Revenons-en à la société du chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael, dont le réseau, en 1895, se résume toujours aux lignes concédées à Félix Vellut en date du 1er octobre 1883, aux prolongement du Lac (1887) et de l’Hippodrome (1888), ainsi qu'aux trois lignes que la SNCV lui concédées (1889-1891).
Le 31 octobre 1895, la compagnie sollicite à nouveau la concession d’une ligne reliant la Porte de Namur au Cinquantenaire et d’une autre allant de la Place de la Couronne à la Petite Suisse par l’avenue de la Couronne et le boulevard militaire, avec un prolongement vers la place communale de Boitsfort, via la chaussée de la Hulpe et la drève du Duc. La demande de concession spécifie que l’exploitation se ferait à l’électricité.
Bien que cette demande reçoive un avis favorable de la commune d’Ixelles, du fait que la société du Chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael s’engage à substituer la traction électrique à la traction à vapeur, cette dernière ne se retrouve concessionnaire de nouvelles lignes que suite à l’apport d’Edouard Parmentier, qui cède sa concession de tramway vers Tervueren (obtenue le 10 juin 1895 et approuvée par la loi du 11 septembre 1895), ainsi que tous ses droits sur les extensions de la ligne : de l’Exposition à la Porte de Namur, et de l’Exposition à la place de Louvain.
L’arrêté royal du 23 août 1896 approuve la concession de la ligne de la Porte de Namur à l’avenue de la Chevalerie (Exposition) à Etterbeek, accordée conjointement à Edmond Parmentier et à la société du Chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael. Cette concession est accordée moyennant la condition spéciale de transformer la traction à vapeur du réseau ixellois en traction électrique dans le délai de 3 ans, conformément aux stipulations du l’arrêté de la Députation permanente du 21 août 1896. La concession prévoit que les voitures du Bruxelles-Ixelles-Boendael circulent, avenue Marnix, sur une section de ligne appartenant aux Tramways Bruxellois. Comme les écartements diffèrent (à voie normale pour les Tramways Bruxellois et à voie étroite pour le Bruxelles-Ixelles-Boendael), on comprend bien qu’un seul rail est utilisé par les deux compagnies. Cela n’empêche pas les disputes: le conflit ne cesse qu’avec le rachat du réseau de la société du Chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael par les Tramways Bruxellois en 1899.
Un second arrêté royal, également daté du 23 août 1896, déclare la Société anonyme du chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael concessionnaire d’une extension à traction électrique par câble aérien de la place de la Couronne à la Petite-Suisse (Ixelles) par l’avenue de la Couronne et le boulevard Militaire, du tramway existant de la porte de Namur à la Petite-Suisse, sur le territoire de la commune d’Ixelles.
Quant au transfert des concessions Parmentier à la société du Chemin de fer à Voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael, il est approuvé par le gouvernement via deux arrêtés royaux :
- du 2 novembre 1896, en ce qui concerne la ligne Place Saint-Josse – Tervueren;
- du 13 novembre 1896, ce qui concerne la ligne Treurenberg-Cinquantenaire.
Les deux lignes sont inaugurées le 9 mai 1897.
Dans l’intervalle, le 28 octobre 1896 pour être précis, se tient l’assemblée générale ordinaire et extraordinaire des actionnaires de la société, dont Maitre Edouard Van Halteren, notaire à Bruxelles, nous dresse le procès-verbal suivant:
Sont présents ou représentés les actionnaires suivants :
- La compagnie générale de Railways à voie étroite, représentée par Messieurs Alphonse Braem et Achille Huart-Hamoir (872 actions);
- Monsieur Edouard Empain, ingénieur (1284 actions);
- Monsieur Arthur du Roy de Blicquy, ingénieur honoraire des Ponts et Chaussées (72 actions);
- Monsieur le compte Adrien d’Oultremont, propriétaire (10 actions);
- Monsieur Edmond Terlinden, propriétaire (10 actions);
- Monsieur François Empain, docteur en droit (148 actions);
- Monsieur Jules Carlier, propriétaire et ancien membre de la Chambre des représentants (2 actions);
- Monsieur Eugène Borson, ingénieur (2 actions).
Soit ensemble, 2400 actions.
L’assemblée décide d’augmenter le capital social de 2.300.000 francs par l’émission de 4.600 actions nouvelles de 500 francs chacune, conférant, à partir du 1er juillet 1886, les mêmes droits et avantages que les 2.400 actions dont le capital social a été constitué par l’acte du 29 avril 1884. Le capital social sera ainsi porté de 1.200.000 à .3.500.000 francs.
La compagnie générale des Railways à voie étroite intervient tant en son nom personnel que comme se portant fort pour Monsieur Parmentier et ses co-intéressés, à l’effet de faire apport à la société du chemin de fer à voie étroite de Bruxelles à Ixelles-Boendael:
- De la concession de la ligne de la place Saint-Josse à Tervueren, telle qu’elle résulte de la loi du 11 septembre 1895 portant approbation d’une convention intervenue entre l’Etat Belge et Monsieur Parmentier, sous la date du 10 juin 1895 ;
- De la part des droits qui appartiennent à Monsieur Parmentier et ses co-intéressés dans la concession de la ligne de la porte de Namur à l’Exposition de 1897, concession accordée par arrêté royal sous la date du 23 août 1896 ;
- De l’engagement qu’elle prend, tant en son nom propre qu’au nom de ses cointéressés, pour la construction de la voie de ces lignes, y compris les concessions électriques, avec double voie et rail de 42 kilos pour les sections à rues pavées et de 30 kilos pour les sections sur accotement, ainsi que les aiguillages, croisements et garages nécessaires, les travaux devant être exécutés en six mois date des présentes.
Ces apports sont réalisés moyennant l’attribution des 4.600 actions nouvelles dont la création vient d’être autorisée.
Le temps presse et les travaux à réaliser sont nombreux: il faut construire les nouvelles lignes, acheter du matériel roulant pour les desservir, construire des remises pour l’abriter, et prévoir les usines électriques qui génèreront le courant nécessaire à la traction. Et pour cela, il faut d’abord avoir les moyens financiers nécessaires. On peut ainsi lire, dans le "Journal de Bruxelles" du 11 novembre 1896:
Emission publique de 7.000 obligations de 500 francs à 4 % - Le 24 novembre 1896, chez Monsieur E. Empain, banquier, 105 rue de l'Enseignement et au Crédit Général de Belgique, rue du Congrès, 16 On peut également souscrire par correspondance.Cette émission d'obligations est destinée à réaliser l'installation de la traction électrique sur tout le réseau actuellement concédé à la société.
Ce réseau comprend:
A. La ligne de la porte de Namur au Bois de la Cambre, à Boendael et à l'Hippodrome de Boitsfort par la chaussée d'Ixelles.
B. La ligne de la porte de Namur à la place Sainte-Croix par la chaussée de Wavre et la rue Malibran.
Ces deux lignes sont construites depuis 10 ans et exploitées au moyen de locomotives vicinales. Ce mode de traction sera transformé par l'application de l'électricité par fil aérien. Les installations nouvelles permettront d'assurer, aux jours d'affluence, un service de départ toutes les deux minutes, tant pour le Bois de la Cambre que pour l'Hippodrome de Boitsfort.
C. La ligne de la porte de Namur aux casernes de cavalerie et à la Petite Suisse, par l'avenue de la Couronne et le boulevard Militaire, concédée le 23 août 1896 pour une durée de 36 années.
D. La ligne de la porte de Namur à Etterbeek et au parc du Cinquantenaire, concédée pour 50 années par arrêté royal du 23 août 1896.
E. La ligne de la porte de Louvain (au lieu-dit Bodega: coin de la rue Royale et de la rue de Louvain) au square Marie-Louise et au parc du Cinquantenaire, par la rue de Louvain, le boulevard du Régent, la rue Joseph II et le quartier Nord-Est. Concédée pour 50 années par la députation permanente, l'arrêté royal de concession paraitra dans peu de jours.
Les installations électriques de ces trois lignes permettront éventuellement d'assurer un service de 3 en 3 minutes.
F. La ligne du parc du Cinquantenaire au parc de Tervueren par l'avenue de Tervueren, concédée pour 50 années. Les installations électriques permettront d'effectuer un service de 10 en 10 minutes dans chaque sens.
Toutes ces lignes ont une longueur d'environ 30 kilomètres. Elles sont ou seront construites à double voie avec rails de 42 kilogrammes pour les parties en pavage et de 30 kilogrammes pour les parties établies sur les trottoirs.
Outre ces lignes, installées à l'électricité par fils aériens, la société continuera à exploiter par locomotives vicinales les lignes de la société Nationale des Chemins de fers vicinaux qu'elle a affermée il y a quelques années. Ces lignes se décomposent comme suit:G. de l'Eglise Sainte-Marie à Haecht;H. de Sainte-Marie à la place Sainte-Croix;I. de la place Saint-Josse à Sterrebeek.
Les lignes A, B, G, H et I ont donné les recettes suivantes:Exercice 1893-1894: 515.066 francs.Exercice 1894-1895: 550.831 francs.Exercice 1895-1896: 570.010 francs.
Le personnel des voies et travaux de la société d’Ixelles Boendael pose
devant la locomotive 22, quelque part le long de la ligne de Tervueren, le 27 avril 1897. © Coll. Mupdofer |
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