mercredi 12 septembre 2018

Le dépôt de tramway de la chaussée d’Anvers ^^

Le premier dépôt est construit en 1872 par la compagnie bruxelloise de tramways intitulée "Belgian Street Railway and Omnibus Company (limited)". Ce dépôt comprend une remise pouvant abriter 38 voitures de tramways (hippomobiles, car la traction électrique n’existe pas encore à cette époque) et des écuries pour 128 chevaux. Son adresse est alors "chaussée d’Anvers 178".

Le plan ci-dessous reprend le schéma des divers bâtiments. La construction de l'aile gauche commence le 18 mars 1872 et est terminée en décembre de la même année. Les travaux de construction de l'aile droite commencent le 4 janvier 1873 et se terminent le 20 juillet 1873.


Vue schématique de l'ensemble des bâtiments

Vue des écuries depuis la cour intérieure.

Ce dépôt aurait été désaffecté le 26/03/1902. Les Tramways Bruxellois envisagent de le vendre, d’après ce qu’ils indiquent dans leur rapport annuel de l’année 1902. 


Cependant, on peut lire, dans divers journaux du quotidien "Le Soir", parus entre 1902 et 1904:
* que 40 chevaux et un omnibus de pavé seront vendus publiquement le mardi 1er avril 1902, au dépôt des Tramways Bruxellois de la chaussée d'Anvers, 190, à Laeken;
* que 72 chevaux seront vendus publiquement le lundi 26 octobre 1903, au dépôt des Tramways Bruxellois de la chaussée d'Anvers, 190, à Laeken-Bruxelles;
* que 30 chevaux, ainsi que le matériel suivant camions bascule, coffre à avoine, timons, aires de traits, brides, hache-paille,  chariots de grenier, brouettes en fer, paniers, balances en fer, palonniers en fer, bricoles, sacs, cuvelles d'écurie et brouettes en bois, seront vendus publiquement le lundi 8 février 1904, au dépôt des Tramways Bruxellois de la chaussée d'Anvers, 190, à Laeken.

Il semble donc que le dépôt n'a été désaffecté qu'en 1904 (et non en 1902), et qu'il n'a pas été vendu. On notera que la rue a probablement été renumérotée, vu que le 178 de la Chaussée d’Anvers (première adresse connue) est devenu le 190 chaussée d’Anvers dans les extraits de presse susmentionnés.


On ne sait pas ce qu'il advient du bâtiment après sa désaffectation en tant que dépôt de tramway. Les installations initiales sont en tout cas démolies et un permis de bâtir est demandé, par la société anonyme The Brussels Rinking Co. Ltd. (Nord), qui loue le bâtiment aux Tramways Bruxellois, afin de construire un nouveau hall industriel faisant office de "rinking" (autrement dit, de patinoire à roulette).

L'ouverture du rinking a lieu fin septembre ou début octobre 1909. La patinoire est desservie par les lignes de tram 46, 48 et 49 et  l'entrée générale coûte un franc. Les activités proposées sont nombreuses et variées : elles comprennent des galas et des concours de vitesse. Elles ne s’arrêtent pas non plus au patinage : on y organise également des concours de traction à la corde par équipe, des concours d’élégance pour dames et messieurs, ainsi que des concours de danse (two-step et valse).





On peut lire, dans le journal "Le Vingtième Siècle" du 23 février 1910 que : "Il y a eu foule au rinking de la Chaussée d’Anvers pour assister à la brillante soirée mise sur pied à l’occasion du changement de direction. Les épreuves suivantes figuraient au programme : course à trois jambes, course au tonneau, ainsi qu’une course "cycliste contre rinkeurs", où le cycliste rend un tour aux patineurs. Cette dernière épreuve a obtenu un beau succès, la tâche du cycliste est très dure lorsqu’il doit rendre un tour au patineur, surtout qu’il doit ralentir dans les virages pour éviter les dérapages.



L’exploitation de la patinoire aurait cessé en 1912. Durant la 1ère guerre mondiale, le bâtiment aurait fait office d’entrepôt à farine, du 3 septembre 1914 au 30 avril 1919, du fait qu'il était facilement accessible (car desservi par trois lignes de tram).

Les Tramways Bruxellois y garent ensuite des remorques inutilisées (selon la saison: on y range les voitures fermées en été et les voitures ouvertes en hiver) jusqu’en 1928, année durant laquelle l’atelier de peinture d’Ixelles y est transféré. La peinture s'y faisait à la brosse et sans cuisson.



Le dépôt est encore renuméroté, vu qu’il passe du numéro 190 au numéro 208-210 de la chaussée d’Anvers.

Nous en avons retrouvé un plan, qui doit dater du début des années 1970, car il mentionne les aiguillages installés pour pouvoir accueillir plusieurs motrices articulées.



L'atelier va être "victime" de sa superficie:
* trop petit que pour accueillir les nouvelles voitures de tramways (de plus en plus longues);
* et trop petit que pour accueillir des cabines de peintures conformes aux exigences environnementales.   

L'atelier de peinture est déplacé dans les nouvelles infrastructures du centre de maintenance de Haren et ferme définitivement le 03/12/1993.



Après la fermeture de l’atelier, il était prévu de le raser et de rectifier la chaussée. Finalement, cela n’a pas été le cas, vu que le bâtiment est transformé en centre sportif "Pôle Nord" au début des années 2000.

La façade avant, donnant sur la chaussée d'Anvers.

La façade arrière, donnant sur l'avenue de l'Héliport.

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