samedi 7 décembre 2019

Le charbonnage du Bois du Luc (Houdeng-Aimeries, Hainaut, Belgique) ^^

Après ma visite au charbonnage du Bois du Cazier, j'ai eu envie d'en savoir plus sur l'extraction minière et en particulier sur les aspects logistiques (notamment les wagonnets). Après avoir hésité entre la mine de Blégny et le charbonnage du Bois du Luc, c'est finalement ce dernier qui aura retenu ma préférence, vu qu'il s'agit d'un des plus anciens charbonnages belges. On notera que les 3 charbonnages susmentionnés, ainsi que celui du Grand Hornu, sont inscrit au patrimoine mondiale de l'UNESCO depuis 2012.

Revenons-en au charbonnage du Bois du Luc... Si la Société des Charbonnages du Bois-du-Luc existe depuis 1685, la fosse Saint-Emmanuel, qui fait l'objet de notre visite, n'ouvre qu'en 1846. 

Quelques années plus tôt, en 1838, la direction a anticipé l'ouverture de cette fosse et a commencé à construire une cité ouvrière juste de l'autre côté de la route. Le but est d'attirer la main d'oeuvre et, surtout, de la fidéliser. Outre quatre carrés d'habitations, la cité ouvrière compte aussi une épicerie, un café, une école pour filles, une école pour garçons, une boucherie, une église, une maison de retraite, un hôpital, une salle de fête et un parc avec un kiosque. 

Si la direction offre une sorte de "all inclusive" aux mineurs, c'est avant tout pour éviter que ceux-ci n'aillent voir ailleurs, aussi bien physiquement qu'intellectuellement (les idées de gauche sont fort en vogue à cette époque). De plus, la direction s'offre en outre, par le biais de ces équipements sociaux, un "retour financier" sur les salaires versés: les mineurs la remboursent en payant leur loyer ainsi que leurs achats faits à l'épicerie et à la boucherie. Dernier avantage de cette cité ouvrière: elle permet un contrôle permanent sur les mineurs qui y habitent.

Vous l'aurez compris, on ne parle pas (voir peu) de logistique industrielle au charbonnage du Bois du Luc. Par contre, on y parle politique, paternalisme et condition ouvrière. Et honnêtement, c'est très bien ainsi!


Passons donc à la visite. Nous commençons par la fosse Saint Emmanuel et le bâtiment de l'extraction.

Le bâtiment de l'extraction et le châssis à molette. Tout à droite, sur la photo, se trouvait jadis la remise à locomotives.
Le triage lavoir et les fours à coke (à l'arrière du site) ont également été démolis.

Ce bâtiment comporte une exposition nous invitant à suivre la journée-type d'un mineur. On visite ensuite la lampisterie et la machine d'extraction (c'est le nom donné à la machinerie et au mécanisme qui permet de faire monter et descendre la cage dans la fosse). On passe ensuite dans une salle d'exposition temporaire avant d'accéder à la salle du ventilateur et à la centrale électrique.

le ventilateur

La centrale électrique est un magnifique vestige du passé car totalement "dans son jus". Pas besoin, comme au Bois du Cazier, d'imaginer ce à quoi cela devait ressembler à l'époque, car on est directement "plongé" dedans. Mention spéciale aux carrelages et mosaïques qui ornent cette salle, c'est un spectacle qui mérite largement le détour!

la centrale électrique

Lorsque l'on quitte le bâtiment d'extraction pour atteindre les ateliers, il faut impérativement passer dans la maison du directeur. Quand je vous disais que les mineurs étaient constamment surveillés!

la maison du directeur

L'entrée des ateliers et des locaux administratifs, comme celle du bâtiment d'extraction, est protégée par des portes à guillotine. Celles-ci assurent la sécurité du site en cas de grève. Des tours (ornées des meurtrières factices) rendent encore cet accès plus menaçant.



Les locaux administratifs sont, comme la centrale électrique, encore "dans leur jus". Le voyage dans le passé est saisissant. On notera que la bureau du directeur n'est accessible aux ouvriers que via un double sas surmonté d'un miroir. Le directeur peut ainsi voir (et surveiller!) la personne qui attend dans le sas.

le bureau du directeur


Quant aux ateliers, ils comprenaient une forge, une fonderie, un magasin, un atelier de mécanique et un atelier de menuiserie. Le but recherché est d'avoir à disposition et de produire sur place toutes les pièces nécessaires à la production minière. Ils assurent également les réparations et l'entretien du matériel. Les bâtiments sont présentés dans l'état dans lequel ils se trouvaient en 1913.

vue générale des ateliers, prise depuis l'entrée


l'atelier de menuiserie


l'atelier de mécanique


Passons maintenant à la visite du coron. Au total, 162 maisons ouvrières sont construites entre 1838 et 1853.



Ces maisons ne comportaient, à l'origine, que deux pièces au rez-de-chaussée. L'étage était factice. Ces conditions de vie étant totalement insalubres (les registres de la société font été d'une famille de 17 personnes vivant dans ces deux pièces), il est décidé de les agrandir en ajoutant deux pièces à l'arrière: une cuisine et une salle de bain. Le WC est accessible via les jardins. On en profite pour rehausser les toitures et offrir deux pièces supplémentaires à l'étage.

une salle de bain


une cuisine

C'est ici que se termine notre (chouette) visite. Une mention spéciale à notre sympathique guide, à la fois passionné et passionnant. Qu'il soit vivement remercié pour le temps et l'attention qu'il nous a consacrée.

A bientôt pour de nouvelles découvertes,

Callisto

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