samedi 26 novembre 2022

La "Société Anonyme de Bruxelles pour la fabrication de Machines et Mécaniques", aussi appelée "Société du Renard", Bruxelles, 1837-1845 ^^

La "Société Anonyme de Bruxelles pour la fabrication de Machines et Mécaniques", aussi appelée "Société du Renard" a été fondée à Bruxelles en 1837 par Félix Cochaux, un Liégeois qui avait déjà une expérience en matière de construction de machines à vapeur, vu qu'il en construisait déjà depuis 1828 mais sans grand succès, vu que son précédent atelier avait été déclaré en faillite. 


 

Il s'établit d'abord rue Sablonnière a Bruxelles ou il reprend ses activités avant de fonder la Société du Renard avec l'aide des capitaux de la Société Générale de Belgique et de la Société du Commerce.
Il s'installe alors dans un domaine appartenant au Comte de Meeus situé dans la rue des Renards, ce qui explique le nom de "Société du Renard".

L'activité commence dès le mois de juin 1838, avec une commande de l'Etat belge ayant pour objet 10 locomotives avec tenders, pour un montant de 350.000 francs de l'époque, et un bateau a vapeur. L'usine fait également office de forge et de chaudronnerie et emploie près de 400 travailleurs.

La première locomotive sort d'usine en mai/juin 1839. Elle porte le numéro de constructeur "1" (forcément), le numéro 69 dans les registres des locomotives de l'Etat Belge et est baptisée "Saint-Michel". A l'époque, comme pour les bateaux, chaque locomotive recevait un nom :-)
Elle est essayée entre Bruxelles et Anvers avec 16 voitures et ne met que 35 minutes pour rejoindre Malines.

La seconde locomotive, n°73 de l'Etat Belge, s'appellera quant à elle "Van Dyck" et est mise en service le 1er juillet 1839.

Plutôt que de vous les lister toutes, je vous ai fait un petit tableau récapitulatif ci-dessous:




Au total, entre 1835 et 1846, la Société du Renard livre 17 locomotives aux chemins de fer de l'Etat Belge, ce qui en fait le second plus grand constructeur de locomotives de l'époque, juste derrière Cockerill (79 locomotives) mais devant Saint-Léonard (15 locomotives). 44 locomotives sont, durant la même période, importées directement d'Angleterre.

On notera que la locomotive 128 "Van der Meersch" remporte la grande médaille à l'Exposition industrielle de Bruxelles de 1841.


Cependant, les commandes ne suivent pas. Trois locomotives partent pour l'Allemagne, deux pour la Hollande et une pour le chemin de fer houiller du Flénu. Ce n'est pas assez, surtout que la société du Renard ne peut concurrencer les prix pratiqués par Cockerill. Des brevets sont acquis et les installations des ateliers sont perfectionnés. Rien n'y fait, il faut licencier du personnel. Les immenses ateliers, prévus pour des commandes de grandes séries, en sont réduits à faire du bricolage. En 1843, les forges et la chaudronnerie se retrouvent eux aussi sans travail. La société est dissoute en 1844. Il ne reste alors plus que 150 travailleurs sur les 800 initialement prévus. Les ateliers ferment leurs portes en mai 1845 après avoir achevé leur dernière commande.

La Ville de Bruxelles rachète les bâtiments en 1853 et les fait démolir, afin d'y aménager la caserne des pompiers et la place du Jeu de Balle.


Vous pouvez découvrir des photos de ce site (la place et la caserne) via le site heritage.bussels, via ce lien. La caserne, longtemps laissée à l'abandon, a fait l'objet d'une rénovation complète en un complexe de 70 logements et 20 commerces au début des années 2000.


EDIT: j'ai retrouvé des informations relatives au prix de revient d'une locomotive produite par les Ateliers du Renard en 1845, à savoir la "Général Osten" (locomotive 148 de l'Etat Belge et la 30ème sortie des ateliers), que je vous retranscrit ci-dessous.

Ce document d'époque, extrêmement précieux, nous révèle les matières employées, leur quantité et leur prix, ainsi que le coût du travail et sa quantité.




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