mardi 1 avril 2014

La remise en état de ma Seidel & Naumann ^^

Je suis occupée à "nettoyer" ma Seidel & Naumann, et contrairement à Eveline, cette machine a une plaque arrière qui, une fois retirée, permet avoir accès à tout le mécanisme du bras (alors que sur Eveline, je n'ai qu'un accès plus réduit, car la plaque est beaucoup plus petite).

Donc, ceci, c'est la photo avec la plaque...

la plaque arrière



... et voici maintenant ce que la cela donne, une fois la plaque enlevée:


le mécanisme supérieur




Pouvoir enlever cette plaque est bien pratique, vu qu'il s'agissait de re-huiler des engrenages qui ne l’ont plus été depuis longtemps. 
Il était d'ailleurs manifeste que la machine avait besoin d’huile, comme en témoignait le « bouchon graisseur » du bras d’aiguille. Ce « bouchon » (1cm d’épaisseur pour 2cm de large et 2cm de long) était totalement sec et il m’a fallu verser de nombreuses gouttes d’huile pour le « réhydrater » ^^


Le bouchon graisseur en question ^^


Notez que lorsqu'une machine n’est pas assez huilée, il y a un risque que les mécanismes s’abiment à cause du frottement des pièces les unes sur les autres. Il donc important de prendre soin de machine en la huilant régulièrement, car une machine huilée tourne toujours d’une manière plus harmonieuse et plus régulière qu’une machine qui ne l’est pas.


Cette considération m’amène à aborder le sujet suivant : de quelle quantité d’huile ma machine a-t-elle besoin ? Et quand ?

La réponse à la première question est la suivante: une seule goutte d'huile suffit. Cette goutte d'huile doit être versée dans les petits trous qui sont percés dans le corps en fonte de la machine, comme l'indique le manuel d'utilisation suivant, aux pages 13 (figure 15) et 14 (figure 16).



Les "trous à huile" de mon Eveline


Par savoir s’il y a assez d’huile, il suffit de prendre un mouchoir en papier et de l’approcher d’une partie de la machine qui doit normalement être huilée. Si le mouchoir montre des traces d’huile, alors c’est qu’il y a assez d’huile (ou qu’il y en a trop).

Si, par contre, le mouchoir ne se « mouille » pas, c’est que la machine à besoin d’une goutte d’huile (ce qui répond à la deuxième question!) ^^


Attention: il n'est pas bon non plus d'avoir trop d'huile (= lorsque celle-ci goutte). Le risque est alors que de la poussière vienne s’ajouter à l’huile et que, si la machine n’est pas utilisée pendant une période relativement longue, l’association « huile + poussière » vienne à sécher et à entraver le bon fonctionnement de la machine en la « gelant ».

On veillera donc à bien garder sa machine couverte lorsqu’elle n’est pas utilisée, de manière à éviter à ce que la poussière aille se glisser dans les mécanismes.


Encore un conseil: lors d'une remise en état, n’oubliez pas d’inspecter les engrenages proches de l’aiguille (comme les griffes et la barre du pied presseur) à la recherche de morceaux de fils. Les fils, avec l’huile et le temps, devient noirs et durs et ce n’est pas toujours facile de les trouver.
J’ai eu le cas ici avec la Seidel& Naumann: il m’a fallu plus d’une heure pour retirer un fil et un tas d’autres crasses (sans doute de la poussière durcie) qui s’étaient accumulés dans les griffes. Une fois nettoyé, le mécanisme qui règle la longueur des points s’est débloqué tout d’un coup. Magique !

vendredi 28 mars 2014

Seidel & Naumann, Dresde ^^

Comme  j'avais envie d'en savoir plus sur le fabricant de ma dernière "petite" machine à coudre, j'ai bien entendu fait des recherches, dont voici le résultat ^^



La société Seidel & Naumann a été fondée par Bruno Naumann (10/10/1844 – 22/01/1903), un entrepreneur allemand de Dresde (Saxe), qui a non seulement contribué au développement de la machine à coudre mais également à celui de la machine a écrire !
Voyons cela en détail ^^


A l’école, Bruno est brillant en mathématique, une fois ses études terminées, il poursuit son apprentissage de 1858 à 1862 avec Hugo Schukert, Directeur de l’Office de Dresde des Poids et Mesures, puis avec Moritz Linding, un maître horloger. Bruno partit en 1865 pour un voyage qui le conduit à Berlin, Francfort et Vienne, où il travaille à la construction de télégraphes.


Le 5 août 1868, il ouvre un atelier destiné à la réparation de moteurs et à la mécanique de précision, où il commence à produire des machines à coudre sous licence pour la société Wheeler & Wilson, avec 4 autres travailleurs. Ces machines eurent beaucoup de succès et Bruno fut vite débordé par les commandes ! Cependant, il n’est pas en mesure de financer lui-même l’expansion de ses activités et Bruno accepte donc la proposition de financement de 15.000 thalern que lui propose Emiel Seidel (1838-1916) en 1869. Le nom de la société, qui emploie alors 60 travailleurs, devient, à partir de 1870, « Seidel & Naumann ».



le logo de la marque Seidel & Naumann


La société Seidel & Naumann devient, en 1872, le premier fabricant allemand de machines à coudre à navette droite à copier le modèle Singer, qu’il améliore. Emiel Seidel, qui n’a pas envie de prendre trop de risques, se retire de l’affaire en 1876 avec 250.000 Reichsmarks. Le nom de la firme, qui emploie 290 travailleurs, reste inchangé malgré son départ.



En 1883, Bruno Naumann achète un chantier de construction de 55.000m² à Friedrichstradt, dans la périphérie de Dresde, sur la Hamburger Strasse. Il y fait construire une grande usine (1884) ainsi qu’une fonderie pour le fer. L’usine emploie un millier de travailleurs et produit près de 80.000 machines à coudre par an. Le cap du demi-million de machines produites est dépassé en 1889 et celui du million de machines produites l’est en 1898.


Une machine à coudre de la marque
Seidel & Naumann de 1905


Les travailleurs de l’usine bénéficient d’un certain nombre d’avantages : une assurance-santé, une assurance-pension, ainsi qu’une aide sociale destinée aux familles. L’usine compte des bâtiments destinés aux services sociaux, tels des réfectoires, des sanitaires et des salles de douche.


Bruno ne se satisfait pas de la seule production des machines à coudre. Comme beaucoup d’autres entrepreneurs, il cherche à diversifier sa production. Son usine produit donc également des vélos (« Germania » - 1892), des tachygraphes pour locomotives (1892), des automates musicaux (1897), des machines à écrire (1899) et des motos (1901).
Sa machine à écrire, l’ « Idéale », produite en masse à partir de l’année 1900 lui permettra d’obtenir une reconnaissance au niveau mondial. Cette machine avait pour principale caractéristique de pouvoir être équipée de claviers différents (selon le souhait de l’acquéreur).


Bruno décède le 22 janvier 1903 d’un accident cardiovasculaire cérébral. Cette année-là, l’usine atteint le cap de 10.000 machines à écrire vendues et emploie 2500 travailleurs. Son fils unique, Walther Naumann (2 mai 1874 – 22 février 1944) le remplace à la tête de l’entreprise.

Walther poursuit la diversification des produits commencée par son père et lance en 1910 la première machine à écrire portative (l’ « Erika », le nom de la fille unique de Walther) ainsi que des calculatrices (1912) et des machines comptables (1925). Les machines à écrire « Erika » étaient également commercialisées en France en en Angleterre sous les marques « Bijou » et « Gloria ».


L’usine participera à l’effort de guerre allemand lors de la première guerre mondiale, en produisant des armes et du matériel de guerre. L’usine emploie 4300 travailleurs en 1918. La production est principalement axée sur les machines à écrire (à tel point que les vélos ne seront plus produits dès 1938). Le cap du million de machines à écrire produites est franchi en 1940. Durant la seconde guerre mondiale, l’usine produit du matériel de guerre, avant d’être détruite lors des bombardements de Dresde des 14 février et 17 avril 1945. Le terrain de l’usine est exproprié par les autorités saxonnes en date du 30 octobre 1945. 


L’usine ré-ouvre en 1946 sous la forme d’entreprise publique (VEB - Volkseigener Betrieb). Les machines à écrire produites sont commercialisées sous le nom de marque « Erika », tandis que les machines à coudre le sont sous la marque « Naumann ».

Ma machine à écrire Erika, numéro de série 1707832 (1953)


L’usine continue à innover, notamment via le lancement de l’Erika Picht (une machine à écrire destinée aux aveugles – 1975) et de l’Erika S6009 (la première machine à écrire électronique – 1981).


L’usine ferme ses portes le 31 décembre 1991 et le terrain est vendu à un investisseur privé dans le courant de l’année 1992. Les bâtiments sont lourdement rénovés et abritent aujourd’hui une partie des services administratifs de la ville de Dresde.



Encore merci à ma Maman de m'avoir déniché cette petite merveille - elle m'a permis d'apprendre plein de nouvelles choses ^^ 

Bonne soirée,

Callisto

dimanche 23 mars 2014

Ma nouvelle acquisition ^^

Et voici ma "nouvelle" machine ^^ C'est ma maman qui me l'a offerte (et qui l'a sauvée des griffes du ferrailleur par la même occasion!)


Il s'agit d'une machine allemande à navette vibrante (comme mon Eveline donc) produite par la firme Seidel & Naumann aux environs de l'année 1905. 

La vue principale de la machine: il s'agit d'une machine à navette vibrante qui ne fait que le point avant. Le bobinoir est en bas à droite et il est semblable à celui de ma Wertheim Electra.


Machine à coudre à navette vibrante,
Seidel & Naumann, 1905


Le logo de la firme Seidel & Naumann:


Le logo de la marque
Seidel & Naumann


Et voici son numéro de série (qui m'a permis de dater la machine):

le numéro de série


Voici la plaque de face de la machine. Au vu de son look, j'ai du mal à croire que ce soit la plaque d'origine...

la plaque de face


La vue arrière de la machine:

Machine à coudre à navette vibrante,
Seidel & Naumann, 1905



On ne le voit pas bien sur la photo, mais les décalcomanies devaient être splendides. Voici quelques agrandissement des parties les mieux conservées:

sur le bras, côté "avant"


sur le bras, côté "arrière"


la plaque de visite "arrière"


Voici le mécanisme inférieur:





Cette machine a deux caractéristiques qui la différencient de mon Eveline (mon autre machine à navette vibrante).

De un, la Seidel & Naumann n'a pas de dispositif d'éjection de la navette:

sans la navette


avec la navette


(Pour info, sur Eveline, la même photo donne ceci - le petit bouton éjecteur est indiqué par une flèche rouge)





La seconde différence est le dispositif d'arrêt de mouvement. Il s'effectue ici en actionnant une petite pièce métallique qui se trouve sur le mécanisme du bras de la machine. Si la pièce est enclenchée, le bras tourne...


le mécanisme est enclenché


Tandis que si la pièce métallique est relevée (en position A), alors le volant est libre (B) et n'entraîne plus le bras avec lui.


le mécanisme est désenclenché


J'ai reçu la machine aujourd'hui et je n'ai pas encore eu le temps de la nettoyer et de la huiler, mais j'ai déjà essayé de coudre avec et le verdict est sans appel: elle fonctionne très bien ^^


les points du dessous...

... et les points du dessus


Je n'ai aucun doute quant au fait qu'elle ira encore mieux quand je l'aurai remise à neuf!


Bonne fin de soirée,

Callisto

samedi 22 mars 2014

La navette "bateau" ^^

Voici le second et dernier épisode de notre mini série consacrées à l'enfilage des navettes. Voyons maintenant comment enfiler une navette de type bateau ^^ Ce type de navette est utilisé sur des machines à navette droite.


Voyons d'abord comment cette navette se présente. A la grosse différence de la navette obus qui a une forme parfaitement cylindrique, cette navette se rapproche plus de la forme de la coque d'un bateau (d'où son nom) et a un côté totalement ouvert. Il convient également de remarquer que les navettes bateau que j'utilise sur ma Wertheim ont une fente sur le côté. Toutes les navettes de type bateau n'ont pas forcément cette fente (voir photo ci-dessous), mais ont parfois 4 petits trous à la place.


Une navette "bateau" et sa fusette


Outre cette fente, cette navette a également un emplacement prévu pour y placer l'une des deux extrémités de la fusette.




Alors, comment place t'on la fusette?
Etape 1: Tout d'abord on insère la fusette dans la navette en utilisant le petit trou que je vous ai montré sur la photo ci-dessus, de manière à ce que le fil soit du côté où se trouve la fente dont je vous ai parlé deux photos plus haut.


Etape 1



Etape 2: on fait passer le fil dans la fente qui se trouve à l'extrémité de la navette et on fait passer le fil tout autour de la barre en métal qui se trouve au centre. Le fil doit descendre sur le côté gauche de la barre (quand on regarde la photo) et remonter du côté droit (toujours quand on regarde la photo). On refait passer le fil dans la fente pour l'en sortir, tout en maintenant bien le fil tout autour de la barre en métal.


Etape 2


Etape 3 (intermédiaire): Cette photo montre le résultat auquel vous devriez normalement être arrivés: le fil passe sous la fente et repasse dans le fusette en passant au dessus de la fente.


Etape 3


Etape 4a: ca se complique! Le fil va repasser au dessus de la navette et venir s'insérer dans la fente au niveau du point A. On glisse le fil jusqu'à ce qu'il arrive au point B.


Etape 4a


Etape 4b: Faire passer le fil sous le ressort en l’insérant dans l'interstice ad hoc (voir photo ci-dessous).


Etape 4b


Etape 5: on fait attention à ce que le fil soit bien engagé dans les points A et B (voir deux photos plus haut), on tire un peu dessus (sans forcer) et on ajuste le tout pour obtenir le résultat suivant:

Etape 5



J'espère que ces deux articles vous auront aidés à enfiler vos navettes correctement ^^ En tout cas, pour avoir mieux regarder mes navettes bateau de près, je commence à mieux comprendre pourquoi il fallait 97 opérations pour en réaliser une!


Bon weekend,


Callisto

mercredi 19 mars 2014

La navette "obus" ^^

Je vous ai déjà souvent parlé des navettes, et je vous propose dans ce cadre une mini-série consacrée à la manière dont la fusette et le fil doivent y être insérés. Comme il existe de très nombreux types de navettes, cette mini série sera tout à fait incomplète, vu que je n'en ai que deux sortes: les navettes "bateau" (pour machine à coudre à navette droite) qui vont sur ma Wertheim Electra, et les navettes "obus" (pour machine à coudre à navette vibrante) qui vont sur mon Eveline.

A tout seigneur, tout honneur, commençons donc par les navettes de mon Eveline ^^

Voici tout d'abord à quoi ressemble la navette "obus" et sa fusette.

Une navette "obus" et sa fusette



Etape 1: insérer la fusette dans la navette. La fusette doit être insérée dans un certain sens: le bout de la fusette avec le ou les trous (donc dans lequel on a fait passer le fil pour le bloquer lorsqu'on a rempli la fusette sur le dévidoir) doit se trouver à l'extrémité de la fusette. Autrement dit, c'est le côté de la fusette "sans trous" qui se trouve près de la tête pointue de la navette.

Etape 1


Etape 2: enfoncer totalement la fusette en laissant l'extrémité du fil dépasser et faire passer ce fil dans la fente prévue à cet effet (voir photo ci-dessous)

Etape 2


Etape 3: faire remonter le fil tout le long de la fente en suivant celle-ci. Bifurquer là ou c'est nécessaire et continuer de remonter le fil.


Etape 3


Etape 4: faire passer le fil sous le ressort et l'amener dans l'ouverture ad hoc 

Etape 4


Et vous voilà avec une magnifique navette "obus" pour machine à coudre à navette vibrante prête à être utilisée!

A bientôt pour d'autres astuces,

Callisto

dimanche 16 mars 2014

La plaque couvre-griffe ^^

Lors de ma commande de pieds-de-biche pour machine à coudre ancienne, Tikéma, mon expéditrice, a ajouté quelques "extras" à ma commande.

L'un de ceux-ci est une plaque couvre-griffe.
Voici à quoi elle ressemble. 


La plaque anti-griffe de Tikéma


J'étais un peu perdue  car au vu de la forme je ne voyais pas trop comment l'utiliser sur mon Eveline.
Après une longue réflexion, j'ai compris que Tikéma ayant une Singer 15K à navette oscillante (ronde), elle m'avait envoyé une plaque qui s'adaptait à sa machine, mais pas sur la mienne, qui est une machine à navette vibrante.


Lors de la relecture du manuel d'utilisation commun aux machines Singer 15K, 66K, 201K, 99K, 185K, 327K, 328K, 329K et 404k, j'ai appris que cette plaque s'utilise pour repriser ou pour broder, avec un pied spécial et un cercle à broder.


Le pied à repriser



Voici comment mettre la plaque en place:

La mise en place d'une plaque anti-griffe
sur une machine à navette rotative


1. On ouvre légèrement la place sous laquelle se trouve la canette.
2. On vient encocher les deux "pattes" de la plaque sur le rebord du segment AB représenté sur l'image. On peut constater que la partie arrondie de la plaque va venir recouvrir toute l'espace encerclé en rouge sur l'image.



J'ai bien sur chercher un équivalent pour mon Eveline, Mais je n'en ai pas trouvé. J'ai cru que la pièce n'avait jamais existé, mais Thierry m'a expliqué (preuve à l'appui!) que cette pièce était reprise à la page 19/28 du catalogue des pièces détachées des Singer 127-12 et 127-14 (c'est le modèle qui a servi de base à Eveline).

La pièce ressemblait à ceci:


Le dessin de la plaque couvre griffe
tel qu'on retrouve dans le catalogue


Et elle serait venue se placer comme ceci (si j'ai bien tout compris!) ^^




La mise en place théorique de la plaque
couvre-griffe.



A défaut de plaque, il y a quand même moyen de neutraliser les griffes:  on colle avec du scotch une carte de visite sur la plaque d'aiguille et on perce un trou à la bonne place sous l'aiguille.
Le travail du tissu se fait tendu sur un cercle à broder utilisé en sens inverse de la broderie traditionnelle à la main.
À ce moment , l'aiguille est utilisée sans pied presseur: il faut faire attention à ne pas y mettre les doigts, à remonter le fil de canette en début de couture et à le tenir avec le fil de dessus. 


Je remercie Odile  pour cette excellente astuce (ainsi que pour tous ses autres conseils!)

A bientôt,

Callisto

jeudi 13 mars 2014

Edward Clark ^^



Voici le second et dernier volet de notre mini-série consacrée aux fondateurs de la société Singer. Après vous avoir parlé d'Isaac Singer, voyons ensemble qui était Edward Clark (19/12/1811-14/10/1882). 

Edward Clark en 1850


Edward Clark est un avocat new-yorkais qui travaillait en association avec son beau-père au sein du cabinet Jordan & Clark.  C'est dans ce cadre qu'il rencontra Isaac Singer, du fait qu'Edward assura la défense de ce dernier lors du procès en contrefaçon de brevet qui oppose Singer à Elias Howe, de 1849 à 1854. Ils s’associent en 1851 pour fonder la société IM Singer & Co. Outre le fait qu’il sera un excellent conseil pour Singer, il va également se révéler être un homme d’affaire d’exception.



En effet, Clark va prendre à sa charge le développement économique de l’entreprise, en choisissant avec soin les salles dans lesquelles les machines seront exposées et vendues, en formant les délégués commerciaux à la réparation des machines et en accordant aux revendeurs toute liberté en matière de publicité et de remises. Il va également convaincre Isaac Singer de déplacer le siège social de l’entreprise de Boston à New-York. 




Il a également la bonne idée d’offrir d’importantes remises sur les machines destinées aux congrégations religieuses et aux épouses de pasteurs. C’est également lui qui met au point en 1856 le premier plan marketing basé sur la vente à tempérament (5 $ d’acompte et ensuite un versement mensuel de 3 $) pour les machines de 100 $. Ce système ingénieux permet non seulement aux femmes les plus pauvres de pouvoir acheter une machine malgré leurs maigres revenus (elles rentrent chez elles avec la machine dès qu’elles ont payé les 5$ d’acompte), mais également d’augmenter leur productivité (grâce à la machine) donc d’augmenter leurs revenus et leurs conditions de vie. Brillant non ?




Il développe également les activités commerciales à l’étranger, en ouvrant des bureaux de vente à Paris et Rio de Janeiro, mais aussi des usines (à Clydebank en Ecosse, mais aussi en Russie, en Allemagne et au Canada).




Clark s’assure que les bénéfices soient réinvestis dans un fonds de trésorerie, afin d’éviter les  emprunts auprès des banques, d’une part, et de permettre l’éventuel rachat de concurrents, d’autre part. Sa stratégie est payante : en 1863, la société Singer Manufacturing Co détient 22 brevets, 74 usines rien qu’aux Etats-Unis et est introduite en bourse pour une valeur totale de 550.000 $, pour une production annuelle d’environ 20 000 machines à coudre. Le capital de la société sera ensuite porté à 1.000.000 $ puis à 10.000.000 $.




C’est lui encore qui signe la « sortie de scène » d’Isaac Singer en 1863, lorsque sa réputation de polygame commencera à ternir l’image de la société, en négociant l’accord suivant :

a)   Isaac Singer cédait à la société la moitié de ses brevets,

b)   Il recevait en échange 40 % des actions de la société,

c) Et, finalement, Isaac Singer renonçait à tout lien avec l'opération industrielle.




Edward Clark finit sa vie en tant que président de la société Singer (de 1875 à 1882). 



Cet homme d’affaire hors du commun est sans nul doute à la base du succès de la société Singer. Je m’étais posé la question de savoir ce qui fait qu’une société fleurisse ou périclite. Voici certainement un élément de réponse !