dimanche 14 juillet 2019

Essais de traction vapeur sur la ligne du Bois de la Cambre, été 1876 ^^

L'ancienne presse belge numérisée regorge de détails parfois oubliés des historiens traminots, vu que ces "petites histoires" ne sont pas relatées dans les rapports annuels des sociétés de transport concernées. Après avoir découvert le premier essai de traction de voitures de tramways (encore hippomobiles, à cette époque-là) par une locomotive à vapeur dans un article précédent, je vous propose de découvrir la suite de ces essais, réalisés environ 9 mois plus tard, durant l'été 1876.


Premier extrait, paru dans "L’Indépendance Belge" du 2 juin 1876:

"Samedi (le 3 juin au) matin, de bonne heure, la Société anonyme des Tramways Bruxellois fera, entre la rue Teniers et le Bois, des expériences de traction à vapeur."




Second extrait, paru dans "Le Journal de Bruxelles" du 3 juin 1876:

"La nouvelle expérience de traction à vapeur qui devait être faite par les Tramways Bruxellois sur la ligne du Bois de la Cambre à Schaerbeek le samedi 3 de ce mois est ajournée à la suite d’un accident arrivé au condensateur."


Troisième extrait, publié dans "L’Indépendance Belge" du 2 juillet 1876:

"La presse était invitée ce matin par le Conseil d’Administration de la Société des Tramways Bruxellois à assister à une expérience décisive du remorqueur à vapeur. L’expérience, en effet, peut être considérée comme décisive, et la société en doutait d’autant moins que depuis deux ou trois jours, le remorqueur avait déjà fait, avec un plein succès, une dizaine de voyages sur la ligne du Bois de la Cambre. Il y avait là plusieurs fonctionnaires du département des Travaux Publics, les directeurs et ingénieurs du service des Tramways, les représentants de la presse. M. le ministre des Travaux Publics est arrivé vers 10 heures. Quelques instants après, on s’est mis en route.

Une voiture ouverte, voiture d’été, est attachée au remorqueur. M. le ministre Beernaert, M. Rodolphe Coumont, président de la société anonyme des Tramways Bruxellois, prennent place sur la première banquette de la voiture. M. du Roy de Blicquy
(1835-1907), monte sur la machine dont il est l’inventeur. On se rappelle que ce remorqueur, construit dans les ateliers de la Société Métallurgique et Charbonnière à Tubize, avait déjà été essayé, il y a un an, sur cette même ligne du Bois. Quelques perfectionnements lui ayant paru nécessaires, M. du Roy de Blicquy s’est remis à l’œuvre. Cette fois la réussite est complète et définitive.

Le train, composé du remorqueur et d’une seule voiture, a parcouru sans encombre toute la longueur de la ligne, depuis le Bois de la Cambre jusqu’à la rue Teniers, au fin fond de Schaerbeek.

Sur la place des Palais, M. le bourgmestre Anspach fait signe au conducteur. Le remorqueur s’arrête, et M. le bourgmestre prend place dans le train. On expérimente ainsi tout naturellement l’arrêt instantané, qui s’opère comme par enchantement, sans secousse, et avec un succès d’autant plus remarquable, que le remorqueur filait d’un assez joli train.

Le bruit est faible. Il y a un certain ron-ron des roues sur la voie, un certain sifflement de la vapeur, en somme peu de choses. Aussi les chevaux des équipages, des cavaliers, des amazones, ne tardent-ils pas à s’habituer au nouveau locomobile. Les plus impressionnables sont les chevaux des omnibus américains de la Compagnie. Il semble que les cochers de ces voitures soient peu partisans du nouveau mode de traction. Mais si le remorqueur s’acclimate décidément sur nos  tramways, il n’y aura pas lieu de d’occuper des nerfs de messieurs les chevaux de la Compagnie.

Nous avons laissé le train à la hauteur du Treurenberg. En somme, l’épreuve nous parait concluante, et c’est l’impression de toutes les personnes qui étaient du voyage. La cause du remorqueur est désormais gagnée."


Quatrième extrait, paru dans "L’Echo du Parlement" du 3 juillet 1876:

"L’expérience de traction à vapeur pour tramways a eu lieu hier, sur la ligne du Bois de la Cambre, en présence de M. le ministre des Travaux Publics et de M. Anspach, bourgmestre de Bruxelles. Elle a complètement réussi: arrêt instantané, absence de fumée, facilité de parcourir les courbes, simplicité du mécanisme. Les hommes spéciaux étaient d’avis que le but se trouvait atteint. S’il en est ainsi, les deux principales affaires de la Banque Belge en profiteraient: les Tramways Bruxellois parce que leurs frais seront restreints, la Métallurgique et la Charbonnière qui serait chargée de la construction de ces machines."


Cinquième extrait, paru dans "Le Journal de Bruxelles" du 18 juillet 1876:

"Le moteur à vapeur fonctionne décidément sur nos tramways. Chaque jour, à deux heures de l’après-midi, une voiture d’été part du Bois, remorquée par la machine. Pendant une couple d’heure, le moteur mécanique est tenu en service. La Compagnie des Tramways Bruxellois suit attentivement ces épreuves journalières."


Sixième et dernier extrait, publié dans "Le Journal de Bruxelles" du 23 août 1876:

"Les Tramways Bruxellois viennent de faire, sur la ligne de Schaerbeek au Bois de la Cambre, une nouvelle expérience de leur machine à vapeur. Sauf quelques légers inconvénients, auxquels il ne sera pas difficile de parer, cette expérience a parfaitement réussi. Les arrêts et les départs sont même beaucoup plus doux que sur les voitures ordinaires.

Mais la société fera bien de se montrer prudente et de ne généraliser l’emploi des machines que lorsqu’il sera entré tout à fait dans les habitudes du public. Sinon, au moindre accident, ce serait un tollé général et elle se verrait obligée d’en revenir aux chevaux après avoir affecté à l’acquisition des locomotives un capital considérable."

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