L'ancienne
presse belge numérisée regorge de détails parfois oubliés des
historiens traminots, vu que ces "petites histoires" ne sont pas
relatées dans les
rapports annuels des sociétés de transport concernées. Aujourd'hui, je
vous emmène à la découverte des voitures mortuaires des Tramways Bruxellois ^^
Le premier extrait que je vous propose est issu du journal "L'Ami de l'Ordre" du 13 mars 1917 et nous explique les raisons de la mise en place de ce service:
Cet extrait du quotidien "le XXème Siècle" du 7 avril 1917, nous relate quant à lui la première sortie de la voiture mortuaire:
Tramways corbillards à Bruxelles
La pénurie de chevaux rend de plus en plus compliquée la tâche des administrations publiques chargées du service des pompes funèbres.
Les cimetières sont situés à des distances souvent extrêmement éloignées et chaque transport exige la mise en service de deux chevaux pendant un temps souvent font long.
Pour parer à toute éventualité, l'administration bruxelloise des tramways a fait procéder à la transformation de certaines voitures en corbillard. A l'extérieur, bien entendu, rien ne décèle trop la destination nouvelle de la voiture, laquelle est aménagée pour le transport collectif de quatre cercueils.
Des civières sur roues, aménagées avec tout l'apparat extérieur des corbillards, ont également été préparées, pour effectuer les transports depuis les mortuaires jusqu'aux églises et aux terminus des lignes de tramways.
Cet extrait du quotidien "le XXème Siècle" du 7 avril 1917, nous relate quant à lui la première sortie de la voiture mortuaire:
Mercredi matin, 21 mars, ont eu lieu, en tramway, les premiers enterrements au cimetière de Bruxelles. Par suite de la pénurie de chevaux, la ville de Bruxelles s'est arrangée avec les Tramways Bruxellois pour le transport des corps.Un tramway a été aménagé de pouvoir transporter quatre corps superposés deux par deux. La voiture motrice servira pour la famille qui accompagne le défunt au cimetière. Ce tram spécial stationnera rue Verbiest, près de l'église de Saint-Josse, où seront déposés les corps emmenés là par des voitures spéciales dont on voit les types au dépôt mortuaire de la rue Saint-André. Arrivés à l'avenue du Cimetière, les corps sont déposés sur des voiturettes et conduits à la fosse.
Les enterrements qui ont eu lieu le 21 mars ont servi d'expérience. L'administration communale de Saint-Josse, dont le cimetière est situé le long de la chaussée de Louvain, s'entendra avec celle de Bruxelles pour l'emploi du tram corbillard. Des pourparlers sont en cours pour le prolongement de la voie ferrée jusqu'à l'entrée du cimetière.
Ce prolongement devient réalité dans le courant du mois de juin, comme nous l'apprend le journal "Le Bruxellois" dans son édition du 24 juin 1917:
En vue d'une pénurie des chevaux, la Ville de Bruxelles s'est entendue avec la société des Tramways Bruxellois pour organiser un service d'enterrement en tramways.
A cet effet, on a prolongé la voie des tramways de l'avenue du Cimetière jusqu'à l'allée centrale du cimetière d'Evere, afin que les voitures de tramways puissent entrer dans le champ de repos, où les bières pourront être chargées sur des voiturettes spéciales qui rouleront sur un chemin de fer à voie étroite jusqu'aux pelouses où elles devront être inhumées.
Les voiturettes sont prêtes à fonctionner et tous les travaux de placement de rails sont terminés.
Nous pouvons avoir une idée de ce à quoi ressemblait une voiture mortuaire grâce à là photo ci-dessous, publiée dans le fascicule "Tramways urbains" paru en 1930, avec la légende suivante: "Période de guerre: les voitures des Tramways Bruxellois sont appropriées en matériel utilitaire répondant aux nécessités de l'heure: une voiture remorque a été transformée en fourgon mortuaire et est employée au service des inhumations."
Attention cependant: d'après l'historique du matériel roulant des Tramways Bruxellois publié par le Mupdofer, les voitures 505, 509 et 511, qui étaient à l'origine trois remorques fermées construites en 1880 à "La Métallurgique" (Ateliers de Nivelles), avaient été transformées, dans les ateliers des Tramways Bruxellois, en voitures mortuaires.
Cet historique du matériel roulant se base sur un texte manuscrit d'Albert Jacquet, rédigé en avril 1928. Albert nous écrit que, au sujet des voitures 211 à 230, que:
Ces 20 voitures ont été construites en 1880 aux ateliers de Nivelles. Primitivement à classe unique, la société des Tramways Bruxellois y faut placer une cloison médiane de façon à les utiliser sur les lignes à deux classes de son réseau.
Les 5 premières voitures de cette série furent mises en service pendant quelques temps sur la ligne Nord-Midi par les boulevards centraux, puis sur celle Nord-Entrepôt, Abattoirs-Midi, où elles étaient remorquées par un seul cheval. On les employa ensuite sur les lignes de la rue de la Loi et de la rue Belliard, lors de l'organisation des services en vue de l'Exposition nationale de 1880, au parc du Cinquantenaire. Sur ces lignes, 2 chevaux étaient nécessaires.
Pendant quelques temps, les voitures 229 et 230 desservirent les lignes d'Ixelles-Etterbeek de l'ancienne société Becquet, puis elles furent vendues en Italie.
Après l'exposition de 1880, ces véhicules retournèrent sur les lignes du bas de la ville où elles furent maintenues en service jusqu'à leur aménagement en remorques pour le service électrique, sans autre disposition spéciale que les appareils de chocs et d'attelages.
Les voitures 211 à 228 furent renumérotées 501 à 518. Dès 1912, on prévoyait leur démolition à bref délai. Pendant la guerre 14-18, les n°501 (225), 502 (226), 503 (227) et 504 (214) furent vendues à des particuliers qui en firent des abris sur les champs de culture maraîchère dans la banlieue bruxelloise. Les voitures 505 (215), 509 (219) et 511 (211) furent transformées en voitures mortuaires pour les transports de cercueil aux cimetières d'Evere et de Saint-Gilles. Le chargement s'effectuait par l'une des plates-formes et chaque voiture était disposée pour recevoir 4 cercueils. Les voitures 505 (215) et 509 (219) circulant sur la ligne vicinale exploitée par les Tramways Bruxellois entre la place Saint-Josse et le Cimetière d'Evere, étaient pourvues d'essieu pour l'écartement métrique. L'autre voiture était à écartement normal.
Après la guerre, les voitures 505 à 518 furent retirées sur service et leur démolition était décidée lorsque le département de l'exploitation, ayant besoins de voiture remorques, demanda la réintégration dans le roulement des 14 voitures précitées. Toutes, y compris les 3 voitures mortuaires, furent remises en état, recevaient de nouveaux longerons à grand empattement et furent munies d'écrans vitrés aux plates-formes. Plusieurs d'entre elles reçurent des boites à huile de type "Isothermos" à titre d'essai. Ce matériel, bien que tout à fait insuffisant comme capacité, est encore actuellement en service (avril 1928).
La remorque 511, que l'on aperçoit sur la photo ci-dessus, n'a jamais pu desservir le cimetière de Bruxelles à partir de la place Saint-Josse, du fait qu'elle est à l'écartement normal (1,435m) et non à l'écartement métrique!
Le dessin ci-dessous, issu d'un plan dessiné par Albert Jacquet, nous donne une idée de l'aménagement intérieur de l'une de ces trois voitures (à priori, la 505, vu que le dessin représente une voiture à écartement métrique).
Le service donne visiblement satisfaction vu qu'il est élargi à d'autres communes bruxellois, comme l'indique cet extrait du journal "Le Bruxellois" du 8 janvier 1918:
"Hier ont eu lieu des funérailles de Mme de Giumes. Après le service funèbre, célébré à l'église de Saint-Gilles, le corps a été transporté à Forest par la voiture mortuaire de la société des Tramways Bruxellois."
Dès le 1er août 1918 (le pays est toujours en guerre, vu que l'armistice ne sera signé que le 11 novembre), ce service est généralisé par la Ville de Bruxelles, comme l'annonce le journal "Le Bruxellois" dans son édition du 20 juillet 1918:
Les enterrements en tram à BruxellesLe contrat qui avait été passé entre la ville de Bruxelles et l'entrepreneur actuel des transports funèbres expire le 31 juillet courant. La ville, vu le prix extraordinairement élevé que l'entrepreneur exige pour le renouveler, a décidé d'y renoncer et de confier le transport des corps au cimetière d'Evere à la compagnie des Tramways Bruxellois, à partir du 1er août prochain.Ce service se fera de la façon suivante:
- La voiture mortuaire des tramways stationnera à l'entrée de la rue Verbiest, près de la place Saint-Josse, à partir de 7 heures du matin.
- Cette voiture pourra contenir 7 ou 8 cercueils et fera 4 voyages par jour.
- Le trajet de la place Saint-Josse au cimetière se fera en 10 minutes.
- A la voiture mortuaire sera attachée une voiture pour voyageurs qui sera mise à la disposition de la famille des défunts.
- Les corps seront amenés rue Verbiest par les corbillards de la ville et transbordés immédiatement.
Pour faciliter le service au cimetière de la ville, la compagnie des tramways a fait poser une voie ferrée à l'intérieur du champ de repos et raccordées à la ligne d'amener.
Le quotidien "L'Indépendance Belge", alors édité en Angleterre, ajoute dans son édition du 30 août 1918:
"Après la guerre, l'ancien mode des transports funèbres sera t'il repris? C'est vraisemblable, mais vu la crise actuelle, la mesure s'explique et elle fonctionne sans donner lieu aux critiques des parents des défunts."
Ce service aurait cessé le 31 décembre 1919, selon les indications mentionnées par Joseph Delmelle dans son ouvrage "La Belle Époque". Ce dernier indique également que les voitures affectées à ce service auraient été au nombre de 5 (505, 507, 509, 510 et 511). Une autre source indique que 3 voitures, parmi les 5 susmentionnées étaient à écartement métrique.
Nous en retiendrons donc, fin d'éviter toute polémique, que:
- il y a eu au moins trois remorques mortuaires, mais peut-être cinq.
- au moins deux d'entre elles (la 505 et la 509) était à écartement métrique.
Bonne fête de Toussaint,
Callisto
Nous en retiendrons donc, fin d'éviter toute polémique, que:
- il y a eu au moins trois remorques mortuaires, mais peut-être cinq.
- au moins deux d'entre elles (la 505 et la 509) était à écartement métrique.
Bonne fête de Toussaint,
Callisto
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