mercredi 1 mai 2019

"Le Médecin des Pauvres" du docteur Beauvillard (édition de 1919) ^^

La clinique du Docteur Beauvillard est fondée en 1882. Elle est située à Paris à l'angle de rue de Lyon, (où elle porte le numéro 21) et de la rue Crémeux (où elle porte le numéro 32) et succède à l'ancienne maison Peyronnet (qui était probablement une herboristerie) en commercialisant ses remèdes à base de plantes par l'intermédiaire de son ouvrage "Le Médecin des Pauvres". 

Le docteur Beauvillard



Cet ouvrage a connu un succès phénoménal au début du siècle passé. Les produits Peyronnet reçoivent une médaille d'Or à l'exposition internationale d'économie domestique de Paris en 1906. L'ouvrage "Le Médecin des Pauvres" y reçoit quant à  lui un diplôme d'honneur.

La clinique ouvre tous les jours de 9 heures à midi, puis de 2 à 6 heures de l'après-midi, sauf les dimanches et jours fériés.

Je vous retranscris quelques extraits ci-dessous, afin que vous puissiez juger par vous-même des progrès réalisés en un siècle dans les domaines de l'hygiène et de la médecine.

Bonne découverte!

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INTRODUCTION

"Etre utile à nos semblables, voilà notre seule ambition".


La première partie du livre est consacrée aux plantes médicinales, la seconde à l'hygiène et la troisième partie au traitement des maladies.


PARTIE I (extraits)
 







PARTIE II - L'HYGIENE (extraits)
 
LE LAIT

Le lait convient aux femmes, aux enfants, aux gens sédentaires et aux convalescents.

Il est quelques personnes dont l'estomac ne peut digérer le lait, parce que le suc gastrique de leur estomac est trop acide et coagule le lait en quelques minutes. Dans ce cas, on doit, pour éviter cet inconvénient, ajouter un gramme et demi de bicarbonate de soude par bol de lait.

Pris avec du chocolat, le matin, il forme un déjeuner des plus hygiéniques quand le chocolat est de bonne qualité.



COMMENT ON RECONNAIT SI LE LAIT EST PUR OU NON

Le moyen de vérification le plus simple est peut-être celui-ci:
On prend une aiguille d'acier à tricoter qu'on frotte bien pour n'y laisser adhérer aucune matière grasse. Cette aiguille, on la plonge dans le lait et on la relève verticalement.

Si le lait est pur, il en restera une goutte à la pointe.
N'en reste-t-il pas du tout? Il est fort à parier que le lait est allongé dans des conditions frauduleuses.


LE LAIT POUR ENFANTS

Un bon quart des enfants nés à Paris ne peuvent, pour des raisons diverses que je n'ai pas à étudier ici, être mis en nourrice ou être allaités par leurs mères. Il en est de même en province, dans une proportion beaucoup moins considérable. C'est le biberon, chargé d'un lait plus ou moins parfait, qui servira à l'alimentation de ces petits êtres.

On s'est ingénié, pour parer à la fermentation du lait et aux dangers qui peuvent en résulter, à imaginer des procédés de stérilisation qui commencent à être répandus. Mais ce n'est pas tout que d'avoir du lait de bonne qualité et de l'avoir stérilisé; il faut encore le rendre assimilable en le rapprochant, autant que faire se peut, de la composition du lait maternel.

Le lait de vache, le plus usuellement employé, diffère du lait de la femme par une moindre quantité de sucre et une quantité plus considérable de matières protéiques. Dans le but de le rendre aussi peu différent que possible, le docteur Halipré, de Rouen, conseille d'employer le moyen suivant: on coupe le lait de la vache fraîchement trait d'un tiers d'eau, puis on ajoute, par litre, 15 à 20 grammes de crème fraîche, 35 grammes de lactose ou suc de lait et 1 gramme de sel. Le lait ainsi préparé se rapproche beaucoup du lait de la femme. Il ne reste plus qu'à le stériliser par les moyens ordinaires, en le divisant dans des flacons de moyenne grandeur. Ce lait est très bien toléré par les enfants, parfaitement digéré et a donné les meilleures résultats.

Néanmoins, en principe, le lait de la femme pris au sein constitue la seule nourriture normale du nouveau-né, la seule qui, par sa composition, soit suffisante et sans danger. Toute mère doit, si possible, allaiter son enfant.



PARTIE III - TRAITEMENT DES MALADIES

ALCOOLISME

L'alcool, voilà l'ennemi! L'alcool fait plus de victimes que foutes les épidémies réunies; il ruine les familles et nous prépare des générations d'enfants rachitiques. II est le principal pourvoyeur des asiles d'aliénés, des hôpitaux, des prisons. Il n'étanche pas la soif, il la donne; il ne réchauffe pas, il ne nourrit pas, il ne fortifie pas. il tue. Guerre à l'alcool!

Voici une intéressante statistique sur les effets de l'alcool:
  • Sur cent détenus pour assassinat, combien compte-t'on d'alcooliques ? Réponse: 53.
  • Sur cent condamnés pour viol ou outrage public à la pudeur, combien compte-t-on d'alcooliques? 53
  • Sur cent détenus pour incendie volontaire, combien compte-t-on d'alcooliques? 57
  • Sur cent condamnés pour mendicité ou vagabondage, combien compte-t-on d'alcooliques? 70
  • Sur cent condamnés pour coups et blessures, violences, brutalités? 90.
Ces chiffres ont été fournis par les greffiers de plusieurs prisons.



Belle pensée de Lamennais.
— Savez-vous ce que boit cet homme, dans ce verre qui vacille en sa main tremblante d'ivresse? Il boit les larmes, le sang, la vie de sa femme et de ses enfants.


Ivresse.
— L'ivresse est une dégradation morale. Celui qui boit avec excès et qui se met dans cet état, s'expose au mépris public; il perd l'estime et la confiance des honnêtes gens. Honte à celui qui s'avilit de la sorte, la société le repousse et la maladie lui tend les bras.


Ivrognerie chronique.
- L'ivrognerie chronique amène les plus tristes résultats dans l'organisme. L'alcool absorbé journellement et en trop grande quantité altère pour ainsi dire tous les organes: l'estomac digère mal, le foie devient malade, les mains tremblent, l'intelligence diminue, le caractère s'aigrit et devient violent.

L'ivrogne a le visage couperosé et le nez d'un rouge caractéristique. Il peut être pris de delirium tremens, espèce de manie aiguë durant laquelle le malade fou furieux très violent, ayant aux mains et aux pieds un tremblement très accusé et très caractéristique, a des hallucinations terrifiantes. Il voit des animaux noirs, des rats qui veulent le mordre, etc.; il est couvert de sueur.

A la longue, le malade, plongé dans un abrutissement complet, finit par être dément. Les moindres plaies, les inflammations les plus bénignes deviennent graves chez l'ivrogne et tournent facilement à la gangrène.


La progression alcoolique.
- Pour dégoûter les alcooliques et les candidats à l'alcoolisme de leur funeste entraînement, M. Joseph de Pietra Santa, dans le Journal d'Hygiène, fait un saisissant tableau résumé de l'action désastreuse que l'alcool de mauvaise qualité exerce sur le système nerveux. Affaissement physique d'abord, altération morale ensuite, tel est le résultat inévitable.

Voici les quatre périodes de l'ivrognerie:

1° Excitation. — Le sang afflue de façon anormale à travers les vaisseaux capillaires: les nerfs moteurs sont comme paralysés et n'offrent plus qu'un frein insuffisant. On se trouve sous l'influence d'une hilarité particulière: le corps n'est pas encore touché, mais l'esprit est moins actif. On est comme abasourdi et l'hébétement commence.

2° Débilité musculaire. - L'alcool est pris en plus grande quantité; le système nerveux commence à s'affecter sérieusement: les lèvres inférieures s'affaissent, la langue s'empâte, les mains sont moins solides. Les muscles de la face prennent un stigmate caractéristique analogue aux premiers symptômes de l'idiotisme.

3° Débilité mentale. -— Le cerveau est à son tour frappé: le chaos commence à se faire dans la cervelle, les idées deviennent moins nettes et se troublent, la langue ne répond plus à la volonté et ne peut plus exprimer la pensée. L'intelligence s'atrophie, les habitudes que nous tenons de l'éducation s'émoussent et disparaissent, les instincts animaux se réveillent.

4° Inconscience. — Les sensations disparaissent, l'excitation particulière que le cerveau reçoit des nerfs n existe plus, les cordons cérébraux sont sous la complète domination narcotique de l'alcool; tout l'organisme est comme suspendu; on est ivre-mort.

Avis à ceux qui croient, selon les aimables refrains des chansons bachiques, qu'une nuit d'orgie pour eux n'est qu'un jeu. Très mauvais jeu.


APPENDICITE

L'appendicite est une maladie causée par l'inflammation aiguë ou chronique d'une petite portion de l'intestin appelée appendice et située du côté droit.

L'appendicite est connue depuis fort peu de temps. Autrefois, beaucoup de malades mourraient de péritonite dont on ne voyait pas bien la cause. Aujourd'hui, cette cause est connue et c'est l'appendicite.

C'est surtout dans cette affection que le précepte "Mieux vaux prévenir que guérir est applicable". Toute personne qui sentira des pesanteurs d'intestin, qui présentera des alternatives de diarrhée et de constipation, qui aura des vomissements bilieux, qui aura des ballonnements au ventre et à l'estomac, étant accompagnés de douleurs localisées du côté droit, devra se considérer comme menacée de l'appendicite et se soigner pour cela.

Traitement. — Purgatifs légers; régime alimentaire très surveillé; ceinture de flanelle ou cataplasmes chauds sur le ventre. Puis boissons stimulantes à ia mélisse ou à la menthe, avec du thé au rhum; se tenir au chaud, éviter l'humidité.


DOULEURS

Traitement ordinaire. — Dans une infinité de régions, on guérit les douleurs fixes localisées, telles que: lumbago (douleur dans les reins), douleur dans un genou ou sur les épaules, etc., avec des feuilles de chou que l'on fait bouillir avec du lait jusqu'à ce que le lait et le chou ne forment plus qu'une marmelade que l'on étend sur un morceau de toile ou de flanelle et que l'on applique ensuite bien chaude sur la partie souffrante. Quand on enlève cet emplâtre au bout de dix heures, la douleur est disparue.

Pour les douleurs rhumatismales, la goutte, etc., le meilleur moyen de les calmer de suite et de les guérir avec le temps consiste à faire bouillir chaque matin 120 grammes de racines sèches de bardane dans deux litres d'eau ou de bière pendant cinq minutes. On passe cette tisane, on la tient au frais et, dans la journée, quand on a soif, on en boit un verre ordinaire. Un litre au moins par jour.


LES NERFS - L'Épuisement nerveux, la Neurasthénie, etc.

Les nerfs sont des cordons blancs et arrondis destinés à établir des relations entre les centres nerveux et les diverses parties constituantes de notre corps. Leur ensemble constitue le système nerveux. Les nerfs sont sujets à une infinité de maladies, nous ne parlerons ici que de la principale: la neurasthénie, ou épuisement nerveux. C'est une maladie accompagnée d'affaiblissement général.

Signes: 1° Maux de tête durant toute la journée et cessant généralement toute la nuit: accrus par les bruits, les odeurs, les fatigues intellectuelles; diminuant après les repas.
2° Douleurs dans les reins: pression, chaleur;
3° Dépression mentale: perte de mémoire, inaptitude au travail (notamment le calcul), découragement;
4° Dépression physique: fatigue générale dès le réveil:
5° Troubles digestifs: dilatation d'estomac, bouffées de chaleur, somnolence, constipation;
6° Troubles nerveux: vertiges, névralgies;
7° Insomnie persistante: bourdonnement d'oreilles, troubles de la vue, de l'odorat, de tous sens.
À tout cela, il faut ajouter un état spécial de peur, d'anxiété, de terreur, etc.

Tous ces cas bien divers peuvent coïncider à la fois, mais un seul suffit pour former toute la maladie qui peut être guérie facilement en la prenant au début.

Traitement général: 1° les repas doivent être simples et sans excitants;
2° les légumes doivent être très cuits;
3° les petits repas intercalés devront être radicalement supprimés.
Comme boisson, du vin blanc léger avec moitié eau, de la bière ou du lait; pas de thé, pas de café.



MIGRAINE

Traitement ordinaire. — Un verre de café noir très fort dans lequel on ajoute le jus d'un citron et que l'on boira par petites gorgées, donne, ordinairement, de bons résultats. Il y en a même qui se trouvent fort bien d'une infusion de tilleul (20 gr. pour un litre) avec de la bonne fleur d'oranger prise de la même manière. D'autres prennent cinq grammes de poudre de racines de valériane, la dissimulent dans un peu de miel et l'avalent. J'ai connu des personnes qui préféraient cela aux cachets d’antipyrine et disaient en obtenir un meilleur résultat. Pour quelques personnes, l'antipyrine est un bon remède; un cachet d'un gramme suffit habituellement à faire disparaître l'accès. Mais il ne faut pas en abuser; ne jamais dépasser trois cachets dans les vingt-quatre heures sans le consentement de votre médecin.



DIX BONNES CHOSES POUR LES MÉNAGÈRES

1° Le sel fait tourner le lait; par conséquent, en préparant des bouillies ou des sauces, il est bon de ne l'ajouter qu'à la fin de la préparation.

2° L'eau bouillante enlève la plupart des taches des fruits; verser l'eau bouillante sur la tache, comme au travers d'une passoire, afin de ne pas mouiller plus l'étoffe qu'il est nécessaire.

3° Le jus de tomates mûres enlève l'encre et les taches de rouille du linge et des mains.

4° Une cuillerée à soupe d'essence de térébenthine, ajoutée à la lessive, aide à blanchir le linge.

5° L'amidon bouilli est beaucoup amélioré par l'addition d'un peu de gomme arabique ou de blanc de baleine.

6° La cire jaune et le sel rendent propre et poli comme du verre le plus rouillé dés fers à repasser.
Envelopper un morceau de cire dans un chiffon et, quand le fer sera chaud, frottez-le d'abord avec cette espèce de tampon, puis avec un papier saupoudré de sel.

7° Une solution d'onguent mercuriel, dans la même quantité de pétrole, constitue le meilleur remède contre les punaises, a appliquer sur les bois de lit et contre les boiseries d'une chambre.

8° Le pétrole assouplit le cuir des souliers et chaussures durcis par l'humidité et le rend aussi flexible et mou que lorsqu'il était neuf.
Ne pas faire souvent cette opération, car le cuir serait détruit.

9° Le pétrole fait briller comme de l'argent les ustensiles en étain; il suffit d'en verser sur un chiffon de laine et de frotter le métal avec. Le pétrole enlève aussi les taches sur les meubles vernis.

10° L'eau de pluie froide et un peu de soude enlèvent la graisse de toutes les étoffes qui peuvent se laver.



UTILE A LIRE

De tous les fléaux qui menacent chaque jour notre pauvre humanité, la guerre est le plus redoutable et le plus horrible. Celle que nous venons de subir laisse loin derrière elle, comme atrocités, toutes celles que l'histoire nous enseignées, et son immense cortège de douleurs nous lèguera un souvenir impérissable et infiniment douloureux. Aux pertes irréparables de nos fils les plus vaillants, vient se joindre une crise économique dont souffre terriblement notre population si éprouvée. Cette crise sévit sur tout, mais elle est peut-être encore plus accentuée sur les produits pharmaceutiques que sur les autres denrées.

Il faut bien avouer que nous étions tributaires des Allemands pour tout ce qui touche à notre profession et notamment pour les plantes médicinales. L'Allemagne exportait chaque année chez nous pour plus de 10 millions de francs de ces plantes, alors que la richesse de notre sol s'offrait à nous pour nous en gratifier des meilleures, plus belles et plus actives.

Qu'est-il résulté de cette apathie? Les plantes les plus usitées en médecine se font rares. L'approvisionnement devient de plus en plus difficile et les prix augmentent dans des proportions inimaginables. Telle plante, qui valait autrefois 2 francs le kilo, en vaut aujourd'hui 12. Malgré cette hausse persistante des prix, l'Etat a jugé utile de créer un impôt de 10% sur toutes les spécialités pharmaceutiques.

Nous avons cru devoir donner ces renseignements à notre aimable clientèle pour bien lui prouver que c'est à vif regret que nous avons été contraints d'augmenter nos prix. Nous affirmons, avec preuves à l'appui, que l'augmentation que nous lui faisons subir est infiniment inférieure à celle que nous supportons nous-mêmes. D'ailleurs, nous ne manquerons pas de rétablir l'ancien tarif dès que les circonstances le permettront.




Si vous souhaitez consulter l'ouvrage complet en ligne, la 39ème édition (publiée en 1912) est disponible en ligne sur le site de la Bibliothèque nationale de France (Gallica).

Bonne soirée,

Callisto

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