens d’écurie ; 50 ouvriers employés à la réfection des voies, et une quarantaine d’employés et de fonctionnaires. La rétribution annuelle de tout ce monde s’élève à près de 700.000 francs. Il y a dans les écuries environ 800 chevaux. Les chevaux font, en moyenne, 20 à 25 kilomètres par jour.

Tous ces renseignements nous ont été gracieusement fournis par monsieur Nonnenberg, directeur technique à la Compagnie des Omnibus et Tramways Bruxellois.
 

Attention, ce texte n'est pas tout à fait exact et deux remarques s'imposent:

1. En très court et résumé, voici le sort réservé aux 25 autres voitures chevalines qui ont été acquises par les "Voies Ferrées Belges" en 1869:
* les voitures 1, 2, 3, 5, 6, 8 à 12, 14 à 20, 23 et 24 auraient subi diverses transformations et auraient terminé leur carrière en tant que remorques affectées au service par traction électrique, de 1898 à +/- 1906.
* les voitures 4 et 13, qui seraient hors service depuis 1878, auraient été déclassées le 27 décembre 1906 avant d'être démolies en 1907.
* les voitures 21, 22, 25 et 26 auraient été démolies en 1882.
Contrairement à ce qui est affirmé dans l'article, aucune de ces voitures n'a donc été revendue à d'autres compagnies de tramways.

2.  L'auteur de l'article fait ici allusion aux essais de traction électrique par accumulateurs, qui ont été réalisés de 1886 à 1889 sur la ligne de la rue de la Loi. Ces essais, qui se sont révélés non-concluants, n'ont eu qu'une portée limitée: ils ne concernaient que trois motrices, qui circulaient toutes les trois sur la même ligne. Je vous expliquerai cela plus en détail dans un prochain article.


Voici, pour finir, l'intégralité de la double page qui illustre l'historique des moyens de transports, la description complète de la gravure, et, pour le plaisir, la page avec les publicités (notamment les véritables poêles américains vendus par la Maison Mignot).

Bonne lecture et bonne soirée,

Callisto












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