samedi 28 mai 2016

Des lettres et des tramways: bienvenue dans l'envers (du décor) des anciennes cartes postales ^^

Un peu par hasard, j'ai décidé de regarder ma collection de cartes postales "sous un autre angle". J'ai donc "analysé" quelques oblitérations des services postaux belges, qui me semblaient assez intéressantes, et qui permettent d'avoir une idée du fonctionnement de la poste à cette époque.

J'ai mis mes commentaires sous les photos, en légende.

Postée le 31 mars 1907 à la gare d'Ostende, relevée entre 14 et 15 heures, et arrivée à Bruxelles le jour même à 19h ^^
Ca nous fait une livraison en J, alors qu'au mieux, aujourd'hui, les livraisons se font en J+1


Départ de la gare de Namur le 29 juin 1901 et arrivée
3 heures plus tard à Bruxelles.


Cette carte a, contrairement aux deux précédentes, a été postée en soirée. Elle est postée à la gare de Namur le 2 juillet 1901,  et y est relevée entre 20 et 21. Elle arrive à Bruxelles  le 3 juillet (le lendemain) entre minuit et 1h du matin.


Carte officielle de l'exposition universelle de Liège de 1905, postée à Liège Guillemins


Cette carte a traversé le Manche: postée à Folkestone le 18 août 1905 avant 11h du matin, elle arrive à Blankenberghe le lendemain entre 5 et 6h. Du J+1 pour de l'international, c'est très bien. Actuellement, on est à J+2 ou J+3 pour les courriers échangés avec le Royaume-Uni (selon mes statistiques sur www.postcrossing.com )


Cachet du bureau de poste de Bruxelles Midi (31 mars 1902)


Cachet bilingue du bureau de Bruxelles Nord (27 mars 1911)


Cachet du bureau du Quartier Léopold


Cachet du bureau de la chaussée d'Ixelles


Cachet du bureau de la rue du Méridien, à St Josse


Cachet de Bruxelles "Législatif"


Cachet du bureau de la rue Joseph II

Des cachets que je vous ai présentés ci-avant, j'en déduis que la poste fonctionne rapidement et efficacement, surtout vu l'époque: les boites aux lettres sont relevées très régulièrement et le courrier est expédié "en continu" vers sa destination, que ce soit en train, en "malle-poste", par porteur ou encore via les boites aux lettres qui se trouvaient à l'avant ou à l'arrière des tramways. Il faut dire qu'à l'époque, l'usage du téléphone n'est pas encore très répandu et la carte postale (qui bénéficie d'un tarif préférentiel) est l'équivalent des sms et textos actuels.

Voici une photo prise au Musée du Transport Urbain bruxellois qui nous montre l'une de ces fameuses boites aux lettres "de tramway". Ces boites présentaient un double avantage: le courrier pouvait y être déposé lors des arrêts de la voiture, mais surtout, ce même courrier était transporté d'un côté à l'autre de la ville




En fait, dès 1870, la Poste avait fait poser des "boites aux lettres" sur les omnibus sur rail. On peut ainsi lire, dans cet extrait du journal « L’Indépendance Belge » du 27 juin 1870 : « Les omnibus du chemin de fer américain dit Voies Ferrées Belges sont munis d’une boîte dans laquelle le public peut déposer des télégrammes sur le parcours compris entre le bois et la station dite Porte de Namur.
Ces télégrammes sont transportés par omnibus au bureau télégraphique de Bruxelles chargé de les transmettre.
Ils doivent être dûment affranchis au moyen de timbres ou de formules timbrées et mis sous enveloppe portant pour suscription "Télégramme à transmettre".

Ce transport est effectué sans frais pour le public, d’après les mêmes conditions que par les boîtes aux lettres, les facteurs ruraux et les porteurs de télégrammes en tournée ; c’est dire que l’administration ne délivrant point récépissé des télégrammes déposés de cette manière, ne peut être astreinte à donner suite à ceux qui ne seraient point rédigés et affranchis conformément aux règlements, ni à rechercher ceux qui ne seraient point parvenus à leur destination.

Consulter, pour de plus amples informations, le Guide de la Correspondance télégraphique, en vente aux bureaux.
»



L'expérience fut visiblement concluante, du fait que ce système ait été généralisé. Si bien que dès 1875, tous les cahiers des charges concédants des lignes de tramways contenaient un chapitre "Postes et Télégraphes" qui contenait une disposition du genre: "Des boites mobiles, disposées pour recevoir les lettres, télégrammes et correspondances de toute nature, pourront être adaptées à toutes les voitures. Le concessionnaire opérera gratuitement le placement et le transport de ces boites et de leur contenu, sur le parcours de toutes les lignes. Le dépôt des correspondances dans ces boites ne pourra se faire qu’aux divers points d’arrêts fixes des voitures. L’administration des postes aura le droit de placer des boites aux lettres aux aubettes, le tout sans aucune responsabilité pour le concessionnaire."

Je vous ai retranscrit ici l’intégralité des dispositions relatives aux Postes et Télégraphes, telles qu’elles étaient énoncées au Cahier des Charges annexées à la loi du 23 août 1899, autorisant le Gouvernement à unifier les concessions de tramways.

Un agent des Postes relève le courrier de la voiture 937, entre 1903 et 1906.


On notera au passage qu'en plus d'avoir placé des boites aux lettres dans les aubettes des tramways, la Poste en avait également pourvu toutes les stations des Chemins de fer, qui étaient relevées par le responsable de la station.

Les boites aux lettres fixées sur les tramways étaient levées entre 7 et 21h aux carrefours importants du réseau par de jeunes télégraphistes (entre 12 et 14 ans), qui les dirigeaient ensuite vers les bureaux de Bruxelles-Midi, Bruxelles-Nord, Bruxelles Quartier Léopold ou l'hôtel des Postes de la place de la Monnaie (Bruxelles-Central). Ces jeunes télégraphistes officiaient par pause de 2 heures et étaient payés 2 francs de l'heure, soit une fortune pour l'époque ^^


Jeune télégraphiste en poste à la porte de Schaerbeek


Bien que ce système de transport de courrier par tramways fut rapide et efficace,  les boites aux lettres des tramways furent supprimées en 1940, au lendemain de l'invasion allemande.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.