Dans un précédent article, je vous avais déjà raconté deux versions de la suppression des impériales des voitures Morris, décidée en 1881. La première version, datant des années 1930, faisait état de 13 voitures transformées en 1881, suivies de la transformation de 9 voitures à une date indéterminée.
La seconde version, relatée dans les rapports de la Ville de Bruxelles des années 1883 à 1885, fait état de 24 voitures transformées.
Voici une 3ème version, trouvée dans un manuscrit d'Albert Jacquet remontant à 1928. Il nous écrit:
Petit à petit, les 26 voitures à impériale furent retirées du service et remplacées par des voitures du type "Nivelles". Les voitures 4, 12, 13, 17, 19 et 20 à 26 furent démolies. La 7 fut conservée. Cette voiture a figuré en 1885 dans le cortège des moyens de transport, à l'occasion des fêtes du cinquantenaire des chemins de fer. Elle a également été exposée à Tervueren lors de l'exposition internationale de Bruxelles de 1897, puis a été reléguée au fond d'un dépôt où elle s'est fortement délabrée.
En 1927, la direction générale des Tramways Bruxellois s'est décidée à remettre la voiture Morris n°7 complètement en état, et à la préserver de la sorte d'une ruine irrémédiable.
En 1881, la suppression des impériales des voitures Morris est définitivement décidée. Pour éviter la discontinuité dans la numérotation, les 13 voitures transformées (1 à 3, 5, 6, 8 à 11, 14 à 16 et 18) reçoivent les numéros 1 à 13.
Ces véhicules transformés fournissent un excellent service sur les lignes principales à 2 chevaux. Toutes ces voitures étaient encore en état en 1894 lors de l’installation des premières lignes équipées électriquement et plusieurs d'entre elles sont alors aménagées comme remorque.
Ces voitures sont retirées du service vers 1898 et ne disparaissent définitivement qu'en 1903. Elles sont alors démolies, à l'exception des voitures 3, 8 et 12 qui sont maintenues comme remorques du service électrique jusqu'en 1909.
Cette version explique la mention qui se trouve sous le dessin de droite, ci-dessous, qui indique "voitures 1 à 13, transformation par les Tramways Bruxellois en 1881". Cela signifierait également qu'il a du exister simultanément deux voitures n°7: une avec impériale, et une autre sans.
Le texte manuscrit d'Albert va plus loin. Il nous écrit également qu'il a existé une série de voitures 14 à 24, probablement réalisée à partir d'éléments des voitures Morris "démolies" qui n'ont donc pas été transformées en 1881, mais qui ont été déclassées et démontées.
Le rapport annuel des Tramways Bruxellois, pour l'année 1884, mentionne d'ailleurs que:
Nous réfectionnons nos anciennes voitures de tramway en leur faisant subir une transformation complète.
On se souvient à ce sujet que les voitures Starbuck avaient été livrées en caisses et assemblées au dépôt du Bois de la Cambre lors de leur arrivée en Belgique. Ces voitures, d'après un extrait de presse, se montaient facilement en quelques heures. On suppose donc que ces voitures sont également facilement démontable et remontable par la suite.
Pour revenir à ces voitures 14 à 24, Albert nous écrit que:
Ces voitures ont été construites en 1884-1885 dans les ateliers de la société, rue de Cureghem et rue du Vautour. La disposition générale et les dimensions principales se rapprochent très sensiblement des voitures Morris transformées et renumérotées 1 à 13.
La toiture et le lanterneau sont du type Nivelles. Les plaques de garde sont du modèle classique américain, avec suspension par barillets en caoutchouc remplacés plus tard par des ressorts en spirale.
Ces voitures furent mises en service sur la ligne Nord-Midi par les boulevards du haut de la Ville et sur les lignes du Quartier Léopold. Elles étaient remorquées par deux chevaux et leur capacité était la même que celle des voitures "Morris transformées".
La voiture n°24, qui portait primitivement le n°361, fut envoyée à Anvers pour participer au concours de traction organisé dans cette ville à l'occasion de l'exposition universelle de 1885.
Les voitures 14 à 24 étaient peintes en vert moyen avec filets jaunes, soubassement blanc portant le numéro de la voiture en brun ombré de vermillon.
La peinture de la voiture 361 (24) avait été particulièrement soignée. Les numéros et les filets avaient été tracés en or.
Cette série de véhicules n'eut qu'une courte durée de vie et dès avant 1894, les voitures 14 à 24 étaient destinées à disparaitre.
On notera que ces voitures ont une très courte durée de vie (moins de 10 ans), ce qui accrédite la thèse qu'elles aient été conçues au départ de matériaux de récupération. Maintenant, même si Albert Jacquet annonce que ces voitures étaient "destinées à disparaitre" (et non disparues, toute la nuance est là) dès 1894, il existe des photos et cartes postales qui nous montrent les voitures 18, 20 et 22, transformées pour la traction électrique.
On notera également que cette version renforce celle des rapports annuels de la Ville de Bruxelles, qui font état de 10 voitures transformées en 1883, 10 en 1884 et 4 en 1885. Le nombre de voiture est également le même (24 dans les deux cas). Par contre, on perd au passage l'une des 26 voitures Morris, vu que nous n'avons plus que les 24 voitures transformées + la chevaline 7.
On notera également que cette version renforce celle des rapports annuels de la Ville de Bruxelles, qui font état de 10 voitures transformées en 1883, 10 en 1884 et 4 en 1885. Le nombre de voiture est également le même (24 dans les deux cas). Par contre, on perd au passage l'une des 26 voitures Morris, vu que nous n'avons plus que les 24 voitures transformées + la chevaline 7.
Par contre, je n'ai rien trouvé au sujet d'une éventuelle voiture 24 ou 361 ayant participé au concours de traction de l'exposition d'Anvers. Le véhicule 361 est d'ailleurs un omnibus (et non un tram) dont je vous reparlerai prochainement.
L'omnibus 361 est le premier à l'avant-plan. |
Bon weekend,
Callisto
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