mercredi 10 janvier 2018

A l'origine des transports en commun bruxellois (1/4): les omnibus du Bourdon, Chameau et Cluysenaer, 1840-1861 ^^

A l'origine des transports en commun bruxellois - les omnibus


A l'occasion de la nouvelle année, je vous propose une nouvelle série, dédiée aux anciens omnibus bruxellois. Quatre parties sont au programme:
1/4: les omnibus d'avant 1867;
2/4: les omnibus de la "Compagnie générale des omnibus" de M. de Waet;
3/4: les omnibus de la Brussels Street Railways and Omnibus Co Ltd;
4/4: les omnibus des Tramways Bruxellois.

Nous commençons donc aujourd'hui avec le tout premier chapitre de cette nouvelle série, qui abordera les divers omnibus ayant circulé à Bruxelles entre 1840 et 1867. Bonne découverte!

Le "Point central", sur la place de la Bourse, au début du siècle passé.

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La constitution belge, approuvée le 7 février 1831, proclame Bruxelles "Capitale de la Belgique et siège du Gouvernement". A cette époque, les diligences et les malles-poste assurent seules les communications entre Bruxelles et les autres villes du pays. A partir de 1835, grâce à l’action visionnaire du roi Léopold Ier et aux premières lignes de chemins de fer, les services de transport de voyageurs et de marchandises se multiplient entre la capitale et les villes les plus importantes du pays et de l’étranger.

Les premiers services d’omnibus bruxellois sont organisés après l’inauguration de la ligne de chemin de fer Bruxelles-Malines, le 5 mai 1835. Avant l’ouverture de la gare de l’allée Verte, située hors du centre-ville, les points de départ des diligences étaient nombreux et dispersés, car il n’y avait pas d’endroit particulier où convergeaient les voyageurs. Un mois après la mise en service de la gare de l’allée Verte, une première ligne d’omnibus relie celle-ci au centre-ville (porte de Namur et place Royale). 

Il faut croire que cette ligne a rencontré un franc succès, puisqu’en 1840 il existe plusieurs lignes d’omnibus qui font correspondance avec le chemin de fer:
*  la Comète, la Bruxelloise, le Progrès et le Remorqueur, dont le point de départ se situe porte de Namur ;
*  les Dames Blanches, qui partent de la porte de Hal ;
*  les Omnibus-diligences, qui ont leur point de départ à rue des Ursulines ;
*  le Lézard, qui part de la rue des Alexiens.

Les omnibus de la porte de Namur circulent jusqu’en 1846, et les autres jusqu’en 1857-1858. La disparition de ces services coïncide avec l’établissement de plusieurs gares à Bruxelles. Il n’y avait, à nouveau, plus suffisamment de mouvements de voyageurs qui convergeaient vers un seul et même point.


L’organisation des transports en commun dans la capitale ne prend, à cette époque, aucune espèce d’extension, sauf peut-être l’initiative de quelques particuliers, ayant entrepris de relier le centre de la ville et la banlieue immédiatement au moyen de « pataches » rappelant plus ou moins les anciennes diligences et acceptant le transport de colis peu encombrants. Parmi eux, l’omnibus dit « du Bourdon » (nom d’un groupe d’habitations situées à l’angle de la chaussée d’Alsemberg et de la chaussée de Droogenbosch), qui effectuait 2 ou 3 fois par jour le trajet qui séparait l’établissement du Duc Jean, situé rue de la Putterie (artère supprimée vers 1912 lors des démolitions effectuées en vue de la construction d’une gare centrale) à Uccle Calevoet, en passant par la rue Haute et les chaussées de Waterloo et d’Alsemberg. 

L’omnibus, attelé de deux chevaux, faisait étape à la Barrière de Saint-Gilles, puis marquait un court arrêt au Spijtigen Duivel (établissement qui existe toujours au 621 de la chaussée d’Alsemberg) où l’on déposait et recevait des colis de petites dimensions, avant de rejoindre Uccle-Calevoet. 

Le "Spijtigen Duivel" au début du siècle passé - (c) Coll. G. Bricman


Le prix du trajet complet était de 50 centimes par personne. Ce service d’omnibus, mis en service dès 1837, fut supprimé après l’ouverture de la ligne de chemin de fer de Luttre, opérationnelle sur toute sa longueur dès le 1er juin 1874, et de la gare de Calevoet, inaugurée dès le 20 septembre 1873.


Ticket de l’omnibus de Bruxelles, Uccle et Calevoet, dit « du Bourdon » - © Coll. A. Pastiels


Par la suite, plusieurs entrepreneurs essaient d’établir de nouvelles lignes vers Jette, Ixelles et Schaerbeek. Leurs tentatives restent vaines et l’exploitation cesse le plus souvent après quelques mois. Les omnibus vers Laeken et Anderlecht ont plus de succès et se maintiennent jusqu’en 1867, où ils disparaissent devant la concurrence du réseau étoilé de la compagnie De Waet, ou sont finalement repris en 1868 par la compagnie Vaucamps.



Mais revenons un peu en arrière, le 10 octobre 1857, jour où Monsieur S. Chameau sollicite l’autorisation d’établir un service régulier de voitures partant simultanément, tous les quarts d’heure, des douze portes de la ville et traversant toute la capitale en passant par la Grand-Place où toutes les lignes stationnent pour attendre les correspondances. Le postulant de la concession proposait d’utiliser de petit omnibus sans impériale, à 11 places, dont une pour le cocher et une pour le receveur. La traction par deux chevaux était prévue pour les lignes accidentées, un seul cheval suffisant pour les lignes sur terrain plat. Le prix du trajet direct devait être fixé à 15 centimes.
Le Conseil communal est favorable à la mise en place d’un tel service et accorde la concession. Cependant, Monsieur Chameau n’est pas en mesure de réunir les capitaux nécessaires pour commencer l’exploitation du service.



Trois ans plus tard, en 1860, Messieurs Jean-Pierre Cluysenaer (qui est également l’architecte des galeries royales Saint-Hubert) et Léon Fontaine constituent une société dénommée « Compagnie générale des Omnibus de Bruxelles », ayant son siège social au 60 boulevard de Waterloo, et ayant pour vocation d’exploiter le transport en commun des voyageurs dans et autour de Bruxelles, par omnibus

Le 23 juin 1860, ils font parvenir au collège de la Ville de Bruxelles la requête suivante :
« Notre société a pour objet l'exploitation régulière de différentes lignes d'omnibus pour Bruxelles, ses faubourgs et communes limitrophes, au prix de 20 centimes par place. Ces lignes partiront toutes les demi-heures, des points extrêmes de chaque faubourg, pour aboutir à la Grand-Place, où ils  pourront prendre les  correspondances, moyennant 10  centimes de supplément.
     Notre service comprendra en principe les six lignes désignées en rouge sur le plan de circulation ci-annexé. Les autres lignes désignées par la couleur bleue seront exploitées au fur et à mesure que les besoins s'en feront sentir, moitié de notre capital étant spécialement réservée à cet effet.
   Nous joignons également à cette demande une circulaire, qui vous renseignera sur notre mode d'exploitation et le prix des places, qui du reste est le même pour l'intérieur et l'impériale.
    Nos voitures, construites avec le plus de légèreté et de confort  possible, auront, intérieur et impériale compris, vingt-cinq places pour les lignes planes et dix-huit seulement pour les lignes montantes. La traction sera faite sur toutes les lignes au moyen de deux  vigoureux chevaux et avec l'adjonction d'un troisième en flèche, s’il y avait nécessité pour certaines côtes.
    Nous venons donc, Messieurs, vous demander l'autorisation de circuler avec nos voitures sur les lignes indiquées au plan ci-annexé, et de stationner sur la place de l'hôtel de ville, centre où devront aboutir toutes nos lignes.
  Nous espérons que , prenant en considération la difficulté des commencements, vous voudrez bien nous faciliter, autant qu'il sera en votre pouvoir, les moyens de mener à bonne fin une entreprise éminemment nationale, et qui doit être une nouvelle source de bien-être et de prospérité pour notre ville de Bruxelles.»

Le 18 août 1860, le conseil émet un avis favorable à l’exploitation des six lignes par omnibus à deux chevaux, avec impériale. La mise en service est prévue soit le 1er février, soit le 1er mars 1861.


En vue de lever les fond nécessaires à leur entreprise, la Compagnie Générale des Omnibus de Bruxelles émet deux séries d’actions, en juillet et en novembre 1860, avec le slogan suivant : « Population de 300.000 âmes / Etendue du parcours : une lieue / Départ toutes les demi-heures / Vingt centimes par course / Bénéfice probable : 20% / Bénéfice certain : 10% »


Malheureusement, messieurs Cluysenaer et Fontaine, pas plus que monsieur Chameau, ne parviennent à organiser le service d’omnibus projeté. Le journal  "l’Indépendance Belge" du 27 juillet 1861 publie d’ailleurs l’avis suivant: "L’administration générale de la Compagnie générale des Omnibus de Bruxelles a l’honneur de prévenir ses actionnaires qu’elle remboursera les fonds versés par eux à partir du 25 juillet courant, au siège de la société, boulevard de Waterloo, 60, de 1 à 4 heures."

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