samedi 8 juin 2024

Tramway de Charleroi - plainte de la société des Chemins de fer vicinaux belges, 28 juin 1887

Les Chemins de fer vicinaux belges
Société anonyme

Charleroi, le 28 juin 1887,

Monsieur le Ministre,

Le but et la raison d’être de notre société étaient la construction et l’exploitation de toutes les lignes vicinales à créer dans le pays de Charleroi. C’est ce qui résulte de nos statuts.

Dès les 28 et 29 aout 1881, des demandes en concession pour le prolongement  de nos lignes furent introduites pour celles de Gilly (Sart Allet), Lodelinsart, Chatelineau, Châtelet, Couillet et Marcinelle.
Le 21 janvier 1882, nous demandions la concession de la ligne de Charleroi à Lodelinsart par Damprémy, avec prolongement vers Jumet et Gosselies.
Le 28 aout 1883, nous demandions la concession de la ligne de Charleroi à Marchienne au Pont et Monceau sur Sambre.
Nous avons remis au Gouvernement les pièces et plans nécessaires à ces différentes demandes en concession.

Le Gouvernement ne donna suite à aucune de nos demandes. Son intention était de x constituer la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux qui, en ce moment, construit et exploite les lignes de Charleroi à Marchienne au Pont et Montigny le Tilleul, de Charleroi à Mont sur Marchienne, de Charleroi à Lodelinsart, de Lodelinsart à Gilly (Quatre Bras), notre tête de ligne actuelle.

De sorte que nous n’avons pas pu rémunérer notre capital depuis la création de notre société, malgré nos efforts et des résultats satisfaisants. L’exploitation a été ruineuse et l’expérience que nous avons faite a servi à tous et spécialement à la SNCV créée par le Gouvernement.

Les rails prévus pour l’exploitation des lignes au moyen des chevaux étaient en fer. Les essais faits avec les machines démontrérent rapidement qu’en présence de fortes rampes, les rails en fer ne sont pas assez résistants. Aussi notre société fut elle obligée de commencer immédiatement la réfection des voies en employant des rails en acier, pesant 27 kilos le mètre courant, posés sur des traverses en chêne.

Cette réfection sera terminée au plus tot en aout 1888.

De plus, le Gouvernement a donné ordre à notre société le 21 janvier 1887 de déplacer la double voie située entre la rue Neuve et la Porte de Waterloo, sur une longueur de 550 mètres environs, et de la reporter provisoirement sur la gauche à une distance d’environs 8 mètres de la voie précédente, avant de la rétablir sur la chaussée lorsque les terrains militaires seront mis en valeur et appropriés. Il s’agit de dépenses considérables, visant à demolir et reconstruire 4.400 mètres de voies, dont nous estimons la somme à au moins 18.000 francs.

Il résulte de ce qui précède que nous ne pouvons plus espérer le prolongement de nos voies. Nous devrions avoir le droit d’être indemnisés pour nos frais d’étude et autres, dont les bénéfices ont été enlevés par la SNCV. De plus, le montant des dépenses effectivement faites à ce jour pour l’établissement des lignes s’élève à la somme considérable de 923.096,51 francs environs, non compris la somme de 18.000 francs dont il a été question ci-avant.

Non seulement notre société n’a rien distribué à ses actionnaires, mais elle n’a pas pu, jusqu’à présent, commencer aucun amortissement. Hors, il entrait dans l’espoir du Gouvernement, en nous accordant nos 2 concessions, qu’en 24 années, l’exploitation de ces lignes devait produire des excédents suffisants pour rembourser le capital dépensé pour la construction et l’achat du matériel et pour rémunérer le capital social.

Jusqu’à ce jour et pendant 5 ans encore, les actionnaires ne recevront pas un sou d’intérêt sur le capital énorme dépensé dans cette malheureuse affaire, et les réfections de voies absorbent tous les amortissements que nous pourrions faire.

Nous venons donc vous prier, Monsieur le Ministre, de bien vouloir prendre en considération ce qui précède et décider que le point de départ du délai de notre concession soit fixé au 1er janvier 1888. Nous abandonnerions alors les revendications d’indemnités pour les concessions rappelées ci-dessus qui ont été accordées à la SNCV, ainsi que les frais occasionnés par le déplacement des voies entre la rue Neuve et la Porte de Waterloo.

Signé: Finet, Texiez et Warnant.


Comme le présent courrier restera sans réponse, un rappel sera adressé au Ministre en date du 24 octobre 1887.


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