samedi 26 juin 2021

Des transformations apportées à la chevaline 31 dite "Saint Michel" de la Compagnie Brésilienne ^^

Nous avons abordé, dans notre précédent article, la fusion, opérée le 9 mars 1880, entre la Compagnie Brésilienne de Tramways et les Tramways Bruxellois, n'est pas un sujet fort documenté.

Continuons à lire la note d'Albert Jacquet, qui nous parle maintenant de la voiture ouverte n°31, dite "Saint Michel":



En 1873, la compagnie Brésilienne mit en service, sur la ligne des boulevards du haut de la Ville, une voiture ouverte pour la période d'été.

Ce véhicule, unique en son genre, portait le n°31 et sortait des ateliers Charles Evrard, qui construisait à l'époque des voitures semblables pour les tramways de la Haye. Le n°31 reproduisait les dispositions générales des voitures fermées à deux classes et à banquettes longitudinales en service sur le réseau, mais la séparation médiane était constituée par une simple cloison à hauteur d'accoudoir.

La toiture était supportée par les 4 poteaux d'angle et par deux montants intermédiaires de chaque côté. Il n'existait aucune espèce de cloisonnement vitré protecteur. De simples rideaux de coutil mettaient le public à l'abri du soleil et de la pluie.


Les places assises étaient au nombre de 16, comme dans les voitures fermées. Des coussins mobiles en velours rouge marquaient la 1ère classe.

A l'origine, les plates-formes présentaient une disposition spéciale, avec rampes d'appui latérales, marche-pieds obliques et garde-corps étroits. Ces plates-formes furent modifiées par la suite, conformément à celles des autres voitures.
vue d'une rampe d'appui latérale et d'un marche-pied oblique

La voiture n°31 pouvait transporter 30 personnes en pleine charge, y compris le cocher et le receveur.

Primitivement peinte en jaune, avec soubassement blanc, elle portait au centre de son panneau principal un écusson aux armes de la Ville de Bruxelles, ce qui lui valut le surnom de "voiture Saint-Michel". La 31 fut repeinte en rouge carmin foncé, comme tous les autres véhicules de la compagnie Brésilienne. L'écusson fut maintenu.


Ce type de voiture ne fut pas reproduit et les sociétés exploitantes donnèrent la préférence, pour le matériel d'été, aux voitures ouvertes à banquettes transversales, de capacité plus grande et mieux en rapport avec les goûts du public.

Ce véhicule a été remis en état en 1930 et a figuré dans le Grand Cortège lumineux.

Ce dessin Jacquet des années 20 nous montre le véhicule transformé: les plate-formes, marche-pieds, plaque de garde
des supports d'essieux et l'éclairage sont différents de ce que l'on voit sur la photo précédente.


Ce texte n’est pas tout à fait complet, vu qu’il omet de préciser que cette voiture a été rachetée en juillet 1875 au réseau de La Haye, où elle portait le numéro 11. Fabriquée dans les ateliers de la « Compagnie Belge pour la Construction de Machines et de Matériel de Chemins de fer », dirigée par Charles Evrard en 1874, elle dessert la ligne de Scheveningen, en compagnie de 7 véhicules identiques (numérotés de 4 à 10), avant de rejoindre Bruxelles pour des essais.


Ce texte oublie également de mentionner que la mention "Bruxelles" sur le soubassement de la caisse, va disparaitre quelques années, vu que ce véhicule va rouler, après la fusion, pour les Tramways Bruxellois sous le n°241 et aux couleurs de sa nouvelle compagnie. L'IRPA dispose d'une photo de ce véhicule circulant, avec son n°241, sur le boulevard du Régent. La voiture Saint Michel +/- au centre de la photo quand on zoome (fort).

La mention "Bruxelles" est ensuite à nouveau apposée sur le véhicule (à une date inconnue). Le photo-montage ci-dessous nous montre, au centre, la mention "Bruxelles" d'origine (sans doute dans son état d'origine vu la présence de la rampe d'appui latérale et du marche-pied oblique), entourée de deux autres photos de cette mention. La photo du haut date des années 30 et celle du bas des années 50.

On notera également que les boites à huiles et les plaques de garde ont été modifiées, vu qu'elle sont de type "Starbuck" sur les photos du haut (années 30) et du bas (années 50).

Au centre, la mention "Bruxelles" d'origine. La photo du haut date des années 30 et celle du bas des années 50.


Notons encore qu'il semblerait que la police de caractère apparaissant sur la voiture Saint Michel de la compagnie Brésilienne (photo du dessus) soit identique à celle actuellement affichée sur la chevaline 7 de la compagnie des Voies Ferrées Belges. Cela donne l'impression que cette mention a été décalquée de la voiture Saint-Michel afin d'être apposée sur la chevaline 7, vraisemblablement avant 1897 (vu que sur la photo de la 7 prise lors de l'exposition de 1897, c'est déjà cette graphie que l'on aperçoit).


En haut: la voiture Saint Michel. En bas: la chevaline 7 des Voies Ferrées Belges
 

Retraçons maintenant l'historique de ce véhicule et de ses transformations:

- Nous disposons d'une photo de ce véhicule, probablement dans son état d'origine, avec les rampes d'accès et le marche pied oblique, et affichant une mention "Bruxelles". A une date inconnue, les plateformes, marchepieds, plaques de support des boites d'essieux et l'éclairage sont modifiés.

- Il existe une autre photo de cette voiture  prise au bas de la rampe du boulevard du Jardin Botanique, sur laquelle la mention "Bruxelles" n'apparait pas (voir ci-dessous). Elle n'y apparait plus plus dans son premier état : la livrée jaune/blanc a été remplacée par du rouge carmin foncé. Cette modification est peut-être intervenue en 1875, comme pour les autres voitures brésiliennes qui n'étaient pas encore rouges à ce moment-là. L'écusson subsiste, selon la note manuscrite d’Albert Jacquet. Cependant, on ne distingue plus de mention "Bruxelles" ou  de mention "Tramway" sur la plate-forme. Celles-ci, ainsi que les supports d'essieux, ont été modifiées, de même que la banderole sur toit (au lieu de l’écriteau "Promenade circulaire"). Cependant, il est difficile de garantir que c'est la voiture 31, même si la position du "1" le laisse supposer.



- Après la reprise par les Tramways Bruxellois, en 1880, la chevaline 31 est renumérotée et devient la 241. Elle est repeinte en vert foncé, avec soubassement blanc, et perd son écusson central (celui avec Saint Michel), pour autant qu’il ait subsisté jusque-là.

- Vers 1904, la voiture 241 est retirée du service vu qu'elle ne subit pas de transformation visant à la convertir en remorque pour la traction électrique.

- En 1930 au plus tard, elle est remise dans sa livrée d'origine (mais pas dans son "état" d'origine !) en vue de sa participation au "Grand Cortège Lumineux". Mais sur quoi s'est-on basé pour la graphie "Bruxelles"?  Probablement, sur la photo d'usine (avec d'inévitables approximations).

- Elle circule (hors rails, apparemment) sur le plateau du Heysel les 26 mai et 6 juillet 1935, avec le cortège commémorant le centenaire des Moyens de Locomotion, organisé dans le cadre de l'Exposition Universelle.

- La chevaline 31 est également de sortie lors des festivités annuelles de la chaussée d'Anvers, dans les années '50. On la voit en action dans une séquence du film en noir et blanc "Le Mariage de Mademoiselle Beulemans"  datant de 1950.

- Elle est notamment exposée avenue de la Toison d'Or en 1951, dans le métro d’Anvers en 1973, ainsi qu’à Lille en 1974.

- Au début des années 60, cette voiture est confiée à l'AMUTRA avant d'intégrer les collections du Musée du Transport Urbain Bruxellois.



Bon weekend et à bientôt pour d'autres aventures,

Callisto



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.