La chevaline 7 fêtera ses 150 ans en 2019. L'occasion pour nous de retracer l'historique de l'un des plus anciens tramways hippomobiles préservés dans le monde, avec la n°25 des tramways de Baltimore (USA - 1858), la n°1 de Berlin (1865) et la n°3 du Ryde Pier Tramway (1867).
L'histoire de la chevaline 7 est intimement liée à celle de la Compagnie des "Voies Ferrées Belges", qui exploite la première
ligne de tramways sur rails à Bruxelles, allant du Bois de la Cambre à la porte
de Schaerbeek, par l'avenue Louise, la porte de Namur, la place des Palais et la
rue Royale. Probablement commandée dès 1868 au
constructeur George Starbuck de Birkenhead (Angleterre), la chevaline 7 dessert la ligne
précitée, inaugurée le 24 ou le 25 avril 1869, à l'aide de 25 autres voitures
hippomobiles issues du même atelier. Elles sont numérotées de 1 à 26.
Une voiture de la compagnie Morris (autre nom des "Voies Ferrées Belges"), immortalisée près du dépôt du Bois de la Cambre dans le courant de l'année 1874 |
La chevaline 7 est hébergée dans le dépôt des tramways du Bois de la Cambre et est probablement dotée, dès 1870, d'une boite à télégrammes.
Après avoir été rachetée par l'homme d'affaire Simon Philippart pour 2.200.000 francs belges (de l'époque), la Compagnie des Voies Ferrées Belges, également appelée Compagnie Morris (du nom de son fondateur), fusionne avec la Compagnie Vaucamps, afin de donner naissance à la société anonyme des Tramways Bruxellois. L'acte de constitution de la société nouvellement créée est signé le 23 décembre 1874 devant le notaire Van Halteren, à Bruxelles. L'exploitation de la ligne par Simon Philippart et les Tramways Bruxellois commence dès le lendemain de la signature de l'acte, autrement dit, dès le jeudi 24 décembre 1874.
Lors du procès pour escroquerie fait à Simon Philippart, Alfred Demolder, directeur aux Tramways Bruxellois, affirme qu'en 1875: "le matériel d'exploitation des Tramways Morris était dans un état de délabrement complet."
Lors du procès pour escroquerie fait à Simon Philippart, Alfred Demolder, directeur aux Tramways Bruxellois, affirme qu'en 1875: "le matériel d'exploitation des Tramways Morris était dans un état de délabrement complet."
Entre 1876 et 1885, la chevaline 7, considérée comme étant "hors service", échappe aux diverses transformations apportées aux voitures 1 à 26: nouvelle livrée verte, remplacement des fenêtres mauresques par des grandes fenêtres, suppression de l'impériale et agrandissement des plateformes.
Les 16 et 23 août 1885, elle participe au cortège historique des moyens de transport organisé dans le cadre du cinquantième anniversaire de la création des chemins de fer. C’est sa participation à ce cortège qui lui aurait valu d’être conservée par les Tramways Bruxellois, à titre de relique.
On devine la chevaline 7, tout à l'arrière plan, sous la flèche rouge, sur cette gravure issue de l'hebdomadaire "Le Monde Illustré" paru en date du 29 août 1885 - (c) www.gallica.fr |
On retrouve notre chevaline 7 sur cette gravure issue de l’hebdomadaire "Le Patriote Illustré" du 6 janvier 1889, qui mentionne l'inauguration de la première ligne de tramway en 1869 qui "employait des voitures jaunes, pareilles à celle représentée dans le dessin".
La chevaline 7 participe à l’Exposition Internationale de Bruxelles en 1897, sur le site de Tervueren, où elle est exposée dans la galerie des Transports.
On peut lire, dans le petit livre "Histoire des Omnibus et Tramways à Bruxelles", paru en 1899, qu' "il existe encore au dépôt de la rue Rossini, une des vingt-six voitures jaunes à impériale de la Compagnie Morris. Les autres ont été débarrassées de leurs impériales et il en est encore plusieurs qui servent en service actif."
La chevaline 7 est immortalisée le 20 mars 1920, sous forme de dessin accompagné d'une description, par les soins d'Albert Jacquet. Il nous explique également, dans une note manuscrite, que:
Petit à petit, les 26 voitures à impériale furent retirées du service et remplacées par des voitures du type "Nivelles". Les voitures 4, 12, 13, 17, 19 et 20 à 26 furent démolies. La 7 fut conservée. Cette voiture a figuré en 1885 dans le Cortège des Moyens de Transport, à l'occasion des fêtes du cinquantenaire des Chemins de fer. Elle a également été exposée à Tervueren lors de l'exposition internationale de Bruxelles de 1897, puis a été reléguée au fond d'un dépôt où elle s'est fortement délabrée. En 1927, la direction générale des Tramways Bruxellois s'est décidée à remettre la voiture Morris n°7 complètement en état, et à la préserver de la sorte d'une ruine irrémédiable.
L'ampleur de ces travaux de rénovation reste inconnue. Ce qui est certain, c'est que les portes ainsi que certaines boiseries ont été remplacées, de même que les vitres, les courroies en cuir, les roues, 3 boites d'essieux sur 4 et les coussins de velours rouge (fixes à l'époque et remplacés par des coussins mobiles). La peinture a également été entièrement refaite.
Ainsi rénovée, la chevaline 7 participe en 1930 au "Grand Cortège Lumineux" organisés les 24 et 30 août, ainsi que les 27 et 29 septembre.
Extrait du programme du Grand Cortège Lumineux de 1930, où la chevaline 7 faisait partie du 1er tableau du 5ème groupe. |
En 1931, la chevaline 7 est mise à disposition du Musée de la Voiture. La correspondance échangée entre les Tramways Bruxellois et les Musées Royaux d'Art et d'Histoire mentionne explicitement que la chevaline 7, remisée au dépôt de la rue Rossini, a été remise à neuf et qu'elle est "en parfait état". Bien qu’arrivée aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire en 1931, la chevaline 7 n’y est exposée qu’à partir de l’année 1932, dans l’une des salles du rez-de-chaussée consacrées à l’exposition des "Moyens de Transport".
Le "Patriote Illustré" publie, dans son édition du 21 novembre 1954, une photo de la chevaline exposée au Musée de la Voiture.
La chevaline 7 quitte les Musées Royaux d’Art et d’Histoire fin décembre 1957 afin de rejoindre l’Expo 58. L’enlèvement est réalisé par la STIB (et à ses frais). Elle arrive à l’Expo le 28 février 1958.
La chevaline 7 y est exposée en compagnie de la motrice SNCV type N 10485, actuellement exposée au Musée de Woluwe, ainsi que de la PCC STIB 7155.
Après son séjour au Heysel, la 7 retourne au Cinquantenaire. Un courrier daté du 29 octobre 1958, adressé par la STIB aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire, annonce que la chevaline 7 a retrouvé sa place au Musée de la Voiture.
La chevaline 7 quitte le Cinquantenaire du 7 avril au 26 juin 1972 pour participer à l’exposition organisée par le « Design Center » dans la galerie Ravenstein entre le 6 mai et le 21 juin 1972. Elle y est présentée à côté d’une maquette d’une future voiture de métro.
La chevaline 7 participe, du 18 juin au 31 octobre 1977, à l’exposition sur les transports publics et les industries belges, organisée à Woluwe. La demande de prêt adressée aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire date du 24 mai 1977. L’enlèvement est prévu pour le début du mois de juin. Le séjour à Woluwe est prévu de juin à octobre 1977. La 7 est assurée pour une valeur d'un million de francs belges (soit +/- 25.000 euros).
Cette fois, la chevaline 7 ne retourne pas aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire mais reste à Woluwe après l'exposition de 1977. Elle participe ainsi aux expositions temporaires organisées par la STIB les années suivantes. Lors de la création du Musée du Transport Urbain Bruxellois en 1982, elle est tout naturellement intégrée dans les collections gérées par cette association.
Le 21 juillet 1985, la chevaline 7 figure en tête du cortège organisé à l'occasion des 150 ans des chemins de fer et l’année des transports en commun.
Ce véhicule hors du commun est exposé depuis lors au Musée du Tram de Woluwe, hormis pendant les travaux de rénovation du Musée, réalisés de novembre 2007 à novembre 2009, où la chevaline 7 est préservée avec d’autres matériels dans la caserne de Belgrade près de Namur.
Le 15 novembre 2017, l’Institut royal du Patrimoine artistique immortalise la chevaline 7 dans son écrin du dépôt de Woluwe. Les clichés réalisés lors de cette séance photo sont téléchargeables en ligne en haute résolution sur le site de l'IRPA.
La chevaline 7 au Musée du Tram de Woluwe, en 2017 |
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