Le 6 juillet 1887, la ligne reliant la Petite Suisse au Café du Lac, est ouverte à l’exploitation et, 3 semaines plus tard, le 28 juillet, un prolongement allant jusqu’à la chaussée de La Hulpe (hippodrome de Boitsfort), par les actuelles avenues du Derby et de la Forêt, est inauguré sous le couvert d’une autorisation spéciale. L’arrêté royal accordant la concession de ce dernier prolongement ne sera en effet promulgué que le 9 juillet 1888.
En 1888, 10 voitures salons de 1ère classe sont progressivement mises en circulation. Ces voitures proposent une plate-forme centrale de 28 places et deux luxueux compartiments, de 6 places assises chacun, dont l’un est réservé aux fumeurs.
On peut ainsi lire, dans "L’Indépendance Belge" du 20 mai 1888: "Le Société du chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Boitsfort a inauguré vendredi après-midi deux voitures d’un nouveau modèle. La nouvelle voiture est divisée au centre par une large plate-forme, les deux compartiments qui se trouvent en tête et sur le derrière sont très spacieux, et très coquettement aménagés. L’un est tout tendu de tapisseries orientales, le parquet comme le plafond, les sièges comme les lambris. On croirait se trouver dans un petit salon. L’autre compartiment est décoré dans une note plus claire. Du cuir jaune piqué de clous d’or en recouvre les parois, comme il habille également les larges sièges. Chaque voiture nouvelle construite sur ce plan recevra une décoration spéciale. On emploiera différentes espèces de cuir et de tapisseries."
Le 12 juin 1888, la société demande la concession d’une ligne de la Porte de Namur au Cinquantenaire. Les protestations sont, une fois de plus, nombreuses. La Députation permanente donne encore satisfaction aux riverains. La compagnie conclut également une convention avec la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux, afin d’exploiter la partie urbaine des lignes suivantes:
- Eglise Sainte-Marie – Boitsfort, dont seule la portion "Eglise Sainte-Marie – place Sainte-Croix" a été autorisée par l’arrêté ministériel du 7 juin 1889. Après avoir fait circuler, à diverses reprises des trains d’essai, la société du Chemin de fer à Voie étroite fait établi régulièrement et définitivement le service le 1er août 1889.
- Bruxelles-Haecht, autorisée par l’arrêté royal du 17 novembre 1888, et mise en service le 1er septembre 1890
- Place de Saint-Josse – Cimetière de Bruxelles – Sterrebeek (autorisée par l’arrêté royal du 17 février 1890. Les travaux ont été entamés le 2 juillet, par les rues Willems, des Eburons, de Gravelines et de Pavie. La mise en service de la première section achevée a lieu le 19 juillet 1891. La section allant jusqu’au cimetière de la Ville est, quant à elle, livrée à l’exploitation le 9 août 1891).
L’exploitation de la partie suburbaine des lignes de Haecht et de Sterrebeek est assurée par la SNCV. Quant à la société du Chemin de fer à Voie Etroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael, elle conclut un contrat de traction avec la société anonyme des railways économique de Liège-Seraing et extensions, en date du 1er mai 1889. Ce contrat enlève à la société d’Ixelles-Boendael tous les aléas d’exploitation et d’accident. Il diminue également les bénéfices d’exploitation, mais les porteurs d’obligations et d’actions y gagnent en sécurité.
On notera que société du Chemin de fer à Voie Etroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael et la société anonyme des Railways économique de Liège-Seraing et extensions font toutes les deux parties de la société générale des Railways à voie étroite et donc, du groupe Empain.
En prévision de l’exploitation de ces nouvelle lignes, la Société anonyme du Chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael passe commande de 20 voitures de seconde classe et de 6 locomotives à la Société Métallurgique et Charbonnière (Ateliers de Tubize et de Nivelles). Trois locomotives (Tubize 742, 743 et 744) sont livrées en 1889, et trois autres en 1892 (Tubize 853, 854 et 855). Les numéros 12 à 14 auraient été attribués aux locomotives Tubize 742 à 744 au Chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael. Quant aux trois autres locomotives, elles reçoivent, selon les sources, les numéros 15 à 17 ou 25 à 27. Ce matériel, ajouté, à celui de la Société Nationale des Chemins de fer vicinaux constitue un parc de 25 locomotives environ, de plus de 100 voitures et de très nombreux wagons à marchandises.
Note de la rédaction:Aucune des hypothèses de numérotation des locomotives "Ixelles-Boendael" ne tient la route en comparaison avec les documents iconographiques qui nous sont parvenus.La version la plus répandue donne la numérotation suivante : 1 à 14, puis 25 à 27. Les numéros 15 à 24 seraient restés vides en prévisions de la reprise de matériel roulant SNCV des lignes Bruxelles-Haecht et/ou Bruxelles–Sterrebeek. Cependant, il existe une photo de la locomotive 17 (reproduite dans l'ouvrage "La Belle Epoque" de J. Delmelle), ainsi qu’une photo de la locomotive 22 immortalisée peu avant la mise en service de la ligne Cinquantenaire-Tervueren, reproduite ci-dessous.Une autre version (plus rare) de cette numérotation fait état des locomotives 1 à 17. Ce qui n’explique pas non plus l'existence éventuelle d'une locomotive portant le n° 22.Il existe une troisième hypothèse, parue dans un article publié dans la revue "Tramania" qui fait état de la numérotation suivante: 1 à 11, puis 22 à 27. Ce qui n’explique pas la présence des locomotives 14 et 17 sur la photo prise au dépôt de Haecht.On pourrait éventuellement envisager que les locomotives 14, 17 ou 22 soient des locomotives vicinales. Il reste qu'indiquer un grand numéro sur l'avant ou l’arrière des locomotives ne semble pas avoir été une de leurs habitudes.
Le personnel des voies et travaux de la société
d’Ixelles Boendael pose devant la locomotive 22, quelque part le long de la ligne de Tervueren, le 27 avril 1897. (c) Coll. Mupdofer |
Le matériel affecté à la ligne "Haecht-Sainte Marie" est remisé au dépôt de Haecht, tandis qu’une partie du matériel roulant desservant la ligne de Sterrebeek se trouve dans l’ancien dépôt de la société anonyme du tramway à vapeur de Bruxelles à Evere, établi chaussée de Louvain (sur le coin de l’avenue du Cimetière). Le surplus du matériel roulant de cette ligne est remisé au dépôt de l’avenue de l’Hippodrome, de même que les trains qui assurent les services urbains de la place Sainte Croix à Schaerbeek.
Le terminus établi derrière l’église Sainte Marie se retrouve rapidement encombré de wagons et de charrettes en chargement et en déchargement. Afin de limiter les embarras de circulation, ce terminus est transféré sur un grand terrain situé à front de la chaussée de Helmet (partie actuellement dénommée rue Général Eenens) et de la rue Waelhem.
Le terminus de la ligne de Haecht, sis derrière l’Eglise Sainte-Marie © Mupdofer. |
Forte de son contrat de traction avec la société anonyme des railways économiques de Liège-Seraing et extensions, la société du Chemin de fer à voie étroite lance, en mars 1890, une émission publique de 1.800 obligations de 800 francs, rapportant 4pc d’intérêt. La publicité y relative nous apprend que les recettes de l’exploitation ont été successivement de:
- 124 628,43 francs pour l’exercice 1884-1885;
- 109 147,04 francs pour l’exercice 1885-1886;
- 123 575,01 francs pour l’exercice 1886-1887;
- 161 798,67 francs pour l’exercice 1887-1888;
- 165 029,57 francs pour l’exercice 1888-1889.
L’année 1890, donc nous ne connaissons pas les recettes, est présumée fort prospère, vu que le service de la section urbaine de la ligne de Bruxelles à Haecht est doublé vers le milieu de l’année.
En décembre 1890, la compagnie Bruxelles à Ixelles-Boendael institue des cartes d’abonnement de trois mois, six mois et un an, valables sur tout le parcours de la Porte de Namur à Boitsfort.
Les abonnements courent à partir du 1er et du 15 de chaque mois et doivent être demandés au moins 8 jours à l’avance. Les demandes d’abonnement doivent être adressées à la direction: "Bureaux, 170 avenue de l’Hippodrome, à Ixelles". Toute demande d’abonnement doit être accompagnée d’un portrait du demandeur, photographié sur papier de 6 cm de haut, sur 4 de large, la hauteur de la tête étant au moins d’un centimètre. Ce portrait, destiné à être annexé à la carte d’abonnement, ne doit pas être collé sur carton et doit être revêtu de la signature du demandeur.
Le prix des abonnements en seconde classe est fixé comme suit: un an, 100 francs; six mois, 70 francs; trois mois, 50 francs. Lorsque plusieurs personnes de la même famille, habitant sous le même toit s’abonnent, il est accordé pour le second abonnement 10 pc de réduction, et 15 pc pour les abonnements suivants. Les abonnements en première classe se payent 10 francs de plus que ceux de seconde classe.
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