lundi 7 octobre 2013

Un peu d'histoire (la suite!) ^^

L'article que j'ai consacré à Max Carl Gritzner m'a donné envie d'en savoir plus sur lui et sur son usine, et en particulier de ce qu'il en était advenu au fil des ans.

Ce second article historique est donc consacré à de plus amples informations sur la société Gritzner, depuis sa création en 1872 jusqu'à nos jours...


Le premier point que je vais aborder est le rôle que le père de Max Carl Gritzner, Maximilien Joseph, a joué dans la carrière de son fils.
Maximilien Joseph Gritzner (1794 - 1872) était un juriste et un homme politique autrichien. Il a occupé de nombreux postes à responsabilité dans l'administration et a été membre de l'assemblée nationale. En 1849, il prit part à l'insurrection d'Octobre  à Vienne, et il fut temporairement arrêté et suspendu de ses fonctions. L'année suivante, il parvint à s'échapper aux USA en transitant par la France. Son fils Max Carl, également impliqué dans les émeutes, l'accompagne.

On ne sait pas trop ce que le papa devient entre 1850 et 1872, mais, une fois de retour en Allemagne et installés à Durlach, le père et le fils s'associent pour fonder une fabrique artisanale de machines à coudre. Et dès 1873, les deux fils de Max Carl, Rudolf et Julius, rejoignent eux aussi l'entreprise familiale. Ils déposent ensemble plusieurs brevets pour des machines à coudre, des améliorations, mais aussi du mobilier (pour machine à coudre, évidemment).

La petite entreprise familiale de 1872, qui emploie 40 travailleurs, devient rapidement une entreprise d'envergure. Elle emploie 1000 personnes en 1893 (pour 45.000 machines produites), 2350 en 1901 (où on atteint le million de machines produites) et 3500 en 1914 (où la production journalière est de 600 machines à coudre et 120 vélos!).

Si vous avez envie de savoir à quoi ressemblait l'usine à cette époque, je vous invite à cliquer sur les liens suivants:
- Pour l'année 1910 (en couleur! - Le site comprenait alors, outre les ateliers de fabrication et les espaces de stockage, une caserne de pompier, une pompe à eau et une gare.): http://www.durlach.org/details.php?image_id=9803



Les conditions de travail de l'époque étaient assez rudes: 
- les travailleurs n'ont bénéficié de l'assurance maladie-invalidité et du chômage qu'en 1889, où la retraite a également été instaurée. 
- un système de distribution des repas chauds n'a été mis en place qu'en 1906. Avant cela, c'étaient les épouses des travailleurs qui venaient porter leur repas de midi à leur mari.
- les femmes qui travaillent sur le site (notamment pour polir les machines en fonte une fois qu'on les sortait de leurs moules) n'étaient payées que la moitié de ce que gagnaient leurs collègues masculins.
- et, pour finir, si le travailleur arrivait en retard à son travail, il était sanctionné par une importante perte de salaire.


Durant la Seconde Guerre mondiale, l'usine sera partiellement détruite dans un bombardement allié. Il faut dire qu'à cette époque, elle ne produisait plus de machines à coudre, mais des obus et des grenades. Elle emploie alors 2500 travailleurs.
Une fois la guerre terminée, l'usine va produire à plein régime car la demande est importante, non seulement des machines à coudre, mais également des meubles pour radio, télévision ainsi que des armoires.
La demande retombe à partir de 1954, suite à l'invasion de machines à coudre japonaises bon marché ainsi qu'en conséquence de l'assouplissement des règles d'importation.

Pfaff rachète alors la société Gritzner, et les ruines de l'usine, détruites dans un incendie et y reconstruit  alors un espace industriel plus moderne (1962).

Le site a ensuite été abandonné aux alentours des années 2000 - le site était alors exploité par Husqvana - Viking et n'employait plus que 110 travailleurs -  et reconverti en 2008 en un centre d'entreprise, après de lourdes rénovations.

Seule la cheminée de la chaufferie Pfaff a été conservée:



On peut avoir un aperçu du nouveau complexe sur le site de la RaumFabrik

Voici encore un lien intéressant. C'est un extrait d'un magazine allemand qui retrace le passé industriel de Durlach, avec notamment deux photos intéressantes, la première où l'on voit la fonderie (où l'on moulait les différentes pièces qui composent la machine) et la seconde où l'on a un aperçu de la chaîne d'assemblage de l'usine Gritzner:
www1.karlsruhe.de/Wirtschaft/img/standort/profile/KWS03_024_Geschichte.pdf

Que retenir de tout cela? Sans doute le bilan global de la société Gritzner: entre 1900 et 1960, elle ne vendra pas moins de 7 millions de machines dans 82 pays différents!

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