Tramways Electriques du Pays de Charleroi et Extensions,
Société anonyme
Tramway de Charleroi à Couillet (Queue) avec embranchement vers Couillet (Centre).
Prolongement de Charleroi à Courcelles.
Bruxelles, le 10 décembre 1912,
Projet de cahier des charges.
La concession du prolongement sera soumise aux clauses et conditions du cahier des charges relatif à la concession du tramway électrique de Charleroi à Couillet (Queue) avec embranchement vers Couillet (Centre) arrêté à Bruxelles, le 14 mars 1911, par le Ministre de l'Agriculture et des Travaux Publics, sous réserve des modifications suivantes:
L'entreprise a pour objet la concession, l'entretien et l'exploitation du prolongement du tramway électrique de Charleroi à Couillet (Centre et Queue) à partir de Charleroi centre jusque Courcelles en passant par Lodelinsart, Jumet et Roux.
Le prolongement partira de la place du Centre, suivra la rue du Dauphin, la place du Manège, l'avenue Jacques Bertrand, la rue du Mambourg, la place de la Broucheterre, la rue Pige-au-Croly, la rue du Chenois, continuera à gauche sur siège spécial en passant à niveau le chemin de fer de l'Etat de Lodelisart à Jumet la Coupe. Il traversera ensuite la route de Châtelet, puis empruntera la ruelle de l'Harmonie, la rue Remoncheval, la rue de la Marine, la rue de l'Ermitage, la rue du Bois Delville, la rue Surlet, la rue Ledoux, la rue Gendebien, la rue Frère Orban, la rue du Commerce, la rue Pierre Joseph Wéry, la rue de Gohissart, la rue du Trieu, la rue Emmanuel Jacquet, la rue des Wayens, la rue de la Lâche, la rue de Marchienne, la rue en impasse qui se trouve à droite, immédiatement avant le chemin de fer de Piéton à Fleurus. A partir de cette rue le tracé continuera à gauche, sur siège spécial, traversera le chemin de fer, et viendra se raccorder à la rue de Marchienne au coin de la rue des Sartis. De là, il continuera de la rue de Marchienne, le Trieu Floris Lagneau, la rue du Ballon, la rue du Petit Courcelles et se terminera à la place Ferrer à Courcelles.
Le concessionnaire sera autorisé à traverser à niveau le chemin de fer de l'Etat de Lodelinsart à Jumet-la-Coupe (ligne réservée aux trains de marchandises).
Il sera également autorisé à établir pour l'usage exclusif du tramway un passage supérieur au-dessus du chemin de fer de l'Etat de Piéton à Fleurus à l'est de la halte de Wilbeauroux.
Les autorisations nécessaires feront l'objet d'arrêtés du Ministre des chemins de fer.
Le concessionnaire commencera l'exécution des travaux dans les 3 mois qui suivront la date à laquelle les plans approuvés lui seront remis par le Ministre. Sauf cas de force majeure, il les continuera et les terminera de manière à ce que la ligne puisse être en exploitation 18 mois après la date remise des plans approuvés.
De 7h à 19h en hiver, et à 20h en été, il ne s'écoulera pas plus de 15 minutes entre le passage de deux voitures consécutives à chaque station. Passé 19h en hiver et 20h en été, le service se fera au moins d'heure en heure.
Le prolongement sera divisé en sections de la manière suivantes:
1. de Charleroi, place du Centre, à Lodelinsart, ruelle de l'Harmonie;
2. de Lodelinsart, ruelle de l'Harmonie, à Jumet, rue de la Station;
3. de Jumet, rue de la Station, à Jumet, place Ferrer;
4. de Jumet, place Ferrer, à Roux, canal de Charleroi à Bruxelles;
5. de Roux, canal de Charleroi à Bruxelles, à Courcelles, rue des Sartis;
6. de Courcelles, rue des Sartis, au terminus, place Ferrer.
Les tarifs ne comportent qu'une seule classe.
Le prix par section ne pourra dépasser 5 centimes. Toute section entamée est due en entier.
Le minimum de taxe à percevoir par voyage est de 10 centimes.
Les enfants âgés de moins de 6 ans et tenus sur les genoux seront transportés gratuitement.
Les prix des transports ci-dessus pourront être doublés à partir de minuit.
La concession du prolongement prendra fin en même temps que celle de la ligne principale.
Annexé à notre demande de concession du 10 décembre 1912,
Signé: Un administrateur, Empain.
L'ingénieur en chef, Dutillieux.
Mémoire descriptif.
Le but de l'entreprise est de relier entre elles, par un moyen de transport commode et économique, les populeuses agglomérations de Courcelles, Roux, Jumet, Lodelinsart et Charleroi, et, grâce aux lignes de tramway déjà construites, de les relier aussi aux communes de Montigny-sur-Sambre, Marcinelle et Couillet.
Le prolongement des lignes de Charleroi à Couillet vers Courcelles commencera place du Centre, à Charleroi, emprunte la rue du Dauphin, la place du Manège, l'avenue Jacques Bertrand, la rue du Mambourg, la place de la Broucheterre et traverse par la rue Pige-au-Croly tout le quartier de la Broucheterre.
Passant ensuite sous le chemin de fer de Charleroi à Louvain, la prolongement traverse le commune de Lodelinsart. Il emprunte la rue du Chenois, traverse les terrains situés entre cette dernière rue et le route de Châtelet en passant à niveau le chemin de fer de Lodelisart à Jumet-la-Coupe et continue par la ruelle de l'Harmonie, la rue Remoncheval et la rue de la Marine.
Le prolongement traverse ensuite le territoire de Jumet, par les rues de l'Ermitage, du Bois Delville, Surlet, Ledoux, Gendebien, Frère Orban, du Commerce et Pierre-Joseph Wéry.
Se dirigeant par Gohyssart vers Roux, le tramway projeté emprunte les rues du Trieu, Emmanuel Jacquet, des Wayens, passe sur le canal de Charleroi à Bruxelles puis sous le chemin de fer de l'Etat et continue par les rues de la Lache et de Marchienne. Arrivé à proximité de la halte de Wilbeauroux, le tramway emprunte la dernière rue à droite (en impasse) précédant le chemin de fer, et franchit celui-ci en passage supérieur, par une déviation en siège spécial, qui vient se raccorder à la rue de Marchienne, sur le territoire de Courcelles, au coin de la rue des Sartis.
De là, le tracé reprend la rue de Marchienne, longe le Trieu Floris Lagneau puis emprunte les rues du Ballon et du Petit Courcelles pour aboutir au terminus, place Ferrer.
Le tramway projeté facilitera les relations existant déjà entre les communes traversées et en provoquera de nouvelles, car aujourd'hui plusieurs de ces communes sont totalement dépourvues de moyens de communication faciles, économiques, et fréquents soit entre elles, soit entre les importants hameaux dont elles se composent.
Courcelles et Roux, par exemple, n'ont à ce jour ni tramway ni chemin de fer vicinal. Entre Roux et Jumet, il n'existe aucun moyen de communication. La Broucheterre n'en ont pas davantage avec le centre de la Ville de Charleroi. Le tramway projeté fournira ces moyens de communication qui font défaut actuellement. Il reliera aussi à la station de Roux des agglomérations importantes qui en sont éloignées d'un et demi à deux kilomètres et n'y ont accès que par des chemins à profils en long très accidentés.
Comme partout ailleurs, l'établissement d'un tramway mettra en valeur de nombreuses propriétés et favorisera la construction de nouvelles habitations et par suite le développement de la matière imposable. Il contribuera ainsi à augmenter la richesse publique et privée.
L'utilité du tramway projeté est donc suffisamment démontrée. Elle ne fera qu'augmenter si, comme il en est question, les limites des cantons judiciaires sont modifiés et si les communes de Roux et de Courcelles sont rattachées à la justice de Paix de Jumet.
Le tramway sera un affluent pour le chemin de fer de l'Etat à la station de Roux et à la halte de Wibeauroux. Il ne pourra d'ailleurs créer aucune concurrence au chemin de fer de l'Etat entre Roux et Charleroi. On s'en convaincra facilement si l'on compare au développement du chemin de fer celui qui est donné au tramway, afin de le conduire de centre à centre à travers les communes desservies, et si l'on tient compte aussi de la vitesse réduite à laquelle les trams devront circuler à travers ces agglomérations populeuses, et par un profil très mouvementé. Il va de soi que les voyageurs ne parcoureraient le tramway de bout en bout que s'il n'y avait pas de train de chemin de fer à leur disposition.
En général, le tracé du tramway suit des directions à peu près perpendiculaires à celles des lignes vicinales qu'il rencontre. Il ne peut donc que leur apporter du trafic et non leur en enlever. Si, en deux endroits, le tracé du tramway semble à peu près parallèle à celui des lignes vicinales, il n'en est pas moins vrai qu'en ces endroits, le tramway est appelé à desservir une clientèle tout à fait distincte. Dans ces endroits, en effet, le tramway et les lignes vicinales sont séparés par des lignes de chemin de fer interceptant, sauf en de très rares passages, les communications entre les agglomérations traversées. En fait, par conséquent, les hameaux traversés à ces endroits par le tramway projeté sont si mal desservis par les lignes vicinales. Il n'y a donc pas de concurrence à prendre en considération.
Le prolongement a une longueur totale d'environ 12.800 mètres. Il sera établi en totalité sur la voirie communale.
Annexé à notre demande de concession du 10 décembre 1912,
Signé: Un administrateur, Empain.
L'ingénieur en chef, Dutillieux.
Exposé des revenus probables.
Les relations entre les diverses communes de Charleroi, Lodelinsart, Jumet, Roux et Courcelles sont actuellement eu importantes en comparaison de celles qui existent entre Charleroi, Gilly, Montigny-sur-Sambre, Marcinelle et Couillet, pourvues de moyens de transport commodes et économiques.
Grâce à ces avantages, la population de ces dernières se développe continuellement et les tramways qui les desservent sont assurés d'une clientèle qui croit chaque année. Il en sera de même pour la nouvelle ligne.
Toutefois, si l'on tient compte d'une part des difficultés que présente le tracé, et les dépenses importantes qui en résulteront tant pour la construction que pour l'exploitation de la ligne, et d'autre part, de la grande modération des tarifs, il est à prévoir que les recettes nettes après déduction des dépenses ne couvriront l'intérêt à 4% et l'amortissement en capital qu'après plusieurs années d'exploitation.
Annexé à notre demande de concession du 10 décembre 1912,
Signé: Un administrateur, Empain.
L'ingénieur en chef, Dutillieux.